Jésus-Christ interpelle encore Laodicée

Chapitre 4

Comment une repentance plus profonde pénètre le « corps »

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Le poète du dix-septième siècle, John Donne a saisi la vérité que j'essaie d'exprimer :

Aucun homme n'est une île complète en elle-même; tout homme est un morceau de continent, une partie de la terre ferme; si une motte est emportée par la mer, l'Europe est diminuée, aussi bien que si un promontoire était emporté, autant que si un château à tes amis ou à toi-même était emporté; la mort d'un homme me diminue car je suis impliqué dans l'humanité, et ne cherche donc jamais à savoir pour qui sonne le glas; il sonne pour toi.

Ce n'aurait été qu'un pas de plus pour John Donne de dire : « Le péché de tout homme me diminue, car je suis engagé dans l'humanité; et donc ne fais jamais de recherche pour savoir qui a crucifié le Christ : C'est toi. »

Une personne est plus qu'une collection éparpillée de membres, d'organes et de cellules. Ces parties d'un « corps » prospèrent grâce à des relations vitales avec l'ensemble. Aucun être ne pourrait survivre seul. Telle est l'Église. Christ est « la tête » et nous sommes tous individuellement « membres de son corps ».

Aucun croyant en Christ, individuellement ne peut révéler toutes les facettes infinies de son caractère. Une seule partie d'un corps physique ne peut non plus concrétiser toutes les intentions de la tête. Les pieds peuvent faire des choses que les mains ne peuvent faire et vice versa. Chacun de nous dans l'Église est nécessaire.

L'apôtre Paul saisit l'idée de ces relations vitales de membre à membre et à Christ. Vraiment inspiré par le Saint-Esprit, son illustration simple est brillante. C'est presque comme si le corps humain avait été créé juste pour fournir ce symbole parfait des relations que l'Église entretient avec le monde et avec Christ :

Christ est comme un seul corps avec ses membres et ses organes nombreux qui, même s'ils sont nombreux, forment ensemble un seul corps... Un corps n'est pas un seul organe, mais beaucoup... Dieu a fixé à chaque membre et à chaque organe sa propre place dans le corps, selon sa volonté. Si le corps entier était un seul organe, il n'y aurait pas de corps du tout; en réalité cependant il y a de nombreux organes différents, mais un seul corps... Dieu a organisé les diverses parties du corps, accordant un honneur spécial aux parties plus humbles de sorte qu'il ne puisse pas y avoir de division dans le corps, mais que tous ses organes puissent éprouver le même intérêt les uns pour les autres. Si un seul organe souffre tous souffrent ensemble... Or vous êtes le corps de Christ et chacun de vous est un membre ou un organe de ce corps. (1 Corinthiens 12:12-27)

Signification réelle du mot « communauté »

Le mot « corps » est un nom, et le mot « corporellement » est un adverbe; mais il n'y a pas en anglais d'adjectif significatif qui puisse décrire la nature de ces relations à l'intérieur du « corps » sinon le mot « communautaire », du latin corpus, corps.

On le définit comme « se rapportant à un tout composé d'individu ». La simple expérience peut l'expliquer.

Qu'arrive-t-il quand on se cogne fort un orteil ? Aussitôt on saisit la relation communautaire des membres et organes du corps. On s'arrête tandis que le corps entier coopère et fait un effort pour frotter l'orteil blessé et diminuer la douleur. On peut même avoir mal dans tout le corps. Les autres membres et organes éprouvent un intérêt pour cet orteil blessé, comme si chacun sentait cette douleur.

On peut penser que les autres membres éprouvent une responsabilité de cette blessure, que la jambe dise : « Si j'avais été plus prudente, l'orteil ne se serait pas cogné » ou que l'œil dise : « Si j'avais été plus attentif, cela ne serait pas arrivé ». « Si un organe souffre, ils souffrent tous ensemble. » (1 Corinthiens 12:26) L'idée de responsabilité communautaire est implicite dans l'illustration inspirée de Paul.

Toute maladie ou imputation du corps devient un « schisme » qu'il faut éviter à presque tout prix. De même, la moindre désunion, mésentente ou absence de compassion dans l'Église est étrangère à Christ et à son corps. Elle est aussi étrangère que la maladie ou l'accident l'est pour le corps humain. Le péché est tel un accident pour le « corps de Christ » et la culpabilité est sa maladie.

Souvent, nous souffrons d'une maladie sans savoir quel organe est malade ou même ce qui la cause. Notre maladie laodicéenne de tiédeur pourrait-elle être quelque chose de similaire ? Quel est le virus spirituel qui la perpétue ? Comment peut-elle être d'une nature à la fois personnelle et communautaire ?

Certains lions sont-ils « gentils » et certains autres sont-ils « méchants » ?

Quelques lions africains mangent l’homme, mais la vaste majorité ne goûte jamais à l’être humain. Ceci signifie-t-il que la plupart des lions sont « gentils » et seulement quelques-uns sont « méchants » ?

Il n'y a pas de différence dans la mesure où il s'agit du « caractère » du lion. Tous les lions sont semblables, et si les circonstances favorables existent, tout lion mangera l'homme. Quand il devient faible ou vieux, privé de l'orgueil qui normalement lui fournirait la nourriture, il redevient vite mangeur d'hommes. On a noté au chapitre 3 l'affirmation troublante d'E. White : « Dans les livres du ciel sont notés les péchés qui auraient été commis s'il y avait eu une occasion ». Un lion mangeur d'homme manifeste simplement sa nature fondamentale et l'on peut être reconnaissant que la plupart d'entre eux n'aient pas l'occasion de la révéler pleinement !

Quelle est notre nature fondamentale en tant que pécheurs ? La réponse est désagréable à accepter. Nous avons de l'inimitié pour Dieu par nature, et nous attendons seulement les circonstances favorables pour la manifester. Crucifier le Fils de Dieu est son ultime dimension.

Une maladie familière peut illustrer comment le péché opère dans la nature humaine. Dans les régions du paludisme le moustique anophèle pique les gens et la maladie les contamine. Dix jours après la piqûre, les parasites dans le sang produisent la fièvre paludéenne. Non seulement le seul « membre » tel que le doigt est affecté, qui a eu la piqûre du moustique, mais le corps entier participe à la fièvre commune. Le sang a transporté les parasites partout. C'est une maladie de la communauté.

Quand on reçoit une piqûre d'un médicament contre le paludisme dans un « membre », le bras qui le reçoit n'est pas le seul membre qui en bénéficie. Le médicament commence à voyager dans le courant sanguin. Bientôt le corps entier guérit de la maladie et la fièvre disparaît de tout le corps, non seulement du seul « membre ». C'est une guérison communautaire.

Pour comprendre ce qu'est la repentance totale, nous avons besoin de comprendre nos relations avec la race humaine entière « en Adam ». La Bible considère que la race humaine dans sa totalité est un seul homme — Adam. Mais Christ est venu pour prendre la place d'Adam; quand il mourut sur la croix, la totalité du monde est morte avec lui, en principe. De même que le corps entier ressent la fièvre de l'infection paludéenne, de même Christ a ressenti le poids des péchés du monde. Nous devons comprendre ceci pour apprécier la guérison qu'il apporte. Tant que nous ressentons que nous avons échappé à l'infection du parasite commun du péché « en Adam », nous nous sentirons supérieurs aux autres simplement parce que l'infection ne s'est pas produite dans le « membre » particulier que nous sommes. Alors nous ne réussirons pas à prendre part à la pleine guérison de la communauté que Christ procure.

Nous sommes sans force pour aider quelqu'un à trouver la délivrance de son péché si avec un esprit de supériorité nous ne réussissons pas à ressentir le poids de sa culpabilité. Pour sentir ce poids, nous n'avons pas besoin de répéter son acte de péché. Par la repentance communautaire, nous nous mettons à sa place. Ceci n'est pas difficile; comme nous le verrons, Christ nous a montré le chemin. Ce qui est nécessaire c'est de voir et d'apprécier Christ plus complètement !

Portrait de Christ et de son corps

Les résultats seront merveilleux quand le peuple de Dieu en tant qu'Église apprendra à avoir pour le monde les mêmes sentiments que Christ éprouve. La seule façon pour lui de montrer son amour est de nous utiliser. C'est pourquoi « Dieu a placé ... dans l'Église » les dons différents de son Esprit afin que l'Église puisse devenir son « corps » efficace pour exprimer son caractère devant le monde, comme une personne en bonne santé exprime au moyen de ses membres physiques les pensées et les intentions de son esprit. Ces « dons » conduisent au don suprême de l'amour qui, dit Paul, est « une voie plus excellente ».

1 Corinthiens 12 étudie les relations de la communauté des « nombreux membres » les uns avec les autres et avec Christ. Ceci conduit à l'amour surnaturel révélé dans le chapitre 13. On ne doit pas penser qu'il est impossible de réaliser un tel amour. C'est la fonction normale du « corps », son efficacité communautaire dans le service.

Beaucoup ont vu dans le chapitre 13 un « portrait » de Christ. Mais dans son contexte complet. Le portrait de l'amour est vraiment celui de l'Église. Paul associa le treizième chapitre avec le douzième pour démontrer comment l'union des « membres nombreux » avec Christ agit dans la vie pratique. Il est possible que cela se réalise pleinement maintenant.

Quand les « membres nombreux » concrétiseront l'amour de Christ pour notre monde sombre, les frontières seront clairement tracées. Tout homme se décidera pour ou contre cette révélation finale de l'amour. La marque pourra être annoncée car le jeu sera terminé. Ainsi la prophétie du Seigneur s'accomplira au moyen du témoignage personnel : « Cet Évangile du royaume sera prêché dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin. » (Matthieu 24:14)

Le corps physique est créé de sorte que chaque membre coopère dans une parfaite unité. « Ainsi également est Christ... Il ne doit pas y avoir de schisme dans le corps... les membres doivent manifester le même soin les uns pour les autres. » (1 Corinthiens 12:12, 25) Aucun accident sur les voies nerveuses vitales ne détruit cette unité. La repentance du Jour des Expiations est la communication nerveuse qui transmettra un amour efficace à tous les membres du corps de Christ qui veulent bien recevoir ce don.