Oméga II

Chapitre 9

L'épreuve arrivera pour toute âme

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Il était une heure du matin et Ellen White écrivait, prenant une planche pour appui et faisant courir sa plume aussi rapidement qu'elle le pouvait. Généralement, elle se levait avant le jour pour accomplir sa tâche, mais ce matin-là, juste une heure après minuit, elle sentit qu'il y avait une urgence, comme ce fut rarement le cas. Le peuple de Dieu s'avançait vers un terrible affrontement avec l'erreur, une collision dans laquelle plusieurs perdraient la bonne voie et elle se sentait contrainte de leur donner un clair et dernier avertissement du danger avant qu'il n'arrive.

Cela avait commencé de bonne heure dans la nuit par un rêve très précis qu'elle interpréta comme étant un message divin. Voici ce qu'elle dit elle-même à ce sujet : « Peu de temps avant l'envoi des témoignages concernant les efforts de l'ennemi pour miner les fondements de notre foi en répandant des théories séduisantes, j'avais lu un incident au sujet d'un navire qui avait rencontré un iceberg dans le brouillard. Je ne pus presque pas dormir pendant plusieurs nuits. Je ployais comme un char sous le poids des gerbes. Une nuit, une scène me fut présentée avec clarté. Un navire naviguait par un épais brouillard. Soudain la vigie cria : « Un iceberg tout proche ! » Il y avait là un iceberg géant, se dressant bien plus haut que le navire. Une voix cria avec autorité : « Abordez-le ! » Il n'y eut pas d'hésitation. Il fallait agir instantanément. Le mécanicien mit toute la vapeur et le pilote dirigea le navire contre l'iceberg. La glace fut heurtée avec fracas. Un choc terrible et l'iceberg se brisa en plusieurs morceaux qui tombèrent avec un bruit de tonnerre sur le pont. Les passagers furent violemment secoués par la collision, mais il n'y eut pas de vies perdues. Le navire fut endommagé, mais il pouvait être réparé. Il fut repoussé en arrière, trembla, de la proue à la poupe, comme une créature vivante, puis poursuivit son chemin.

« J'ai bien compris ce que cela signifiait. J'avais reçu mes ordres. J'avais entendu une voix comme celle de notre Capitaine : « Aborde-le ! » Je connaissais dès lors mon devoir... Pendant les quelques jours qui suivirent, j'ai travaillé tôt et tard, préparant pour notre Église les instructions données au sujet des erreurs qui s'introduisaient parmi nous. »

Pendant un certain temps, Ellen White avait été perplexe, se demandant comment agir concernant les idées nouvelles et fausses que Kellogg avaient présentées à l'Église. Pour elle, le plus grand trésor sur terre était l'Église de Dieu. Souvent celle-ci commit des erreurs et Ellen White envoya des messages à ses dirigeants, plaidant pour une réforme. Cependant, jamais sa fidélité ne fléchit. Et maintenant, il semblait qu'une réaction concernant ce défi important pouvait provoquer une division parmi les membres de l'Église, dont le résultat serait une terrible perte de talents, de moyens et d'âmes. C'était pour elle une décision terriblement difficile à prendre.

Pendant plusieurs mois, elle avait écouté, espérant, disait-elle, que quelque chose pourrait toucher une corde sensible dans le cœur de Kellogg et le sauver encore pour la cause. Mais il y eut un signe, donné par Dieu, par lequel elle sut quand la confrontation ne pouvait plus être reculée. Ce fut « quand les dirigeants de Battle Creek firent une attaque directe sur les Témoignages » – quand l'Esprit de Prophétie fut attaqué en règle.

Une fois, à une autre occasion, le Seigneur avait été confronté à cette question avec son peuple choisi. Pendant quinze siècles, il avait soigné Israël avec tendresse, lui donnant une chance après l'autre d'accomplir le rêve glorieux qu'il avait pour eux : un peuple saint, sain et heureux, placé par lui au carrefour des civilisations pour être un témoignage pour le monde. Cependant, un jour sur le Mont des Oliviers, il dit clairement que cette opportunité était perdue. « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu ! »

« Voici : votre maison vous sera laissée déserte. » (Matthieu 23:37-38)

Israël avait trouvé plusieurs voies pour s'éloigner de l'idéal de Dieu. Mais remarquez comme dans ce triste jour sur le Mont des Oliviers, Jésus cita seulement un péché : le rejet de ses prophètes ! Un jour à Battle Creek, la même ligne mystérieuse fut dépassée. On fit une attaque directe à l'Esprit de Prophétie – qui est, après tout, une des caractéristiques distinctives de l'Église du reste. Quand cela arriva, le ciel envoya un message à Ellen White, sous le symbole d'un navire égaré qui était en train de heurter un iceberg. « Frères, » écrivit-elle, « maintenant nous affrontons le problème. Abordez-le avec toute l'énergie et la puissance du Seigneur. » Le problème fut affronté; l'Église sortit pour affronter l'ennemi en ordre de bataille, et dans les paroles d'Ellen White, évoquant les images de Gédéon, les cruches furent brisées, et la lumière brilla de manière resplendissante. »

Aussi l'Église supporta une secousse terrible au temps de l'apostasie de Kellogg. Comme un navire mis en péril par la glace, il ne lui resta plus qu'une option : une collision directe. L'impact fut étourdissant. Les gens furent violemment secoués. Le navire même fut endommagé, « mais il pouvait être réparé. » L'Église survécut.

L'idée d'une grande crise dans laquelle beaucoup de membres seront perdus pour la cause, est une prédiction que les Adventistes ont annoncée pendant plusieurs dizaines d'années. Il y aura quelque part, pendant un certain temps, un grand bouleversement qui secouera encore l'Église. Et comme les ombres du monde s'allongent, annonçant l'approche évidente de l'Avent, il est vital que nous considérions l'argument avec attention. Le criblage [ou secousse] est là quelque part; dans le criblage des gens seront perdus. Comment pourrons-nous reconnaître son début ? Et lorsqu'il arrivera, que devrons nous faire ? Un des aspects les plus facilement reconnaissables de la crise sera sa cause. Cette crise sera apportée par des fausses doctrines, et ceux qui auront pris le plus de risques, ce seront ceux qui auront négligé l'étude. « Quand le criblage arrivera par l'introduction de fausses théories... ceux qui lisent la Parole de Dieu superficiellement seront comme du sable mouvant. »

Les erreurs imbriquées dans cet événement feront leur proie aussi des plus brillants et des meilleurs. En effet, quelques-unes parmi les lumières les plus brillantes de l'Adventisme sortiront pendant la détresse de cette épreuve. « Le temps n'est pas très loin où l'épreuve arrivera pour toute âme... Plusieurs étoiles que nous avions admirées pour leur luminosité partiront dans l'obscurité. L'ivraie sera emportée par le vent comme un nuage, même dans des endroits où nous voyons seulement des champs de blé riche. » Ellen White avertit de l'arrivée d'un temps de « perplexité et de confusion. Satan, revêtu de vêtements d'ange, trompera, si possible, aussi les élus... souffleront les vents de beaucoup de doctrines. » Dans ce temps, ni génie ni talent ne seront invulnérables aux subtilités de l'erreur, et elle met cela en évidence dans une déclaration remplie de teintes tragiques : « Dans le dernier travail solennel peu de grands personnages seront engagés. » Tout cela nous laisse dans l'embarras. De toutes les générations dans l'histoire du monde, nous sommes la plus richement pourvue de vérité. Jamais auparavant la Bible n'a été plus compréhensible. Dans le micro-ordinateur portatif que j'emploie pour préparer ce livre, j'ai trois versions de la Bible, la concordance de Strong, la concordance de Vine et la concordance d'Englishman, un dictionnaire biblique, et quelques-unes des meilleures cartes géographiques bibliques que j'aie jamais vues. En appuyant deux ou trois fois sur les touches du clavier, j'ai accès à des informations que je n'aurais pu rassembler, il y a peu d'années en arrière sans faire des heures de travail. Dans le même petit ordinateur je possède plus de cents titres de l'Esprit de Prophétie, disponibles instantanément pour des recherches dans n'importe quel endroit où je me trouve. Informés ? Jamais auparavant, l'homme n'a eu à sa disposition autant de vérité. Cependant, ces mêmes sources – la Bible et l'Esprit de Prophétie – prédisent un temps dans lequel les étoiles que nous avons admirées tomberont, et l'erreur sera capable de tromper, si possible, même les élus. Comment l'erreur pourrait-elle arriver assez habilement déguisée pour confondre des personnes semblables ?

Ellen White nous donne une réponse, dans un témoignage que nous avons cité au cours de ce livre. « L'ennemi des âmes a cherché à introduire l'hypothèse qu'une grande réforme devait avoir lieu parmi les Adventistes et que cette réforme consisterait à abandonner des doctrines qui sont comme des piliers de notre foi... Les principes de vérité que Dieu dans sa sagesse a donné à l'Église du reste, seront écartés. Notre religion sera changée... On établira une nouvelle organisation. On écrira des livres d'un nouvel ordre. On introduira un système de philosophie intellectuelle. Les fondateurs de ce système se rendront dans les villes, et feront un travail merveilleux. Le Sabbat, bien sûr, sera considéré avec légèreté... » Peut-être que dans ces trois dernières phrases, nous trouvons la réponse à une question embarrassante – comment des Adventistes instruits des temps de la fin pourront-ils tomber en si grand nombre à cause de cette tromperie ? Philosophie intellectuelle. L'ennemi n'attaque pas l'Adventisme grossièrement, par de rudes assauts qui effraieraient aussi les Adventistes ordinaires en leur rappelant Apocalypse 13. Ce piège est préparé précisément pour l'Adventiste intellectuel qui possède un garage avec trois voitures. Il arrive déguisé en intellectualisme philosophique, une approche spécifique pour l'intellectuel brillant, bien éduqué. Et pour compléter ses lettres de créance, il affecte un intérêt pour les calamités sociales en se rendant dans les villes pour faire un « travail merveilleux ». Mais dans ces villes là, voltigeant sur les confins de l'éternité, leur « travail merveilleux » comprend bien peu de références au Sabbat, car le Sabbat est considéré seulement avec « légèreté ». Il faut se demander comment les gens pourraient faire un « travail merveilleux » dans les villes par ce qui apparaît en quelque sorte comme un mouvement humanitaire, et en même temps « considérer avec légèreté » le Sabbat. On nous dit qu'aider les autres constitue un emploi correct des heures du Sabbat; sauver un bœuf tombé dans un fossé était considéré comme faisant partie d'une observation correcte du Sabbat même par les pharisiens légalistes. Cependant l'avertissement d'Ellen White à propos d'une observation négligente du Sabbat suit de près sa description de quelques méthodes de travail dans les villes, enchaînant les deux idées. Est-il possible que les gens puissent se montrer négligents envers les principes mêmes quand ils cherchent à « aider les autres » ? C'est vrai, Jésus a guéri le Sabbat. Mais le ministère de la guérison est un ministère très spirituel. Et le bœuf dans le fossé est une urgence. C'est une chose de remorquer un automobiliste en panne le Sabbat et une toute autre chose de se rendre en ville pour prendre le jour de Sabbat une leçon de mécanique auto ou faire un travail de routine comme peindre une maison. Si, aux temps de la fin, nous disons même aux pauvres que nous préférerions faire face à un décret de mort plutôt que de travailler le Sabbat, comment réagiront-ils en se rappelant que nous avons fait un travail ordinaire le Sabbat sans aucun scrupule ? J'ai fait du travail pour les pauvres, en fournissant un spectacle autorisé gratuit en ville et en fournissant mon aide au comité directeur, et je peux vous dire que, par expérience personnelle, les pauvres ne sont pas si naïfs que nous le pensons. Ils peuvent manquer d'argent, mais ils ne sont pas muets. En effet, ils ont souvent un esprit très malin – assez malin pour voir nos inconséquences, même si nous avons été assez futés pour ne pas faire le travail nous-mêmes.

Pourrait-il arriver, dans un climat général de négligence à propos des principes – occasionné, peut-être, par l'enseignement disant que 'vous ne pouvez pas, en tout cas, observer la loi' – que les gens soient si peu au clair que même dans leurs « actions caritatives » ils ne verraient plus quelle est la juste observation du Sabbat ? La réponse d'Ellen White est apparemment affirmative.

Il y a des idées philosophiques, affinées par des siècles de pensée, que peu d'Adventistes sont préparés à traiter. Kellogg se heurta à une de ces idées-là, et selon toute évidence, il n'a jamais reconnu ce qui l'a atteint. Jusqu'à la fin, il insista pour affirmer qu'il était un chrétien croyant qui avait une vision plus claire de la nature de Dieu, et beaucoup de ses idées étaient apparemment très attirantes. Une génération entière d'Adventistes pensa que les dirigeants étaient emportés par cette notion agréable que la personne de Dieu était aussi proche de nous que le monde matériel qui nous entoure, et que le Saint-Esprit était venu à nous physiquement avec le bon air de la réforme sanitaire. En s'éloignant de la clarté littérale de la Parole de Dieu, et en s'adonnant à la spéculation philosophique, le Dr Kellogg aboutit à mettre aussi son intelligence au service de la spéculation philosophique profonde. Pour cette raison, celui qui veut vraiment saboter l'Adventisme, introduira quelque forme de spéculation philosophique qui, à un niveau non discerné par la plupart, sera hautement incompatible avec la vérité adventiste.

Dès le matin de la vie humaine, une femme au cerveau créé par Dieu affronta ce défi dans l'Éden. Elle commit l'erreur de plaisanter avec les arguments philosophiques qui lui avaient été lancés par l'esprit d'un ange déchu, et même son intelligence incomparable fut incapable d'y faire face. Jésus même ne s'attarda pas à parlementer avec Lucifer; sa seule réponse au diable dans le désert fut l'Écriture.

Au cours de tous les siècles, l'humanité s'est trouvée face à cette tentation : Caïn, qui voulut réécrire le mécanisme du salut pour le rendre plus « adapté » à sa vie et à son travail; les premiers Babyloniens, qui chérirent le doute et décidèrent que leurs esprits (et leurs corps) étaient capables de grimper au ciel. Les Grecs chutèrent à cause de cela, les Romains aussi, et immédiatement après le premier Siècle, une fascination pour la philosophie vainquit même ceux qui s'appelaient Chrétiens. C'est la tentation d'employer la raison au delà des limites désignées. Je crois que c'est une partie de ce que la Bible appelle « Babylone ».

À la fin des temps, confrontés par des événements surnaturels que personne ne peut expliquer humainement, nous devrons renier aussi nos sens et dépendre uniquement de la foi. C'est ce qui aurait pu sauver Ève. Au lieu de cela, confrontée à une évidence apparemment scientifique qu'elle était incapable d'expliquer, elle commit l'erreur d'abandonner la simple foi en ce que Dieu lui avait dit clairement. Elle essaya de « réinterpréter » la Parole. Et cela, je crains que ce soit le danger dont parle Ellen White dans son avertissement pour l'Église du temps de la fin.

Cet avertissement explique tout ! Pourquoi les plus brillants et meilleurs tombent-ils, pourquoi devenons-nous imprécis à propos de vérités aussi claires que le Sanctuaire et le Sabbat, et pourquoi se développera un antagonisme si acharné contre Ellen White ? Vous ne pouvez pas la « réinterpréter » en prétendant qu'elle parla seulement pour une certaine époque lointaine; ce qu'elle avait à dire était clair, et (comme tous les écrits prophétiques) parfois tranchant.

Cela fait en effet une coupe sombre, directement dans nos excuses, nous laissant sans défense psychologique face à la vérité la plus fondamentale de toute l'Écriture : la rédemption permet d'échapper au péché.

Ce qu'écrit Ellen White est étonnant. Abandonner des doctrines fondamentales, écarter des vérités établies, changer notre religion, substituer à l'Adventisme historique une philosophie intellectuelle, abandonner tranquillement le Sabbat. Rien à ce propos n'est laissé au hasard, même pas la manière dont cela est proclamé à l'Église. « Des livres d'un nouvel ordre » sont répandus dans l'Adventisme, une bonne façon de décrire une campagne médiatique pour capter la fidélité d'une majorité. De toute évidence, des personnages en position d'autorité « émergent » en déversant un flot tumultueux de matériel destiné à convaincre que le temps est venu pour quelque chose de nouveau. Et cela apparemment est fait avec une force déterminée, puisque « rien ne pourra s'opposer à ce nouveau mouvement ».

On ne peut pas évacuer avec légèreté tout cela comme étant accidentel. Ce n'est pas une simple force occasionnelle de l'histoire qui frappe l'Adventisme par hasard, cela est planifié. Comme dans l'Alpha, quelque chose de très mauvais est en train de se passer. Quelqu'un – ou quelque chose – tente de prendre le contrôle de l'Église. Et comme le décrit Ellen White, c'est un plan d'attaques ciblées contre nos éléments les plus brillants et les meilleurs.

Or – coïncidence plus bizarre qu'on ne puisse l'imaginer – le plan qu'Ellen White a décrit depuis si longtemps, est presque identique à celui que j'ai trouvé dans un livre écrit récemment destiné à démolir la Réforme [protestante] et à réunifier toute la chrétienté sous la « protection » du Pape.

Au commencement du présent ouvrage, nous avons vu le pape Paul III qui attaque le défi inexorable de la Réforme. En observant son monde catholique s'effondrer, il chercha désespérément une force qui puisse contrecarrer les réformateurs qui avaient éloigné de son contrôle une si grande partie de l'Europe. Et un jour de septembre 1540, il trouva cette force dans une poignée d'hommes agenouillés devant lui, qui promirent d'aller partout où il le commanderait, à n'importe quel moment, sans soulever d'objections. C'était la naissance de l'Ordre des Jésuites.

Je dois avouer que j'ai été fasciné pendant longtemps par ce groupe très spécial de prêtres qui aiment leur foi et qui (habituellement, mais pas toujours !) vivent des vies très disciplinées. Ma connaissance de cet ordre est supérieure à la moyenne. Bien que je n'aie pas fréquenté un campus de Jésuites, plusieurs de mes collègues au cours d'une formation professionnelle avaient reçu leur instruction chez les Jésuites. Ils étaient des concurrents formidables.

Et – je dois avouer cela – j'ai un penchant pour ces gens là; non parce que je suis d'accord avec eux, mais parce que je respecte leur discipline et leur compétence. Je ne vais pas soulever l'insinuation, qu'on entend parfois, qu'ils se sont infiltrés dans notre Église. Introduire des personnes dans une organisation peut être un gros risque (bien que Malachi Martin dise que les Jésuites l'ont fait sûrement dans le passé). Je vais plutôt vous suggérer que non seulement l'Adventisme mais tout le Protestantisme, sera mis au défi par une idée.

Chaque fois que je vois un livre écrit par un Jésuite qui argumente sur les temps de la fin, je fais de mon mieux pour le lire. Dans la masse de mes recherches auprès de l'université catholique où j'ai fait mes études, j'ai trouvé un livre semblable. Bien qu'il fût épuisé, il était tellement fascinant que j'ai parcouru tous les États-Unis jusqu'à ce que j'aie trouvé, à New York, un exemplaire pour ma bibliothèque personnelle. Ses auteurs étaient des Jésuites européens, et l'un d'eux était si fameux que son nom était devenu familier dans les cercles théologiques : Karl Rahner. Il est intitulé « Unity of the Churches, an Actual Possibility » (Unité des églises, une possibilité actuelle), et il contient un plan pour ramener les Églises protestantes sous le couvert de Rome. Les détails méritent un moment de notre temps.

Si on rassemble les huit « thèses » de ce livre, elles aboutissent à un plan en plusieurs étapes.

En premier lieu, Rahner reconnaît que beaucoup de protestants sont très sceptiques à l'idée d'une réunification avec Rome. Pour cette raison, il faut employer une stratégie pour vaincre cette résistance, et le plan de Rahner est astucieux. Avant de passer au domaine public, courtisez paisiblement les maîtres de la pensée dans les Églises que vous voulez influencer. « Sur la base de leur connaissance théologique », déclare Rahner, ces dirigeants d'Église « peuvent décider en faveur de l'unité de l'Église. » Remarquez le plan : la décision d'unifier sera faite d'une manière privée par un petit nombre de dirigeants.

Ensuite, il faudra attendre qu'ils travaillent politiquement pour vendre l'idée à leurs propres gens – en employant, bien sûr, les termes et les idées qui seront facilement acceptés par la population de leur Église. Personne ne peut parler le langage d'une Église mieux que quelqu'un qui en fait partie. Avec gentillesse au début, mais aussi avec insistance, ils peuvent présenter l'idée à la communauté – dans les assemblées, les publications, au moyen de subtils et insistants expédients de terminologie. Dans le monde manipulateur d'aujourd'hui, un changement de ce genre est appelé un « paradigme » (changement des doctrines de bases).

Dans le plan de Rahner, il y a aussi un peu d'intrigue politique. Une fois que les dirigeants de la pensée d'une Église déterminée sont décidés pour l'unité, ils accompliront soigneusement leur tâche politique. Comme le relate Rahner, ils peuvent travailler avec « zèle avec les membres d'Église », en « obtenant le soutien des membres » avant de présenter la matière au vote.

En second lieu, Rahner croit que le changement peut être accompli plus facilement aujourd'hui que seulement quelques années auparavant. Il est convaincu que les Protestants sont, pour employer son terme, tellement « libéraux » qu'ils ne s'intéressent pas à la doctrine pourvu que quelques idées Chrétiennes familières soient présentes. En outre, « la communauté moyenne dans les Églises protestantes pratique d'habitude, envers leurs dirigeants d'Église, le type d'obéissance qui est normal dans l'Église Catholique Romaine. Par conséquent, on ne devrait pas craindre davantage le danger d'une rébellion... »

Comment traduire cette idée ? Si leurs maîtres à penser peuvent être conquis, il est probable que la plupart des protestants moyens suivront plutôt aveuglément. À une autre occasion, Rahner dit que les laïques protestants sont « passifs », donc on peut s'attendre à ce qu'ils suivent leurs dirigeants dans l'unification avec Rome. »

En troisième lieu, comme l'idée de l'unité a gagné la sympathie générale parmi les chrétiens, on formerait une union œcuménique des Églises. Cela pourrait effrayer quelques protestants; mais le plan prévoit une manière rusée de neutraliser leur préoccupation. Les dénominations individuelles resteraient en place. Les organisations des Églises resteraient intactes; vous auriez encore l'impression que toutes les dénominations qui existaient auparavant sont encore en place. Mais dans la « Thèse IV A » de ce livre, il est clair qu'on prétendra que tout le monde reconnaît l'autorité du Pape. « Toutes les Églises partenaires reconnaissent la signification et le droit du service du Pape de Rome à être le garant visible de l'unité de l'Église... »

En d'autres termes, toutes ces dénominations indépendantes accepteraient le Pape comme « garant » de l'unité de l'Église.

Pour accélérer ce processus œcuménique, le livre suggère beaucoup d'échanges réciproques entre les Églises. Les pasteurs de différentes dénominations échangeraient leurs chaires; un pasteur baptiste pourrait prêcher un dimanche dans une église presbytérienne, pendant que son collègue presbytérien parlerait aux méthodistes. Si ce plan s'introduit dans l'Adventisme, on pourra voir des pasteurs d'autres dénominations fréquenter les chaires adventistes.

La technique des échanges de chaires est bien imaginée pour promouvoir l'œcuménisme. Exposez les personnes à d'autres doctrines, et les barrières s'effondreront. L'ecclésiastique d'une autre Église qui occupe la chaire ce dimanche matin-là est soudain un être humain réel en chair et en os, avec un heureux sens de l'humour et qui a bu le café avec vous. Dans ce cas, les personnes commenceront à se poser des questions : à quel point la doctrine est-elle importante ? Pourquoi ne pas s'unir sur l'idée que nous aimons tous Jésus ?

Et cela pourrait précisément être l'hameçon qui attraperait quelques Adventistes. L'amour est un mot attrayant. C'est l'essence même de l'Évangile : « Car Dieu a tant aimé le monde... » Mais l'amour, comme bien des paroles humaines, est fragile. On peut le tordre pour couvrir certaines rationalisations humaines étonnantes. Dans mes premières années de pratique dans le droit général, quand je fis beaucoup de travail judiciaire dans le domaine des relations familiales, j'ai vu parfois des familles brisées (et des enfants qui souffraient) à cause d'un nouvel « amour » du père.

Dans un contexte théologique, le terme est presque inattaquable. Employez-le avec habileté, et vous brisez l'argument : l'autre personne n'a pas d'« amour ». À cause de cela, beaucoup de chrétiens oublient que l'expression finale de l'amour ce sont les Dix Commandements. Les quatre premiers sont la voie par laquelle vous montrez votre amour pour Dieu; les six derniers sont l'amour exprimé envers notre prochain.

Et les Dix Commandements sont précisément la doctrine ! L'un d'eux, le Quatrième Commandement, montrera à la fin des temps si nous aimons vraiment Dieu plus que la permission d'acheter ou de vendre. Cependant, le plan de réunifier la chrétienté, formulée avec une précision de bijoutier par deux Jésuites, entraîne un algorithme caché que même certains Adventistes ne peuvent pas reconnaître. Il se présente sous forme de question : pourquoi laissons-nous des arguments « doctrinaux » nous séparer des autres chrétiens ?

Tout cela nous conduit à un autre échelon dans la proposition de Rahner : abolition de la doctrine en tant que source de controverse. Dans son plan, lors de cette union, on ne laisserait aucun membre d'église rejeter le dogme d'un autre membre d'église. Tout devrait être accepté et rien ne devrait être rejeté par personne.

Remarquez deux caractéristiques significatives du plan des Jésuites :

1. Il suppose qu'aujourd'hui la plupart des protestants soient tellement « libéraux » qu'ils suivront leurs directeurs de conscience dans la nouvelle unité.

2. Ces mêmes dirigeants accompliront bien leur tâche politique, en préparant soigneusement la majorité et en la gagnant à leur cause.

Le plan coïncide très bien avec les objectifs de Vatican II. Dans les Post conciliar Documents de Vatican II, page 515, on trouve l'objectif suivant : « Quand les obstacles qui s'opposent à la communion ecclésiastique seront surmontés, l'unité de tous les chrétiens pourra enfin être restaurée, en célébrant un seul mystère eucharistique. »

J'ai mis en caractères italiques les derniers quatre mots car ils révèlent avec quelle conviction on présume que le Protestantisme rejoindra Rome. L'eucharistie est le cœur même du culte catholique. Rome envisage que « tous les chrétiens » participent encore au sacrifice de la messe. Pourquoi dans une perspective protestante, la messe catholique romaine constitue-t-elle un problème si important ? Parce qu'elle met un prêtre humain au-dessus de Christ. Quand le prêtre élève l'hostie, il « sacrifie » de nouveau Christ – une erreur symbolique qui a coûté la translation à Moïse. Donc, tout relâchement dans la distinction entre les services de communion protestant et catholique contient en soi-même le germe de la destruction du protestantisme. Comment pourrait-on percevoir qu'un mouvement pareil est tranquillement en marche dans une Église protestante ? Un signe serait peut-être des changements subtils dans le service de communion dans l'Église, avec des termes ou des techniques de communion catholique qui apparaissent mystérieusement.

Convertissez les dirigeants de la pensée du Protestantisme. Essayez de trouver des laïcs libéraux et soumis. Formez une union œcuménique dans laquelle les pasteurs échangent les chaires entre eux, acceptez la doctrine de n'importe quelle autre Église, et reconnaissez le Pape comme garant de l'unité. En bref résumé, c'est cela le plan.

Or, comparez tout cela avec « Testimonies to Ministers », page 474, où Ellen White décrit un plan de Satan pour neutraliser l'Adventisme :

« Nous devons déployer toute notre sagesse et subtilité pour tromper et prendre au piège ceux qui honorent le vrai Sabbat... À travers ceux qui ont une forme de dévotion, mais qui ne connaissent pas sa puissance, nous pouvons gagner beaucoup de personnes qui autrement pourraient nous causer un grand dommage... Les personnes de cette catégorie qui sont capables et intelligentes serviront de leurres pour en conduire d'autres dans nos pièges. J'aurai sur le terrain, en qualité d'agents, des hommes qui professent des fausses doctrines mélangées avec un minimum de vérité pour tromper les âmes. »

Remarquez le groupe ciblé, ce sont ceux qui sont « capables et intelligents ». Pourquoi choisir ceux-là ? Car ils sont des dirigeants de la pensée, et ils sont déjà à l'intérieur de l'Église, dans laquelle ils jouissent de crédibilité. « Beaucoup ne craindront pas leur influence, car il professent la même foi. »

Le résultat ? « Nous les amènerons de cette façon à conclure que les exigences de Christ sont moins strictes que ce que nous avions cru une fois, et à ce que, par conformité au monde, ils exercent une plus grande influence sur les personnes mondaines. De cette façon, ils se sépareront de Christ... et ils seront prêts à ridiculiser leur premier zèle et dévotion. »

C'est là le plan pour détruire l'Adventisme. Fonctionnera-t-il ? La réponse terrifiante est qu'il arrivera presque à aboutir ! Mme White nous avertit sans compromis que « L'Église sera sur le point de tomber. »

Mais elle ajoute une promesse : « Elle ne tombera pas. Elle subsistera, pendant que les pécheurs en Sion seront criblés et éliminés... C'est un terrible jugement, mais il doit néanmoins avoir lieu. »

Remarquez que dans le criblage, les justes ne sont pas ceux qui la quittent, et donc tout appel à quitter l'Adventisme pour quelque chose de « plus pur » est une erreur. L'Église « ne tombera pas ». Pourquoi ? Car elle est encore l'Église de Dieu, et il y a à l'intérieur des croyants consacrés au message de l'Avent ! « Le reste de ceux qui purifient leur âme par l'obéissance à la vérité reçoit de la puissance et de la vigueur dans l'épreuve, en montrant la beauté de la sainteté au milieu de l'apostasie environnante. »

Que fait-on quand se déclenche la tempête ? Les Adventistes, ne devraient-ils pas être assez concernés pour agir ? Et s'il en est ainsi, comment devraient-ils agir ?

Le 25 juillet 1904, dans la profonde crise de Kellogg, Ellen White passa les heures précédant l'aube dans une souffrance extraordinaire. « Je sentais que mes forces m'abandonnaient », dit-elle. « J'avais une grande souffrance à travers tout mon corps... tout nerf, tout muscle et tout tendon était douloureux. » À un moment donné, elle pensa réveiller la famille, mais après elle y renonça. « Ils ne sauraient pas me soulager » dit-elle à haute voix, et après elle pria pour obtenir l'aide. Elle reçut le soulagement, et avec cela, elle reçut un message pour l'Adventisme, qui dit ce qu'il faut faire quand la vérité est en danger. Le message se trouve dans « Specials Testimonies, Series B, n° 2, en commençant à la page 5, et il devrait être lu par tout Adventiste.

Elle commence par le puissant appel au réveil que nous trouvons en Ésaïe 58 : « Crie à plein gosier, ne te retiens pas, élève ta voix comme une trompette et annonce son crime à mon peuple, à la maison de Jacob ses péchés ! » Et après elle donne quelques conseils francs d'une façon étonnante à propos de ce qu'il faut faire avec les maux qui menacent les vérités de l'Adventisme.

« Dans son œuvre sur cette terre, Christ a vu comment à travers l'indifférence face à la justice et aux vraies doctrines, le mal deviendrait presque indistinct du bien. Parfois, il considéra le pouvoir trompeur de Satan, et il vit que les méfaits des mauvais ouvriers doivent être repris... garderons-nous le silence pour ne pas heurter leurs sentiments ?... Est-il juste pour ceux qui sont associés avec eux de les traiter comme s'il y avait une parfaite harmonie avec eux, en ne faisant aucune différence entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas ? Même s'ils sont des pasteurs ou des missionnaires médicaux, ils ont déshonoré Christ devant les forces du fidèle et de l'infidèle. La réprimande ouverte est nécessaire, afin d'éviter que d'autres soient pris au piège. »

Pour une dame qui conseillait toujours avec tact et compassion, qui insistait pour que les personnes soient prêtes à mourir pour quelqu'un avant d'aller le reprendre, ce langage parait insolite et dur. Mais évidemment, il arrivera un temps où l'amour devra être exprimé d'une façon étrangement franche, quand l'avenir de l'Église sera en danger, et les personnes devront tout simplement choisir à qui être fidèle. « Il y aura un conflit constant entre le bien et le mal », dit-elle. « Si les choses étaient justement comprises et strictement gardées, les serviteurs de Dieu sentiraient continuellement une charge de responsabilité pour contre-attaquer les efforts des personnes qui... sont séduites par les illusions de Satan. »

Au milieu de l'Alpha, avec des institutions perverties et la jeunesse exposée à des influences qui avaient poussé leurs parents à écrire des lettres pleines de crève-cœur à Ellen White, elle écrivit quelques avertissements qui peuvent s'appliquer avec une force égale pour l'Oméga. Au ton de ces lettres, on comprend qu'il y aura un temps où nous serons appelés à tenir ferme, sans considérer les conséquences qui pourront suivre.

« Les agents de l'ennemi travaillent sans cesse pour l'emporter sur la vérité », s'écria-t-elle. « Où sont les gardiens fidèles des troupeaux du Seigneur? Où sont ses sentinelles ? Sont-ils de garde sur la haute tour, en donnant le signal du danger, ou permettent-ils que le péril soit inaperçu ? »

« Les hommes dans nos institutions, garderont-ils le silence en laissant se promulguer des faussetés insidieuses, pour la perte des âmes ? Les avis de l'ennemi sont en train d'être répandus partout. Les semences de la discorde, de l'incrédulité de l'infidélité sont semées à la volée. Nos missionnaires médicaux n'érigeront-ils pas une barrière contre ce mal ? « Des anges de Dieu qui excellent en puissance attendent que nous les appelions à notre aide, afin que notre foi ne soit pas éclipsée par la férocité du conflit...

« Mon message pour vous est le suivant : ne consentez plus à écouter sans protester la perversion de la vérité. »

Que devraient alors faire les Adventistes quand ils sont concernés par le bien-être de l'Église qu'ils aiment ?

La règle la plus fondamentale est de rester avec l'Église. « Affaiblie et défectueuse, dans le besoin constant d'être avertie et conseillée, l'Église est néanmoins l'objet du suprême regard de Christ. » Testimonies for the Church, Volume 7, p.16. Même le Dr Kellogg, bien longtemps après avoir quitté l'Église, avertit un ancien étudiant de rester avec la dénomination. C'était un des meilleurs avertissements que Kellogg n’ait jamais donné.

Un jour alors que je volais sur la Californie du Sud, je rencontrai une forte turbulence causée par des vents qui avaient soufflé de manière inattendue. Comme je m'approchais du terrain pour atterrir, l'avion se comporta comme un cheval au rodéo. Je réglais la puissance du moteur, je sortis le train d'atterrissage, je regardais nerveusement l'indicateur de vitesse verticale alors que des rafales me poussaient alternativement vers le haut et le bas. J'employai tous les trucs que j'avais appris dans mes années de vol pour maintenir le contrôle de l'avion. Et je priais. Mais il y eut une chose que je ne fis pas : je n'ouvris pas la porte pour sortir.

Pour rude que la promenade puisse être, l'avion était la seule place dans le ciel où j'avais consigne de rester. Et ainsi ce devrait être aussi avec l'Église.

Nous avons commencé ce livre avec une question que je voudrais vous répéter. Où donc ailleurs dans le monde trouverez-vous une dénomination organisée qui observe le Sabbat, qui a un message pour l'heure du jugement, proclame la loi, attend l'Avent, a reçu le don de prophétie – et, comme prime, a un message de santé capable de vous donner six ans de plus d'espoir de vie ?

Restez avec l'Église. D. M. Canright donna ce conseil sur son lit de mort, dans des circonstances pitoyables. Il avait abandonné l'Adventisme, en rêvant de devenir un grand personnage, mais il n'était même pas capable de maintenir un emploi significatif. « Je sais que je suis en train de mourir comme un homme perdu », admit-il tristement à son frère, et si nous y prêtons attention, nous verrons ici une double tragédie. Non seulement il perdit la vie éternelle, mais il manqua la joie d'employer ses talents remarquables dans une Église qui, pendant son apostasie, augmenta de sept fois.

En second lieu, nous devrions défendre la vérité uniquement par des voies qui sont approuvées par Christ. « Parmi toutes les personnes du monde, les réformateurs devraient être les plus désintéressées, les plus gentilles, les plus courtoises. Dans leurs vies, on devrait voir la vraie bonté des faits désintéressés. L'ouvrier qui manifeste un manque de courtoisie, qui répond avec impatience à l'ignorance ou l'entêtement des autres, qui parle en hâte ou agit sans réfléchir, ferme la porte aux cœurs, de telle façon qu'il ne pourra jamais les atteindre. » Gospel Workers, p. 507. Je sais par expérience qu'il est facile, en cherchant à défendre la vérité, de dire des choses que nous allons regretter plus tard.

En troisième lieu, nous devrions présenter nos questions devant les dirigeants responsables de l'Église d'une manière aimable, comme Christ le ferait. Si nous ne parlons pas, comment peuvent-ils savoir ce qu'il y a dans nos esprits ?

Finalement, on peut avoir des moments où nous nous sentons désespérés, quand les principes sont en jeu et que nos questions semblent être balayées dans la tempête. À ce moment-là, nous avons la plus puissante des options : la prière d'intercession.

Dans Daniel 9, nous trouvons le prophète âgé qui revoit les écrits de Jérémie et se rend compte qu'une prophétie relative au temps est arrivée à son terme. C'était le temps pour le peuple de Dieu de rentrer chez lui. Exactement comme c'est le cas aujourd'hui, l'histoire commença à coïncider avec la prophétie. Les Babyloniens avaient été suivis par les Persans, qui étaient bien disposés à laisser partir Israël afin de rebâtir le temple au seul Dieu invisible. La prophétie était prête, elle était arrivée à son terme. Les Persans étaient prêts. Mais le peuple de Dieu n'était pas prêt; la vie à Babylone était devenue facile, et seul un petit nombre désirait partir.

Comme il considérait son Église défaillante, Daniel fit l'unique chose qui lui restait possible : il s'engagea dans la prière d'intercession. Et au lieu de se considérer juste à ses propres yeux, il s'intégra avec son église pécheresse ! Cela vaut la peine de remarquer que ce fut seulement après cette intercession semblable à celle de Christ, qu'il reçut finalement de Gabriel la clef qui ouvre la prophétie des 2.300 ans.

La prière d'intercession. Ézéchiel 9 décrit les croyants fidèles de Dieu qui s'engagent dans la prière d'intercession en une période d'apostasie et de danger. Et c'est ce qui fait la différence entre ceux qui seront scellés et ceux qui ne le seront pas.

Restez avec l'Église. Faites savoir aux frères, d'une façon persuasive, comme venant de Christ, ce qui concerne l'avenir de l'Église. Priez pour l'Église que vous aimez. Et continuez à la soutenir – par votre présence, votre temps et vos moyens.

Comment pouvons-nous reconnaître le commencement des problèmes qui méritent ce genre de courage et de conviction ? Les leçons apprises de l'Alpha apportent quelques idées à notre esprit. Pour faire face à l'avenir dans l'Église que vous aimez, posez-vous de temps en temps quelques questions déterminantes. Sommes-nous encore au clair à propos du message adventiste ? Qu'est-ce que nous entendons le Sabbat matin ? Le message, est-il comme un son de trompette clair, nous rappelant que Jésus est en train de venir et qu'il est temps de préparer un peuple pour sa venue ?

La loi de Dieu est-elle encore une part de notre Évangile ? Ou sommes-nous défiés par cet argument ultime : que la loi – qui à la fin nous distinguera de tout le monde – ne peut pas être observée ?

Avons-nous encore un sens de la révérence quand nous entrons dans l'Église pour adorer Dieu ? « On m'a montré l'ordre, l'ordre parfait du ciel », écrit Ellen White en Testimonies, Volume 1, page 146, « et j'ai été ravie en extase comme j'écoutai la musique parfaite qu'il y avait là... C'est une mélodie, céleste, divine, tandis que de partout rayonne l'image de Jésus, resplendissante, d'une gloire indescriptible. » Sommes-nous en train de cultiver des habitudes incompatibles avec cet environnement ?

L'Esprit de Prophétie, est-il encore cru – et prêché ? Ellen White a été accusée d'avoir dit que ses écrits ne devraient jamais être employés sur la chaire. J'ai été informé qu'on ne connaît pas l'existence d'une déclaration pareille.

Et lorsqu'on soulève des questions doctrinales, l'Esprit de Prophétie est-il accepté comme source faisant autorité, ou y a-t-il des personnes qui inventent des raisons de l'éviter ?

Sommes-nous encore convaincus de 1844, du sanctuaire et du jugement investigatif et entendons-nous ces vérités prêchées dans des sermons fondés sur l'Écriture et le pouvoir du Saint-Esprit ?

Quelle est l'orientation de nos conférences, de nos campus, de nos institutions ? Sent-on une clarté dans le message ou y a-t-il un subtil mais inexorable glissement vers quelque autre chose ? L'œuvre est-elle en bonne santé ou y a-t-il des signes de stress : églises qui se rétrécissent, fermeture d'écoles, recul des zones où nous avancions autrefois ?

Qui sont nos « directeurs de la pensée », et que disent-ils ?

Et qu'en est-il de nos publications? Ellen White a prédit des « livres d'un nouvel ordre ». Y a-t-il quelques signes de cela ? L'ensemble de la littérature adventiste est-il encore au clair à propos de nos vérités spécifiques ?

Nos institutions sont-elles encore décidément adventistes, avec une identité évidente ?

Vos enfants rentrent-ils de l'académie ou du collège purs dans leurs convictions et avec une bonne connaissance des Écritures ?

Si vous êtes un étudiant, qu'est-ce que vous écoutez dans vos salles de classe – surtout dans les classes d'étude de la doctrine ?

Finalement, posez à vous-mêmes quelques questions.

Passez-vous autant de temps dans la Parole que devant votre téléviseur ?

Pratiquez-vous réellement les vérités qui rendent les Adventistes si uniques, ou – comme les frères du temps de Kellogg – vous accordez-vous parfois le luxe du compromis, en pensant qu'une erreur n'est pas grave si nous la commettons rarement ?

Soutenez-vous l'œuvre de Dieu par votre temps, votre énergie et vos moyens? Ou faites-vous facilement des concessions à vos goûts personnels de luxe qui peuvent prendre des ressources dont on aurait tellement besoin pour donner le message de l'Avent ?

Désirez-vous vraiment que Jésus vienne ? Et êtes-vous réellement prêts à le rencontrer ?

« Fils de l'homme, je t'établis comme sentinelle sur la maison d'Israël. Tu écouteras la Parole qui sort de ma bouche et tu les avertiras de ma part. Quand je dirai au méchant : oui, tu mourras ! Si tu ne l'avertis pas, si tu ne parles pas pour avertir le méchant (de se détourner) de sa mauvaise voie et pour lui sauver la vie, ce méchant mourra dans son injustice, mais je te réclamerai son sang. » (Ézéchiel 3:17,18)

« Défendre la vérité et la justice quand la plupart nous abandonne et combattre les batailles du Seigneur quand les champions sont peu nombreux, cela sera notre épreuve. »