Heureux ceux qui

Chapitre 6

Aimez-vous les uns les autres

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“Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés.”

Quand les hommes s’efforcent de mériter le salut par leurs propres œuvres, ils sont inévitablement amenés à imaginer des préceptes qu’ils dressent comme des barrières contre le péché. Dans leur impuissance à observer la loi, ils imaginent des codes et des règlements impératifs dans l’espoir d’y parvenir. Mais tous ces efforts ont pour effet de détourner l’homme de son Créateur pour le ramener à lui-même. L’amour de Dieu s’éteint dans son cœur en même temps que l’amour du prochain. Les codes humains, avec leurs innombrables prescriptions, amènent leurs partisans à condamner tous ceux qui ne s’y conforment pas exactement. Cette atmosphère d’égoïsme et de critique mesquine étouffe tout sentiment noble et généreux et transforme les hommes en juges prétentieux et en espions.

Tels étaient les pharisiens. Ils sortaient de leurs services religieux, non pas humiliés par le sentiment de leur propre faiblesse, ni reconnaissants envers Dieu pour les grands privilèges qu’ils avaient reçus de lui, mais enflés d’un orgueil spirituel qui leur faisait dire: moi, mes sentiments, mes connaissances, mes habitudes. Jugeant les autres d’après leurs conceptions personnelles, drapés dans leur propre dignité et s’érigeant en juges, ils se condamnaient mutuellement du haut de leur tribunal.

Le même esprit était largement répandu parmi les gens du peuple, où, violant le domaine de la conscience, on se permettait de juger ses semblables dans des domaines qui ne concernaient que l’âme et Dieu. C’est en pensant à cet esprit et à ces pratiques que Jésus recommanda: “Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés”, c’est-à-dire: Ne vous donnez pas en exemple. Ne faites pas de vos opinions, de vos idées personnelles sur le devoir ou de votre interprétation des saintes Écritures un critère pour juger les autres. Ne condamnez pas ceux qui ne suivent pas à votre idéal. Ne critiquez pas non plus vos frères en les jugeant sur des mobiles que vous leur prêtez.

“C’est pourquoi ne jugez de rien avant le temps, jusqu’à ce que vienne le Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs.” 1 Corinthiens 4:5. Nous ne savons pas lire dans les cœurs. Les fautes que nous commettons nous disqualifient pour juger celles d’autrui. Les hommes étant mortels et bornés, ils ne peuvent juger que d’après les apparences. Celui-là seul qui voit les mobiles secrets, qui est plein de tendresse et de compassion, peut juger avec équité.

“0 homme, qui que tu sois, toi qui juges, tu es donc inexcusable; car, en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui juges, tu fais les mêmes choses.” Romains 2:1. Ainsi donc, ceux qui critiquent et condamnent leurs semblables se proclament par là même coupables, puisqu’ils font les mêmes choses. En condamnant les autres, ils se condamnent eux-mêmes, et Dieu approuve le verdict qu’ils prononcent.

“Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère?”

Cette déclaration: “Toi qui juges, tu fais les mêmes choses”, ne souligne pas toute la gravité du péché de celui qui se permet de critiquer et de condamner son frère. Jésus dit: “Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil?”

Ces paroles s’adressent à ceux qui excellent à découvrir les défauts des autres et qui, lorsqu’ils pensent avoir trouvé une tache dans le caractère ou dans la vie d’autrui, déploient tout leur zèle pour la faire remarquer. Jésus déclare que cette façon d’agir, peu chrétienne, dénote un défaut de caractère dont la gravité est, par rapport à la faute en question, comme une poutre comparée à une paille.

C’est le manque d’indulgence et d’amour qui pousse à faire un monde d’un atome. Il est impossible à ceux qui n’ont jamais ressenti la contrition que procure un abandon total à Dieu de manifester dans leur vie la tendre influence de l’amour du Sauveur. Ils dénaturent l’esprit aimable et courtois de l’Évangile et blessent des âmes précieuses pour lesquelles Jésus est mort. La comparaison employée par le Maître montre que celui qui entretient en lui un esprit de jugement est plus coupable que celui qu’il censure, car non seulement il commet les mêmes fautes, mais il y ajoute encore l’orgueil et la critique.

Jésus étant le seul vrai modèle, quiconque se donne en exemple aux autres prend la place du Christ. Et puisque le Père “a remis tout jugement au Fils” (Jean 5:22), celui qui a la prétention de juger les mobiles des autres usurpe en outre les prérogatives du Fils de Dieu. Ces prétendus juges et critiques se placent ainsi dans les rangs de l’Antichrist “qui s’élève au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu ou de ce qu’on adore, jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, se proclamant lui-même Dieu”. 2 Thessaloniciens 2:4.

Le péché dont les conséquences sont les plus lamentables est cet esprit froid, critique, implacable, qui caractérisait le pharisaïsme. Une vie religieuse qui manque de charité prouve qu’elle n’est pas illuminée par l’amour du Christ, et ce n’est pas une activité intense ni un zèle dévorant qui comblera cette lacune. On peut posséder une merveilleuse finesse de perception pour découvrir les défauts des autres, mais, à celui qui s’adonne à cet exercice, Jésus dit: “Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère.” Le coupable est le premier à suspecter les autres. En condamnant son semblable, il cherche à cacher ou à excuser le mal qui est en lui. C’est par le péché que les hommes ont eu la connaissance du mal. À peine nos premiers parents eurent-ils désobéi qu’ils se mirent à s’accuser mutuellement. Telle est la nature humaine chaque fois qu’elle n’est pas sous l’influence de la grâce.

Ceux qui agissent ainsi ne se contentent pas de signaler ce qu’ils estiment répréhensible chez leur frère. S’ils ne parviennent pas, par des mesures modérées, à le rendre tel qu’ils voudraient le voir, ils ont recours à la manière forte; ils vont dans cette voie aussi loin qu’ils le peuvent pour l’obliger à se soumettre à leur conception du bien. C’est ce que faisaient les Juifs aux jours du Sauveur et ce que l’Église a toujours fait depuis, chaque fois qu’elle a perdu de vue l’esprit du Christ. Dépourvue de la puissance d’amour qui l’animait, elle a fait appel au bras séculier pour imposer ses dogmes et faire exécuter ses décrets. C’est là qu’il faut chercher la véritable raison d’être de toutes les lois religieuses qui ont été promulguées et de toutes les persécutions, depuis Abel jusqu’à nos jours.

Loin d’obliger les hommes, Jésus les attire à lui. La seule force dont il se serve est celle de l’amour. Quand l’Église recherche le secours du pouvoir séculier, il est évident que c’est parce que la puissance d’en haut — l’amour divin — lui fait défaut.

C’est dans les membres de l’Église, pris individuellement, que réside le mal, et c’est là qu’il faut appliquer le remède. Jésus invite l’accusateur à enlever d’abord la poutre de son œil, c’est-à-dire à renoncer à son esprit caustique et à confesser son péché, avant de chercher à corriger les autres. Car “ce n’est pas un bon arbre qui porte du mauvais fruit, ni un mauvais arbre qui porte du bon fruit”. Luc 6:43. Cet esprit de jugement auquel nous nous laissons aller est un mauvais fruit qui montre que l’arbre est mauvais. Il serait vain de vouloir persévérer dans notre propre justice. Ce dont nous avons besoin, c’est que notre cœur soit changé. Voilà l’expérience par laquelle nous devons passer avant d’espérer pouvoir corriger les autres, car “c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle”. Matthieu 12:34.

Lorsqu’une crise survient dans la vie d’une personne à laquelle nous désirons apporter le secours de nos conseils ou de nos réprimandes, souvenons-nous que nos paroles n’auront d’autre influence que celle que notre exemple et notre esprit nous auront acquise. Il faut être bon avant de vouloir faire le bien. Nous n’exercerons jamais une action efficace sur nos semblables si notre cœur n’a pas été humilié, purifié et attendri par la grâce du Christ. Quand ce changement aura été accompli en nous, il nous sera alors aussi naturel de vivre pour le bonheur des autres qu’il l’est au rosier de donner ses boutons odorants ou à la vigne ses grappes dorées.

Si Christ, “l’espérance de la gloire”, demeure en nous, nous ne chercherons plus à observer nos frères pour découvrir leurs erreurs. Au lieu de vouloir accuser ou condamner les autres, efforçons-nous de les aider, de les encourager et de les sauver. Dans nos rapports avec ceux qui tombent, pensons au conseil qui nous est donné: “Prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté.” Galates 6:1. Souvenons-nous de nos nombreuses défaillances et de la difficulté que nous éprouvons à retrouver le droit chemin après l’avoir abandonné. Au lieu de pousser notre frère plus loin dans les ténèbres, montrons-lui, d’un cœur rempli de compassion, le danger auquel il est exposé.

Celui qui contemple souvent la croix du Calvaire, conscient que ses péchés y ont conduit le Christ, ne cherchera jamais à atténuer sa culpabilité en la comparant à celle d’autrui. Il ne s’érigera pas en juge pour accuser ses semblables. Ceux qui marchent à l’ombre de la croix ignorent complètement l’esprit de critique et d’orgueil.

Ce n’est que lorsque nous nous sentirons prêts à sacrifier notre amour-propre et même notre vie pour sauver un frère tombé que nous aurons vraiment ôté la poutre de notre œil, et qu’il nous sera possible de venir en aide à ce frère. Alors seulement nous pourrons nous approcher de lui et toucher son cœur. Les censures et les reproches n’ont jamais arraché personne au mal; au contraire, beaucoup d’âmes ont été ainsi éloignées de Jésus et se sont fermées à la foi; au contraire, la tendresse, la douceur et l’amabilité apportent le salut aux égarés et couvrent une multitude de péchés.

La manifestation de l’Esprit du Christ dans votre caractère opérera chez ceux qui vous entourent une réelle transformation. Laissez Jésus agir dans votre cœur jour après jour et vous verrez se développer en vous la puissance créatrice de sa Parole: une influence douce, persuasive mais efficace, qui recréera dans d’autres âmes la beauté du Seigneur notre Dieu.

“Ne donnez pas les choses saintes aux chiens.”

Jésus fait ici allusion à ceux qui ne souffrent pas de l’esclavage du péché et n’ont donc aucun désir d’en être délivrés. Après s’être complus dans la perversité et la souillure, ils sont à tel point pervertis qu’ils se cramponnent au mal et ne veulent pas s’en séparer. Les serviteurs de Dieu ne doivent pas perdre leur temps avec ceux qui ne voient dans l’Évangile qu’un sujet de discussion et de raillerie.

Mais le Sauveur ne se détourne jamais d’une âme, si déchue soit-elle, lorsqu’elle est disposée à recevoir les précieuses vérités du ciel. Pour des publicains et des femmes débauchées, ses paroles furent le commencement d’une vie nouvelle. Marie-Madeleine, qu’il avait délivrée de sept démons, resta la dernière au sépulcre et fut la première que Jésus salua au matin de la résurrection. Saul de Tarse, l’un des ennemis les plus acharnés de l’Évangile, devint Paul, l’ardent ministre du Christ. Il arrive souvent que, sous l’extérieur du crime et de la dégradation, soit cachée une âme que la grâce du Sauveur délivrera du péché et qui deviendra ensuite un joyau resplendissant dans la couronne du Rédempteur.

“Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira.”

Pour ne laisser aucune place au scepticisme, au malentendu, ou à une fausse interprétation de ses paroles, Jésus, pour la quatrième fois, répète encore cette promesse. Il désire que ceux qui cherchent Dieu croient en sa toute-puissance. C’est pourquoi il ajoute: “Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe.”

Le Seigneur ne pose d’autre condition qu’un désir ardent et sincère de son pardon, de ses enseignements, de son amour. “Demandez.” Ce faisant, vous montrez que vous avez conscience de vos besoins, et vous recevrez si vous demandez avec foi. Le Christ a donné sa parole et il ne saurait y manquer; ne croyez pas qu’il soit présomptueux de votre part de venir solliciter ce qu’il a promis. Quand vous réclamez la grâce divine qui vous est nécessaire pour rendre votre caractère semblable au sien, le Sauveur affirme que votre demande sera exaucée. Pourvu que vous reconnaissiez votre condition de pécheur, vous pouvez invoquer sa miséricorde et sa compassion. Ce n’est pas parce que vous êtes saint que vous venez à Dieu, mais parce que vous désirez être lavé de tout péché et purifié de toute iniquité. Notre dénuement total et notre état désespéré plaideront toujours en notre faveur, car ils font de la bonté de Dieu et de sa puissance rédemptrice une nécessité absolue.

“Cherchez.” Ne recherchez pas seulement sa bénédiction mais recherchez-le lui-même. “Attache-toi donc à Dieu, et tu auras la paix; tu jouiras ainsi du bonheur.” Job 22:21. Cherchez et vous trouverez. Rappelez-vous que c’est Dieu lui-même qui vous appelle et que le désir que vous éprouvez de venir à lui est un effet de l’action de son Esprit en vous. Cédez donc à cette attraction. Jésus intercède en faveur de ceux qui sont tentés, égarés, sans foi. Il désire les élever jusqu’à lui et devenir leur compagnon. “Si tu le cherches, il se laissera trouver par toi.” 1 Chroniques 28:9.

“Frappez.” Nous sommes tout particulièrement invités à venir à Dieu, qui nous attend patiemment pour nous accueillir en sa présence. Les premiers disciples de Jésus ne se contentèrent pas d’une conversation hâtive avec lui; chemin faisant, ils lui dirent: “Rabbi, où demeures-tu? [...] Ils allèrent, et ils virent où il demeurait; et ils restèrent avec lui ce jour-là.” Jean 1:38, 39. De même, nous pouvons, nous aussi, être admis dans une communion intime et étroite avec Dieu. “Celui qui demeure sous l’abri du Très-Haut repose à l’ombre du Tout-Puissant.” Psaumes 91:1. Que ceux qui recherchent la bénédiction de Dieu frappent à la porte de la grâce et attendent avec assurance en disant: “Tu as dit, Seigneur, que quiconque demande reçoit, que celui qui cherche trouve, et qu’on ouvre à celui qui frappe.”

Regardant la foule assemblée pour entendre ses paroles, et désirant vivement lui faire apprécier la miséricorde et l’amour de Dieu, Jésus prend pour exemple un enfant qui, ayant faim, demande du pain à son père. “Lequel de vous, dit-il, donnera une pierre à son fils, s’il lui demande du pain?” Puis, s’appuyant sur les sentiments très forts qui unissent parents et enfants, il continue: “Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent.” Aucun père ne se détournerait de son fils affamé. Se moquerait-il de ce fils, le torturerait-il en excitant son appétit avec l’intention de tromper son attente? Lui promettrait-il de bons aliments pour ne lui donner qu’une pierre? Qui donc oserait offenser Dieu en pensant qu’il puisse rester sourd aux appels de ses enfants?

“Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent.” Luc 11:13. Le Saint-Esprit — le représentant de Dieu — constitue le plus grand de tous les dons. Toutes les “bonnes choses” sont comprises dans ce don. Le Créateur lui-même ne peut rien nous donner de plus grand ni de meilleur. Quand nous supplions Dieu d’avoir pitié de notre détresse et de nous guider par son Saint-Esprit, il ne rejette jamais notre prière. Un père pourrait peut-être rester insensible aux besoins de son enfant, mais Dieu, lui, n’est jamais sourd aux appels d’un cœur indigent ou malheureux qui s’attend à lui. Avec quelle merveilleuse tendresse n’a-t-il pas affirmé son amour! Voici le message qu’il adresse à tous ceux qui, aux jours sombres, se croient abandonnés: “Sion disait: l’Éternel m’abandonne, le Seigneur m’oublie! — Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle allaite? N’a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles? Quand elle l’oublierait, moi je ne t’oublierai pas. En effet, je t’ai gravée sur mes mains.” Ésaïe 49:14-16.

Chaque promesse de la Parole de Dieu repose sur un serment de Yahveh et nous invite à la prière. Mais quelle que soit la bénédiction dont nous ayons besoin, demandons-la au nom de Jésus. Simplement, comme le ferait un enfant, nous pouvons dire au Seigneur précisément ce qu’il nous faut. Nous pouvons lui exprimer nos besoins temporels: la nourriture et le vêtement, aussi bien que nos besoins spirituels, qui sont le Pain de vie et le vêtement de la justice du Christ. Notre Père céleste sachant que tout cela nous est nécessaire nous invite à nous adresser à lui au nom de Jésus. Car, pour honorer ce nom, il puisera dans son infinie richesse et nous donnera tout ce qui nous est utile.

Mais n’oublions pas que si nous venons à Dieu comme à un père c’est que nous reconnaissons être son enfant, et que non seulement nous faisons confiance à sa bonté, mais que nous acceptons d’accomplir sa volonté en toutes choses, nous consacrant nous-mêmes à son service. C’est à ceux auxquels il a recommandé de chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice que Jésus dit: “Demandez et vous recevrez.”

Les dons de celui qui possède toute-puissance dans les cieux et sur la terre sont à la disposition de ses enfants. Ils ont une valeur inestimable puisqu’ils nous ont été acquis par le sang précieux du Rédempteur, et ils sont éternels. Répondant aux besoins les plus profonds et les plus ardents du cœur, ils seront le joyeux partage de tous ceux qui viennent au Père comme de petits enfants. Approprions-nous les promesses de Dieu; présentons-les lui comme étant ses propres paroles et nous connaîtrons une joie parfaite.

“Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux.”

La certitude que Dieu nous aime nous oblige à nous aimer les uns les autres. Cet amour mutuel, nous dit Jésus, est le grand principe qui doit présider aux relations humaines.

Les Juifs comptaient recevoir divers avantages sous le règne du Messie. Leur souci suprême était de s’assurer la puissance, les égards et les hommages auxquels ils pensaient avoir droit. Mais le Christ nous montre, par ces paroles, que le but de nos préoccupations ne devrait pas être de savoir ce que nous devons recevoir, mais ce que nous pouvons donner. Nos obligations envers autrui sont précisément celles que nous estimons être les leurs à notre égard.

Dans nos rapports avec nos semblables, nous devons nous mettre à leur place, essayer de comprendre leurs sentiments, leurs difficultés, leurs déceptions, leurs joies et leurs douleurs. Nous devons nous identifier à eux et les traiter comme nous aimerions l’être si nous étions dans leur situation. Voilà l’essence même de l’honnêteté. C’est un autre aspect du commandement: “Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” Et c’est aussi le résumé de l’enseignement des prophètes. C’est un principe divin qui se sera développé dans tous ceux qui seront admis à jouir de la société des êtres célestes.

Cette règle d’or est le fondement même de la véritable courtoisie et c’est dans la vie et dans le caractère de Jésus qu’elle a été le mieux illustrée. Oh! Quels rayons de tendresse et de bonté émanaient de la vie quotidienne de notre Sauveur! Quelle douceur procurait sa présence! Ses enfants manifesteront le même esprit. Ceux en qui Jésus demeure vivront dans son atmosphère. Le vêtement blanc de leur pureté exhalera les parfums du jardin de l’Éternel. Leur visage resplendira de son éclat et illuminera le chemin des âmes lassées et chancelantes.

Celui qui a saisi en quoi consiste la perfection idéale du caractère ne manquera jamais de témoigner autour de lui la sympathie et la tendresse du Christ. L’influence de la grâce doit attendrir le cœur, affiner et purifier les sentiments et communiquer un sens élevé de la délicatesse et de la bienséance.

Mais la règle d’or a une portée encore plus étendue. Quiconque est devenu dispensateur de la grâce de Dieu doit la partager avec les âmes qui sont dans l’ignorance et les ténèbres, comme il aimerait que les autres le fissent, s’il se trouvait dans leur cas. L’apôtre Paul déclare: “Je me dois aux Grecs et aux barbares, aux savants et aux ignorants.” Romains 1:14. Considérez tout ce que vous devez à l’amour, à la richesse de la grâce de Dieu et comprenez quelles sont vos obligations à l’égard des âmes enténébrées et avilies.

Il en est de même en ce qui concerne les dons et les avantages matériels. Tout ce que nous possédons de plus que nos semblables nous donne un devoir à l’égard des moins favorisés. Si nous sommes riches ou seulement aisés, nous sommes dans l’obligation solennelle de prendre soin de ceux qui souffrent, de la veuve et de l’orphelin, et cela de la manière même dont nous aimerions être traités si nous étions à leur place.

La règle d’or rejoint ici la même vérité enseignée dans le Sermon sur la montagne: “On vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez.” Tout ce que nous faisons à autrui, soit en bien, soit en mal, rejaillira inévitablement sur nous en bénédiction ou en malédiction. Nous retrouverons tout ce que nous donnons. Les biens terrestres que nous partageons avec nos semblables nous sont même souvent rendus sous une forme tangible. Nous recevons fréquemment dans un moment difficile bien plus que le quadruple de ce que nous avons donné. Mais si nous sommes, dès ici-bas, récompensés de nos bienfaits, c’est surtout par le sentiment toujours plus intime et profond de l’amour de Dieu, qui réunit en lui toutes les gloires et tous les trésors du ciel.

Mais le mal que nous avons commis nous revient de la même façon. Quiconque se permet de condamner ou de décourager quelqu’un passera lui aussi par le découragement. À son tour, il éprouvera ce que d’autres ont souffert à cause de son manque de sympathie ou de tendresse.

C’est l’amour de Dieu qui en a ainsi décidé. Il désire nous amener à haïr la dureté de nos cœurs, afin que nous les ouvrions tout grands pour que Jésus y habite. Et c’est ainsi que du mal sort le bien et que ce qui semblait une malédiction devient une bénédiction.

L’idéal de la règle d’or est, en réalité, celui du christianisme lui-même. Tout ce qui ne l’atteint pas n’est que vanité et mensonge. Une religion qui nous permettrait de mépriser nos semblables quand Jésus les a estimés assez précieux pour leur donner sa vie, ou de rester indifférents devant leurs besoins, leurs souffrances ou leurs droits matériels, serait une religion inconséquente.

En dédaignant les appels de ceux qui se débattent dans la misère, la douleur ou le péché, nous trahissons le Sauveur. C’est parce que les hommes portent le nom du Christ tout en reniant son caractère par leur conduite, que le christianisme a si peu de puissance dans le monde et que ce nom est blasphémé.

Il est écrit de l’Église apostolique, aux jours radieux où la gloire du Sauveur ressuscité resplendissait sur elle: “Nul ne disait que ses biens lui appartinssent en propre.” “Il n’y avait parmi eux aucun indigent.” “Les apôtres rendaient avec beaucoup de force témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus. Et une grande grâce reposait sur eux tous.” “Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés.” Actes 4:32-34; 2:46, 47.

Parcourez le ciel et la terre, vous n’y trouverez aucune vérité qui soit révélée avec plus de puissance que ce ministère de charité en faveur de ceux qui ont besoin de notre sympathie et de notre aide. Jésus, d’ailleurs, en était la personnification. Lorsque ceux qui professent le nom du Christ mettront en pratique les principes de cette règle d’or, la puissance même des temps apostoliques accompagnera la prédication de l’Évangile.

“Étroite est la porte, resserré le chemin qui mène à la vie.”

Au temps du Christ, les habitants de la Palestine vivaient dans des villes fortifiées situées, la plupart du temps, sur une colline ou sur une hauteur. Les portes en étaient fermées au coucher du soleil, et le voyageur qui rentrait vers le soir devait, pour arriver avant la tombée de la nuit, presser le pas, en gravissant des chemins escarpés et rocailleux. Les retardataires restaient dehors.

Ces sentiers raboteux qui conduisaient au foyer et au repos fournirent à Jésus une image saisissante de la route du chrétien. Le chemin que j’ai placé devant vous, dit-il, est étroit et l’entrée difficile, car la règle d’or en interdit l’accès à tous ceux qui sont encore sujets à l’orgueil ou à l’égoïsme. Il existe bien, en vérité, une route plus large, mais elle mène à la perdition. Si vous consentez à gravir le sentier de la vie spirituelle, vous vous élèverez sans cesse, car il monte, mais vous serez avec le petit nombre, car la multitude suit le chemin qui descend.

La route qui mène à la mort est assez large pour que l’humanité y chemine avec son esprit mondain et intéressé, son orgueil, son improbité et sa déchéance morale. Toutes les opinions et les doctrines humaines y ont leur place. On peut y suivre ses propres inclinations et satisfaire les exigences de son égoïsme. Inutile de chercher longuement sa route, car la porte est large, le chemin spacieux, et c’est naturellement que les pas s’y engagent.

Mais le chemin qui mène à la vie est resserré et la porte en est étroite. Si vous entretenez quelque péché secret, vous vous apercevrez que l’entrée est trop exiguë pour vous et lui. Si vous voulez suivre le chemin du Seigneur, il vous faudra abandonner vos propres goûts, vos désirs et vos mauvaises habitudes. Celui qui veut servir le Christ ne peut se conformer aux principes du monde, ni vivre en prenant celui-ci comme modèle. Le chemin du ciel est trop étroit pour que l’on puisse s’y encombrer de richesses ou de titres ou pour y entretenir des ambitions égoïstes; il est trop raide et trop pierreux aussi pour ceux que l’effort rebute. Les fatigues, la douceur et la patience, le renoncement personnel, la pauvreté, l’opposition et l’opprobre, telle fut la part du Seigneur et telle doit être aussi la nôtre si nous voulons entrer dans le paradis de Dieu.

N’allons pas, cependant, en conclure que le chemin qui monte est pénible et que celui qui descend est agréable. La route qui mène à la mort est semée de souffrances, de châtiments, de chagrins et de déceptions qui sont autant d’invitations à revenir en arrière.

L’amour de Dieu a voulu rendre le chemin de la destruction pénible aux insouciants et aux entêtés. Il est vrai que le chemin de Satan paraît séduisant, mais ce n’est qu’une illusion, car il abonde en remords amers et en soucis dévorants. Le monde et ses ambitions peuvent exercer un certain attrait sur nous, mais ils n’apportent, en fin de compte, que douleurs et chagrins. Des projets intéressés et personnels peuvent offrir des perspectives flatteuses à notre amour-propre ou nous donner l’espoir de certaines jouissances, mais nous aurons tôt fait de découvrir que notre bonheur est empoisonné et qu’en réalité l’égoïsme remplit la vie d’amertume. Le chemin qui descend est peut-être couvert de fleurs à son début, il n’en cache pas moins beaucoup d’épines. L’éclat des illusions qui brille à l’entrée s’éteint bientôt pour faire place aux ténèbres du désespoir; et l’âme qui suit ce sentier s’enfonce toujours plus dans les ombres d’une nuit sans fin.

Salomon nous dit: “La voie des perfides est rude”, mais les voies de la sagesse “sont des voies agréables, et tous ses sentiers sont paisibles”. Proverbes 13:15; 3:17. Chaque acte d’obéissance au Christ ou de renoncement personnel accompli en son nom, chaque tentation vaincue marque un pas en avant vers la gloire de la victoire finale. Si nous prenons Jésus-Christ comme guide, il nous conduira en sûreté. Le plus grand des pécheurs peut trouver la bonne route. Tous ceux qui cherchent en tremblant peuvent marcher dans la lumière sainte et pure sans craindre de tomber. Bien que le sentier soit si étroit, si saint que le péché ne puisse y être admis, l’accès en est cependant ouvert à tous et aucune âme, quelle que soit sa faiblesse ou la crainte qui puisse l’étreindre, ne peut dire: “Dieu ne se soucie pas de moi.”

Le chemin sera peut-être rude, bordé de précipices à droite et à gauche, et l’ascension pénible. Harassés, soupirant après le repos, nous plierons parfois sous le poids de la fatigue. Mais, avec Jésus, nous pourrons poursuivre la lutte; il renouvellera notre courage, nous servira de guide et nous mènera sûrement au but. Il a lui-même parcouru ce sentier avant nous et en a aplani pour nous tous les obstacles.

D’ailleurs, tout le long de la montée abrupte qui conduit à la vie éternelle se trouvent des sources de joie pour rafraîchir les pèlerins lassés. En dépit de nombreuses tribulations, ceux qui marchent dans les sentiers de la sagesse sont débordants de joie, car celui qu’aime leur âme chemine, invisible, tout près d’eux. Si la côte devient plus escarpée, ils discernent mieux le réconfort de sa présence. À chaque pas en avant, les rayons de gloire de l’lnvisible illuminent davantage leur sentier, et leurs chants de louange montent toujours plus haut, pour se confondre avec les cantiques des anges qui se tiennent devant le trône. “Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante, dont l’éclat va croissant jusqu’au milieu du jour.” Proverbes 4:18.

“Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite.”

Le voyageur attardé qui se hâtait d’arriver avant le coucher du soleil aux portes de la ville ne pouvait se laisser distraire par quoi que ce fût le long du chemin. Toute son attention était concentrée sur ce seul but: passer la porte. La vie chrétienne, nous dit Jésus, exige une même constance opiniâtre. Je vous ai montré la splendeur du caractère qui constitue, en réalité, la gloire de mon royaume. Elle ne vous assure aucune puissance terrestre et cependant elle est digne de vos aspirations les plus ardentes et de vos efforts les plus énergiques et les plus tenaces. Je ne vous demande pas de combattre pour la suprématie d’un grand empire de ce monde; mais n’en concluez pas qu’il n’y aura pas de batailles à livrer ni de victoires à remporter car, pour entrer dans mon royaume spirituel, vous devrez vous battre, peut-être même jusqu’à la mort.

La vie chrétienne est à la fois une marche et un combat; mais ce n’est pas la puissance humaine qui peut rendre victorieux. C’est dans le domaine du cœur qu’a lieu cette lutte, la plus grande qu’ait jamais soutenue un homme et qui a pour but la soumission personnelle à la volonté de Dieu et à la souveraineté de son amour. “Le vieil homme”, né du sang et par la volonté de la chair, ne peut hériter du royaume de Dieu, il doit abandonner ses goûts héréditaires et ses anciennes habitudes.

Celui qui décide d’entrer dans ce royaume spirituel s’apercevra bientôt que, liguées contre lui, les forces et les passions de sa nature déchue sont soutenues par la puissance du royaume des ténèbres. Il doit s’attendre à voir l’égoïsme et l’orgueil se dresser contre tout ce qui pourrait lui en dévoiler la laideur. Livrés à nous-mêmes nous ne pouvons ni surmonter nos mauvais désirs et nos habitudes pernicieuses, ni vaincre l’ennemi puissant qui nous retient en servitude. Dieu seul peut nous donner la victoire. Il désire que nous soyons maîtres de nous-mêmes, de notre volonté et de nos goûts, mais il ne peut agir en nous sans notre consentement ni notre concours. L’Esprit divin opère par le moyen des facultés et des énergies qui nous ont été données et toutes nos forces doivent collaborer avec Dieu.

Pas de victoire possible sans la prière constante et sincère, sans l’humilité et la défiance de soi. Notre volonté ne sera pas contrainte à collaborer avec les agents divins: elle devra le faire librement. Si l’influence du Saint- Esprit nous était imposée avec une puissance cent fois plus grande, nous n’en deviendrions pas de meilleurs chrétiens et le pouvoir de Satan sur nous n’en serait pas brisé. Notre volonté doit se mettre du même côté que celle de Dieu. Nous ne pouvons de nous-mêmes soumettre nos intentions, nos désirs, nos inclinations à cette volonté: mais nous pouvons souhaiter être rendus capables de vouloir le faire. Alors Dieu accomplira son œuvre en nous, au point d’amener “toute pensée captive à l’obéissance de Christ”. Alors nous travaillerons “à notre salut avec crainte et tremblement [...] car c’est Dieu qui produira en nous, selon son bon plaisir, le vouloir et le faire”. 2 Corinthiens 10:5; Philippiens 2:12, 13.

Un grand nombre d’hommes, attirés par la beauté du Christ et la gloire du ciel, reculent devant les conditions nécessaires pour les posséder. Nombreux sont ceux qui, engagés dans le chemin large, et déçus, voudraient briser l’esclavage du péché et s’opposer au mal par leurs propres forces. Leurs regards se tournent tristement vers la porte étroite; mais les plaisirs égoïstes, l’amour du monde, l’orgueil et les ambitions profanes dressent une barrière entre eux et leur Sauveur. Le renoncement à leur propre volonté, à leurs entreprises favorites, demande un sacrifice devant lequel ils hésitent et faiblissent. Finalement, ils retournent en arrière. “Beaucoup chercheront à entrer, et ne le pourront pas.” Ils désirent faire le bien, font certains efforts dans ce but, mais ne persévèrent pas parce qu’ils ne veulent pas y mettre le prix nécessaire.

Notre seul espoir de victoire consiste à unir notre volonté à celle de Dieu et à travailler en communion avec lui heure après heure, et jour après jour. Nous ne pouvons laisser notre égoïsme dominer en nous et entrer quand même dans le royaume de Dieu. Si nous voulons atteindre à la sainteté, nous devons renoncer à nous-mêmes, nous pénétrer de la pensée et des sentiments du Christ. L’orgueil et la suffisance doivent être crucifiés. Sommes-nous disposés à accepter ces conditions? Voulons-nous que notre volonté s’harmonise avec celle du Seigneur? Tant que nous nous y refuserons, la grâce régénératrice de Dieu ne pourra se manifester en nous.

La lutte que nous devons soutenir est “le bon combat de la foi”. “C’est à quoi je travaille, s’écrie l’apôtre Paul, en combattant avec sa force, qui agit puissamment en moi.” Colossiens 1:29.

Au moment de la grande crise de sa vie, Jacob se retira à l’écart pour prier. Il était pénétré d’un idéal qui le dominait: la transformation de son caractère. Mais tandis qu’il luttait avec Dieu, un ennemi, pensait-il, vint poser sa main sur lui et, toute la nuit, il dut combattre corps à corps pour sauver sa vie, mais sa volonté ne faiblit pas un seul instant. Il était sur le point de succomber à l’épuisement quand l’ange manifesta sa puissance divine en lui déboîtant la hanche. Alors Jacob comprit avec qui il avait lutté. Blessé et sans force, il s’écroula sur la poitrine du Sauveur, implorant sa bénédiction. Il ne voulut pas se détourner du Christ, ni cesser de le supplier et celui-ci exauça la prière de cette âme accablée et repentante. Le cri éploré de Jacob: “Je ne te laisserai pas partir si tu ne me bénis pas” (Genèse 32:26), lui fut inspiré par le lutteur invisible, qui changea son nom de Jacob en celui d’Israël, en disant: “Car tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu as été vainqueur.” Genèse 32:28. Par le renoncement à soi-même et par une foi ferme, Jacob obtint enfin ce pour quoi il avait pendant si longtemps lutté. “La victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi.” 1 Jean 5:4.

“Gardez-vous des faux prophètes.”

De faux docteurs se présenteront pour vous détourner du chemin resserré et de la porte étroite. Gardez-vous d’eux. Quoique cachés sous des vêtements de brebis, ils ne sont en réalité que des loups ravisseurs. Jésus indique le moyen de les identifier. “Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons?”

Ce n’est pas sur de belles paroles ni même sur une profession de foi que nous sommes appelés à les juger, mais en les confrontant avec la Parole de Dieu: “A la loi et au témoignage! Si l’on ne parle pas ainsi, il n’y aura pas d’aurore pour le peuple.” Ésaïe 8:20. “Cesse, mon fils, d’écouter l’instruction, si c’est pour t’éloigner des paroles de la sagesse.” Proverbes 19:27. Quel message ces maîtres apportent-ils? Nous invitent-ils à révérer et à craindre Dieu? À lui prouver notre amour par notre fidélité à ses commandements? Ou, au contraire, s’affranchissent-ils de l’autorité de la loi morale? Traitent-ils à la légère les préceptes de Dieu? Transgressent-ils, ne serait-ce qu’un des plus petits commandements de sa loi et enseignent-ils aux autres à faire de même? Dans ce dernier cas, le ciel ne peut les approuver et nous pourrons reconnaître que leurs prétentions sont sans fondement. Ils accomplissent, en réalité, l’œuvre du prince des ténèbres, l’ennemi de Dieu.

Tous ceux qui se réclament du nom du Christ ou qui portent sa livrée ne lui appartiennent pas d’office. Nombreux sont ceux, dit Jésus, qui auront enseigné en mon nom et qui, pourtant, à la fin, seront trouvés trop légers. “Plusieurs me diront en ce jour-là: Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom? N’avons-nous pas chassé les démons par ton nom? et n’avonsnous pas fait beaucoup de miracles par ton nom? Alors je leur dirai ouvertement: Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité.”

D’aucuns croient être dans la vérité alors qu’ils sont dans l’erreur. Tout en revendiquant le Christ comme leur Seigneur et tout en faisant publiquement de grandes choses en son nom, ils sont des ouvriers d’iniquité. “Ils écoutent tes paroles, mais ils ne les mettent pas en pratique, car leur bouche en fait un sujet de moquerie, et leur cœur se livre à la cupidité.” Mais la Parole de Dieu est pour eux “comme un chanteur agréable, possédant une belle voix, et habile dans la musique. Ils écoutent tes paroles, mais ils ne les mettent pas en pratique.” Ezéchiel 33:31, 32.

Une simple adhésion de principe est sans valeur en elle-même. Beaucoup donnent de la foi salvatrice en Jésus une impression trompeuse. “Croyez, croyez, disent-ils, et vous ne serez plus dans l’obligation d’observer la loi.” Mais toute croyance qui ne conduit pas à l’obéissance n’est que présomption. L’apôtre Jean dit: “Celui qui dit: Je l’ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est pas en lui.” 1 Jean 2:4. Que nul ne s’imagine que des interventions providentielles ou des manifestations miraculeuses prouvent l’authenticité de ses opinions ou de ses œuvres. Lorsque d’aucuns parlent avec légèreté de la Parole de Dieu et mettent leurs impressions, leurs sentiments ou leur conduite au-dessus de l’idéal divin, nous pouvons en conclure que la lumière n’est pas en eux.

L’obéissance est le critère d’une religion. C’est notre fidélité dans l’observation des commandements de Dieu qui prouve la sincérité de notre amour. Lorsque la doctrine que nous avons acceptée nous aide à vaincre le péché, nous purifie et porte en nous les fruits de la sainteté, nous pouvons avoir la certitude qu’elle vient de Dieu. Quand notre vie respirera la générosité, la bonté, la tendresse, la sympathie, quand notre cœur se réjouira de faire le bien, quand nous chercherons la gloire du Christ et non la nôtre, alors nous saurons que notre foi est authentique. “Si nous gardons ses commandements, par là nous savons que nous l’avons connu.” 1 Jean 2:3.

“Elle n’est point tombée, parce qu’elle était fondée sur le roc.”

Les paroles de Jésus avaient profondément remué la foule de ses auditeurs. La divine beauté des principes de la vérité les attirait et les avertissements solennels du Maître résonnaient à leurs oreilles comme la voix du Dieu qui sonde les cœurs. Ses paroles avaient atteint la source même de leurs pensées et de leurs sentiments, mais, pour obéir à ses enseignements, ils devaient réformer leurs manières de voir et d’agir. Il leur fallait entrer en conflit avec leurs chefs religieux et l’édifice élevé par les rabbins au cours des siècles s’en serait trouvé ébranlé. Aussi, bien que le cœur du peuple répondît aux paroles du Maître, peu se trouvèrent prêts à se laisser guider par lui.

Jésus termina le Sermon sur la montagne par une image qui illustrait de façon éclatante l’importance qu’il attachait à la mise en pratique de ses paroles. Dans la foule qui entourait le Sauveur, nombreux étaient ceux qui avaient passé leur vie au bord de la mer de Galilée. Et, tandis qu’assis sur le plateau ils écoutaient ses paroles, ils pouvaient voir les vallées et les gorges par lesquelles les torrents descendaient jusqu’à la mer. Bien souvent ceux-ci, pendant l’été, tarissaient et leur lit devenait sec et poussiéreux. Mais, lorsque les pluies abondantes de l’hiver tombaient sur les montagnes, ils redevenaient impétueux et violents, débordaient parfois de leur lit, inondaient les vallées et dévastaient tout sur leur passage. Souvent, même, les cabanes construites par les paysans dans les prairies, en des endroits apparemment à l’abri du danger, étaient balayées par les flots en furie. En revanche, sur les collines se trouvaient des maisons bâties sur le roc: certaines étaient même construites entièrement en pierre et un grand nombre d’entre elles avaient résisté, pendant plus de dix siècles, aux éléments déchaînés. Elles avaient été élevées avec beaucoup de peine et de difficultés. On n’y accédait pas facilement et leur emplacement même les faisait paraître moins attrayantes que celles de la prairie; mais, bâties sur le roc, elles résistaient au vent, aux inondations et aux orages qui déferlaient sur elles.

Celui qui écoute mes paroles et les accepte pour normes de sa vie et de son caractère est semblable, dit Jésus, à celui qui construit sa maison sur le roc. Des siècles auparavant, le prophète Ésaïe avait écrit: “La parole de notre Dieu subsiste éternellement.” Ésaïe 40:8. En citant ces paroles, longtemps après le Sermon sur la montagne, l’apôtre Pierre ajoute: “Cette parole est celle qui vous a été annoncée par l’Évangile.” 1 Pierre 1:25. La Parole de Dieu est la seule chose qui soit immuable en ce monde. Elle est le fondement sûr. “Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.” Matthieu 24:35.

Les grands principes de la loi, qui sont ceux de la véritable nature de Dieu, sont résumés et concrétisés dans les déclarations du Sauveur sur la montagne. Quiconque bâtit sur elles bâtit sur le Christ, le Rocher des siècles. En acceptant la Parole, nous acceptons le Christ. Seuls ceux qui l’écoutent et la vivent construisent sur lui. “Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ.” 1 Corinthiens 3:11. “Il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés.” Actes 4:12.

Le Christ, la Parole, en qui Dieu révéla sa nature, sa loi, son amour et sa vie est le seul fondement sur lequel nous puissions édifier un caractère inébranlable.

Nous bâtissons sur le Christ quand nous obéissons à sa Parole. Le véritable juste n’est pas celui qui se contente d’aimer la justice, mais celui qui la pratique. La sainteté n’est pas une extase, elle est le résultat d’un abandon total à Dieu et de l’accomplissement de sa volonté. Lorsque les enfants d’Israël campaient à l’entrée de la terre promise, il ne leur suffisait pas de connaître le pays de Canaan et de chanter. Cela ne pouvait les faire entrer en possession des vignes et des oliviers de ce merveilleux pays. Celui-ci ne tomba entre leurs mains que lorsqu’ils l’occupèrent, par l’exercice d’une foi vivante en Dieu, s’appropriant ses promesses et obéissant à ses instructions.

La véritable religion consiste à mettre en pratique les paroles du Sauveur, non pas en vue de s’attirer la faveur de Dieu, mais parce que, malgré notre indignité, nous avons reçu et accepté le don de son amour. Le Christ ne fait pas dépendre le salut d’un homme de ses prétentions, mais de la foi qu’il manifeste par ses œuvres. Des actes, non seulement des paroles, voilà ce que Jésus demande à ses disciples. C’est dans l’action que l’on forme son caractère. “Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu.” Romains 8:14. Non pas ceux dont le cœur, touché par cet Esprit, ne cède que de temps en temps à sa puissance, mais ceux dont tous les actes sont inspirés par lui.

Êtes-vous de ceux qui désirent devenir disciples du Christ mais ne savent comment s’approcher de lui? Êtes-vous dans les ténèbres, ignorant où trouver la lumière? Suivez celle que vous possédez. Prenez à cœur d’obéir à ce que vous connaissez de la Parole de Dieu, qui renferme puissance et vie. Dans la mesure où vous recevrez cette Parole avec foi, elle vous donnera la force d’obéir. Si vous accueillez la lumière qui vous est envoyée, des rayons plus puissants viendront éclairer votre route. Ainsi vous bâtirez sur la Parole de Dieu et votre caractère deviendra semblable à celui du Sauveur.

Le Christ, le fondement véritable, est une pierre vivante; il donne la vie à tous ceux qui construisent sur lui. “Et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle.” 1 Pierre 2:5. “En lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur.” Ephésiens 2:21. Ses pierres et le divin fondement sur lequel elles sont édifiées forment un tout, car une même vie les anime. Aucune tempête ne pourra renverser un tel édifice, tandis que toute construction érigée sur un fondement autre que la Parole de Dieu s’écroulera.

Celui qui, semblable aux Juifs de l’époque de Jésus, veut établir sa foi sur des idées ou des sentiments purement humains, sur des rites, des cérémonies inventés par les hommes ou sur des œuvres accomplies sans la grâce du Christ, celui-là édifie son caractère sur des sables mouvants. Les ouragans de la tentation balayeront les fondements sablonneux et jetteront la maison comme une épave sur les rives du temps.

“C’est pourquoi ainsi parle le Seigneur, Yahveh: Je ferai de la droiture une règle, et de la justice un niveau; et la grêle emportera le refuge de la fausseté, et les eaux inonderont l’abri du mensonge.” Ésaïe 28:16, 17.

Mais aujourd’hui encore la grâce est offerte au pécheur. “Je suis vivant! dit le Seigneur, l’Éternel, ce que je désire, ce n’est pas que le méchant meure, c’est qu’il change de conduite et qu’il vive. Revenez, revenez de votre mauvaise voie; et pourquoi mourriez-vous, maison d’Israël?” Ezéchiel 33:11. La voix qui aujourd’hui s’adresse au pécheur est celle de celui qui, dans son angoisse, s’écria, tandis qu’il considérait la ville bien-aimée: “Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu!” Luc 13:31, 35. En Jérusalem, Jésus voyait un symbole du monde qui avait rejeté et méprisé sa grâce. C’est pour nous, cœurs obstinés, qu’il versait des larmes! Au moment où il pleurait sur elle, Jérusalem aurait encore pu se repentir et échapper à son malheur. Pendant un court laps de temps, le Fils de Dieu attendit qu’elle l’accueillît. De même, Jésus nous adresse encore les appels de son amour: “Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi.” Apocalypse 3:20. “Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut.” 2 Corinthiens 6:2.

Vous qui fondez sur vous-même vos espérances, vous édifiez sur le sable. Mais il n’est pas trop tard pour échapper à la ruine imminente. Avant que n’éclate la tempête, réfugiez-vous sur le fondement sûr. “C’est pourquoi ainsi parle le Seigneur, l’Éternel: Voici, j’ai mis pour fondement en Sion une pierre, une pierre éprouvée, une pierre angulaire de prix, solidement posée; celui qui la prendra pour appui n’aura pas hâte de fuir.” Ésaïe 28:16. “Tournez-vous vers moi et vous serez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la terre! Car je suis Dieu, et il n’y en a pas d’autre.” Ésaïe 45:22. “Ne crains rien, car je suis avec toi, ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu; je te fortifie, je viens à ton secours, je te soutiens de ma droite triomphante.” Ésaïe 41:10. “Vous ne serez ni honteux ni confus, jusque dans l’éternité.” Ésaïe 45:17.