Jésus-Christ interpelle encore Laodicée

Chapitre 7

La coupe pleine de l'impénitence de l'ancien Israël

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Jésus pouvait-il accuser les gens d'un crime, alors qu'ils étaient innocents ?

Si quelqu'un m'accusait, par exemple, d'avoir commencé la guerre de 1914, je répondrais que c'est déraisonnable, car je n'étais même pas né alors.

Mais Jésus accusa les chefs juifs d'un crime commis avant leur naissance. Son accusation semble déraisonnable.

L'histoire se trouve dans Matthieu 23:35. Jésus vient de blâmer sévèrement les pharisiens par une série de « Malheur à vous ! », accompagnés de vifs éclairs d'ironie et d'indignation. Il conclut en lançant cette accusation de tuer un certain Zacharie : « Afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang d'Abel le juste jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie que vous avez tué entre le temple et l'autel. »

Longtemps, j'ai cru que ce Zacharie était une victime que les auditeurs avaient tué personnellement dans le temple environ trente ans auparavant.

La culpabilité humaine de A à Z

Quel choc de découvrir que cet homme fut tué huit cents ans plus tôt (2 Chronique 24:20, 21). Pourquoi Jésus accusa-t-il les Juifs de son temps de la culpabilité de ce crime ?

Quand nous voyons le principe de la faute communautaire, tout devient clair. Jésus n'était pas injuste. En le rejetant, les chefs juifs accomplissaient toute la culpabilité humaine de A à Z (d'Abel à Zacharie), même s'ils n'avaient pas pu jusqu'alors commettre personnellement un seul meurtre. Ils étaient en esprit un seul corps avec leurs pères qui avaient réellement versé le sang de l'innocent Zacharie dans le temple. Autrement dit, ils le referaient, et ils le firent — à Jésus.

Or, en refusant l'appel à la repentance que le Baptiste et Jésus leur avait lancé, ils avaient choisi de se charger de la culpabilité de tous les meurtres des victimes innocentes depuis le temps d'Abel. Jésus qui ne pouvait se tromper, plaça sur eux le fardeau entier de la faute.

Supposons que les chefs juifs aient décidé de se repentir ? Alors, ils se seraient repentis du « sang de tous les prophètes qui fut répandu depuis la fondation du monde » (Luc 11:50). Ainsi, ils n'auraient pas continué jusqu'à crucifier Christ, qui aurait pu s'offrir de quelqu'autre façon.

Pour comprendre ce que Jésus pensait, nous avons besoin de saisir clairement l'idée juive de l'ensemble du corps du peuple. L'Église est l'« Isaac » de la foi, le vrai descendant d'Abraham, « un seul corps » avec lui, et avec tous. Aux croyants juifs et païens de même, Paul dit : Abraham est « notre père » (Romains 4:1-13). Aux croyants païens, il dit : « Nos pères furent... tous baptisés en Moïse. » « Nous sommes tous baptisés en un seul corps, que nous soyons juifs ou païens. » (1 Corinthiens 10:1, 2, 12, 13) Nous « tous » signifie les générations passées et la génération présente. Le corps de Christ comprend tous ceux qui ont cru en lui depuis Adam jusqu'aux membres de l'Église du reste qui l'accueilleront à son retour. Tous constituent un seul corps dans le schéma de la pensée de Paul. Même un enfant peut saisir ce principe simple. Bien que ce soit sa main qui vole le gâteau, quand Maman apprend ce qui est arrivé, c'est son derrière qui reçoit la fessée. Pour l'enfant, c'est parfaitement juste.

Comment un homme a payé la dîme avant d'être né

Cette idée était si profondément enfouie dans l'esprit de Paul qu'il utilisa un curieux exemple pour l'expliquer. Il dit que lui, arrière-petit-fils d'Abraham, « paya les dîmes en Abraham ». Mais quand Abraham paya ces dîmes à Melchisédech, il n'avait pas encore d'enfant du tout. Comment un descendant éloigné d'un ancêtre encore sans enfant pouvait-il vraiment payer des dîmes ? Ceci semble tiré par les cheveux. Cependant, Paul ose dire que Lévi paya les dîmes avant même que son propre père, Jacob ait été engendré ! Il était encore dans les reins d'Abraham quand Melchisédech le rencontra (Hébreux 7:9, 10). Ou bien Paul se trompa visiblement ou la Bible reconnaît le principe de notre identité collective « en Abraham » et « en Christ ».

L'Ancien Testament expose cette idée extraordinaire :

a) Pour Osée, Israël au long de nombreuses générations est un seul individu de la jeunesse à l'âge adulte. Israël chantera... comme aux jours de sa jeunesse et comme aux jours où il est sorti du pays d'Égypte (Osée 11:1; 2:15). Israël est personnifié par une jeune fille qui doit devenir l'épouse du Seigneur.

b) Pour Ézéchiel, l'histoire de Jérusalem est la biographie d'un seul individu :

Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel, à Jérusalem :

« Par ton origine et ta naissance tu es du pays de Canaan; ton père était un Amoréen et ta mère une Hétienne... Je passai près de toi, je te regardai, et voici ton temps était là, le temps des amours... Tu étais d'une beauté accomplie, digne de la royauté. » (Ézéchiel 16:3-13)

Des générations d'Israélites peuvent aller et venir, mais leur identité personnelle communautaire demeure. La culpabilité de « jeunesse » reste conservée dans l'âge adulte comme un adulte demeurera coupable d'une faute commise quand il était jeune, même si les physiologistes disent que toutes les cellules de son corps ont été remplacées durant les années intermédiaires. L'identité morale personnelle de quelqu'un demeure indépendamment de la composition moléculaire du corps.

c) Moïse a enseigné le même principe. Il s'adressa à sa génération comme au « vous » qui assisterait à l'accomplissement de ses paroles relatives à la captivité à Babylone environ mille ans plus tard (Lévitique 26:3-40). Il appela aussi les générations suivantes à reconnaître leur faute collective avec « leurs pères » :

« Ils confesseront leurs iniquités et les iniquités de leurs pères, les transgressions qu'ils ont commises envers moi, et la résistance qu'ils m'ont opposée, péchés à cause desquels moi aussi je leur résisterai et les mènerai dans le pays de leurs ennemis. Et alors leur cœur incirconcis s'humiliera, et ils paieront la dette de leurs iniquités... Je me souviendrai en leur faveur de l'ancienne alliance, par laquelle je les ai fait sortir du pays d'Égypte. » (Lévitique 26:40-45)

d) Les générations suivantes ont reconnu parfois ce principe. Le roi Josias confessa que « grande est la colère de l'Éternel, qui s'est enflammée contre nous, parce que nos pères n'ont point obéi aux paroles de ce livre et n'ont point mis en pratique tout ce qui nous y est prescrit » (2 Rois 22:13). Il n'a rien dit au sujet de la faute de sa propre génération, car il avait vu clairement leur participation à la culpabilité des générations précédentes.

e) Esdras prend en bloc la faute de sa génération avec celle de ses pères. « Depuis les jours de nos pères, nous avons été grandement coupables jusqu'à ce jour, et c'est à cause de nos iniquités que nous avons été livrés, nous, nos rois et nos sacrificateurs, aux mains des rois étranger. » (Esdras 9:7) « Nos rois », c'étaient ceux des générations passées, car il n'y avait pas de roi vivant au temps d'Esdras (Voir Appendice C).

f) L'identité de David et de Christ est frappante. David écrit des Psaumes profonds exprimant si parfaitement ce que Christ devait connaître, que le Sauveur utilisa les paroles de David pour exprimer les sentiments de son propre cœur brisé : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? (Psaumes 22:1; Matthieu 27:46) Christ est la Parole « faite chair ». Nulle part la parfaite identité communautaire d'un « membre » avec la « Tête » ne se voit plus clairement que dans cette relation entre David et Christ. Christ sait qu'il est le « fils de David ». Il a fait ses délices des paroles de David, et il a été inspiré par les expériences de David. L'image parfaite qu'il voit de lui-même dans l'Ancien Testament avec l'expérience et les paroles des prophètes, il la concrétise dans sa propre chair par la foi.

g) Cette idée d'identité atteint son zénith dans le Cantique des Cantiques. Voici l'histoire d'amour de tous les temps. Christ aime une « femme », son Église, Israël, « l'enfant » insensé, appelé à sortir d'Égypte, la femme inconstante au « temps de l'amour » durant « sa jeunesse », la femme infidèle aux jours du royaume, « affligée et abandonnée » durant la captivité, devient finalement l'Épouse éprouvée et préparée pour Christ. À la fin, grâce à la repentance générale, elle est préparée à devenir son épouse.

La Pentecôte : l'histoire d'Israël n'est pas vaine

Jésus fut déçu de son appel aux Juifs. Cependant il y eut à la Pentecôte une démonstration glorieuse de ce principe de la repentance communautaire. Son appel originel en vue de la repentance nationale ne fut pas entièrement vain.

Il est peu vraisemblable que les trois mille qui se convertirent ce jour-là, crièrent tous personnellement : « Crucifiez-le » au procès de Christ, ou se moquèrent personnellement de lui quand il fut pendu sur la croix. Les auditeurs de Pierre reconnurent leur culpabilité partagée. Cependant, les chefs Juifs refusèrent obstinément de faire cela. « Ne vous avons-nous pas défendu expressément d'enseigner en ce nom-là ?... Vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme. » (Actes 5:28) Leur seul espoir aurait été de reconnaître que son sang était sur eux !

La Pentecôte est un modèle qui inspire le peuple de Dieu depuis près de deux mille ans. Qu'est-ce qui rendit ces résultats grandioses possibles ? Le peuple crut à la description de sa culpabilité communautaire, et confessa franchement sa part dans le plus grand péché de tous les temps.

L'antithèse de la Pentecôte fut le refus du Sanhédrin d'accepter la description d'Étienne de la culpabilité solidaire tout au long de l'histoire nationale. « Vous vous opposez toujours au Saint-Esprit. Ce que vos pères ont été, vous l'êtes aussi. Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté ? Ils ont tué ceux qui annonçaient d'avance la venue du Juste, que vous avez livré maintenant, et dont vous avez été les meurtriers. » (Actes 7:51, 52) « Se bouchant les oreilles, ils se précipitèrent tous ensemble sur lui, le traînèrent hors de la ville, et le lapidèrent (Versets 57, 58).

Voyons-nous le plan qui avait été exécuté ? Il débuta avec Caïn. Une génération après l'autre refusa de voir sa culpabilité solidaire. Finalement, l'Israël impénitent prouva au monde quelle est la fin tragique qui suit l'impénitence nationale. Distinction bien peu enviable !

Mais cette heure tragique où Israël scella sa condamnation en tuant Étienne, une vérité commença à se développer dans un cœur humain honnête qui conduirait à corriger le péché d'Israël. Les « témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme nommé Saul ». La conscience troublée de ce jeune homme devait développer la grande idée d'un « corps de Christ » universel qui finalement montrerait dans un déploiement complet et final les bénédictions de la repentance que les Juifs ont refusée.