Oméga II

Prologue

Nous irons n'importe où pour faire n'importe quoi

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Le matin du 27 septembre 1540, le Pape Paul III était assis désespéré, dans sa salle d'accueil privée dans le Palais des Papes sur la colline du Vatican, se demandant s'il était possible que les choses marchent plus mal.

À travers l'Europe, la Réforme Protestante flambait comme un feu d'herbes sèches s'étendant sur des pays entiers où le pouvoir Catholique avait été apparemment absolu. Pour le mince italien aux yeux noirs assis sur son trône contesté, cette idée nourrissait ses cauchemars nocturnes.

Tout à coup ses pensées d'inquiétudes furent interrompues. Un petit groupe de prêtres qui avait attendu une audience défila en sa présence. L'un d'eux se détacha du reste des prêtres. Il était presque entièrement chauve, avec un nez proéminent et de plus, il était boiteux (infirmité qu'il avait reçue sur le champ de bataille en Espagne dans sa carrière de soldat). Il s'appelait Ignace de Loyola, et il avait une proposition à faire d'un caractère purement militaire.

« Père saint », implora-t-il avec des paroles qui ont été paraphrasées par le fameux auteur catholique Malachi Martin, « la papauté et l'Église Catholique Romaine sont dans un danger mortel. Il est nécessaire de disposer d'une arme moderne pour combattre cette guerre totalement nouvelle. Donnez-nous... un ordre nouveau tel qu'il n'y en a jamais eu de pareil... Rendez-nous indépendants de toute autorité locale et directement responsables envers sa sainteté. Nous irons n'importe où, n'importe quand et au prix de notre vie et de notre confort pour faire n'importe quoi... »

Quelque chose dans ces hommes-là attira l'attention du Pape. Ils n'étaient pas des prêtres ordinaires, engraissés par trop d'années de bonne chère. Ils étaient minces et disciplinés, et la clef de leur discipline se trouvait dans leur entraînement. Pour faire partie de ce groupe, les prêtres devaient passer par une initiation difficile. Pendant plusieurs semaines de suite, ils devaient garder le silence le plus absolu. Sous la supervision d'un directeur de conscience, ils pratiquaient une forme de méditation mystique, soumettant progressivement leur volonté à celle de leur supérieur jusqu'à ce que chacun d'eux « émergeât de ce régime de plusieurs semaines comme un combattant spirituel totalement apte pour la guerre... un serviteur du pape totalement obéissant ».

En d'autres termes, ils se servaient de l'arme du mysticisme religieux.

Qu'était le Mysticisme ? Il s'agissait d'une arme que les Protestants ne connaissaient pas. C'était l'emploi d'une logique fascinante semblable à celle qu'on trouve dans beaucoup de religions orientales, et qui pouvait s'avérer si formidable qu'à moins d'être un étudiant sérieux de la Parole, cela l'embrouillerait dans une quantité de questions sans réponse le laissant désorienté et sans défense.

Malachi Martin, qui avait été membre de cet Ordre, est parmi les auteurs plus significatifs de notre temps. Son livre de repère « Keys of this Blood » devrait être lu par tous; il donne une description profonde des forces occultes qui sont en train de modeler notre monde. Dans un autre de ses nombreux livres, il décrit comment le premier grand projet de Loyola a été de déclarer la guerre à la Réforme.

« Leur premier objectif principal » nous révèle Martin, était « les nouvelles Églises protestantes qui pullulaient à travers l'Europe. » Ils « amenaient la bataille au cœur même du territoire de ces ennemis du Pape. Ils participaient à des controverses publiques avec les rois, ils discutaient dans les universités Protestantes... ils s'infiltraient secrètement dans les territoires hostiles et ils se déplaçaient en souterrain. Ils étaient présents partout ».

Jamais auparavant n'avait existé un Ordre pareil. Paul III disposait maintenant d'une armée capable de faire la guerre à l'ennemi avec agressivité. Leur nom : Societas Jesu – la Compagnie de Jésus, connue dans l'histoire tout simplement sous le nom de Jésuites.

Les forces de Loyola connurent un succès spectaculaire, réclamant pour la Papauté une grande partie de l'Europe. Et un jour, deux de ses fils spirituels, membres de l'ordre des Jésuites, mettront sur pied, vers la fin du vingtième siècle, un plan pour achever l'œuvre que Loyola avait commencée. Leur stratégie pourrait effacer la Réforme et rassembler la Chrétienté sous l'influence de Rome. Leur idées s'infiltreraient presque inaperçues dans les Églises Protestantes d'une façon tellement stable et solide qu'à l'approche de la fin du Vingtième Siècle les titres des mass-médias diffuseraient la nouvelle de cette façon :

« Les Baptistes établissent des rapports avec les Catholiques. »

« Les Évangéliques atteignent les Catholiques. »

« Catholiques et évangéliques se donnent la main. »

« Catholiques, le décret évangélique établit des liens. »

« Catholiques, les Protestants signent une promesse d'unité. »

Peu nombreux sont les Adventistes qui n'ont pas remarqué que la progression rapide des événements mondiaux, nous emmène vers un monde qui manifestement se prépare pour la venue de Jésus. Mais il y a là une ironie : nous nous sommes déjà trouvés face à cette situation avant – bien avant. Ce n'est pas la première fois que l'Adventisme se trouve face à face avec un monde potentiellement prêt pour la fin. Cela s'est passé aussi au début du vingtième siècle. Le peuple de Dieu a alors connu un « moment d'or » mais il est tombé de façon catastrophique dans une apostasie massive qu'Ellen White définit comme « l'alpha des hérésies mortelles ».

Au milieu de cette épreuve, elle adressa un avertissement pour les Adventistes d'une génération future. Tout va se répéter, dit-elle. L'Église de Dieu va se trouver face à une autre apostasie ayant des proportions terribles, apostasie qu'elle appela « Oméga », et elle « trembla » pour notre Église.

Notre histoire commence à la lumière du soleil de 1900, au moment où l'œuvre de Dieu pouvait être terminée rapidement, et elle finit au crépuscule d'un siècle tourmenté, alors que les ombres de la nuit visiblement descendent sur nos villes, sur notre milieu et sur notre monde politique. Et pour les Adventistes d'aujourd'hui, les problèmes se gonflent dans une question d'importance capitale : Est-ce que nous sommes prêts cette fois ? Ou sommes-nous enclins à répéter la même erreur qui fut la nôtre au début de ce siècle tourmenté ?

Notre histoire s'appelle :

Omega II : l'Église de Dieu au bord de la crise