Heureux ceux qui

Chapitre 5

L’oraison dominicale

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“Voici donc comment vous devez prier.”

Notre Sauveur a prononcé deux fois l’oraison dominicale. La première fois en présence de la multitude, dans le Sermon sur la montagne et la seconde fois, quelques mois plus tard, en présence de ses disciples. Pendant quelques instants, ceux-ci s’étaient éloignés de leur Maître et voici qu’à leur retour ils le trouvèrent en prière. Apparemment inconscient de leur présence, il continua de s’exprimer à haute voix. Son visage resplendissait; il semblait voir l’Invisible et dans ses paroles résidait une puissance de vie qui n’appartient qu’à ceux qui s’entretiennent avec Dieu.

Une émotion profonde étreignit les disciples. Ils avaient remarqué que, fréquemment, leur Maître restait de longues heures en communion avec son Père. Ses journées se passaient à soulager les foules qui se pressaient autour de lui, à démasquer les perfides sophismes des rabbins, et ce labeur incessant le laissait souvent si épuisé que sa mère, ses frères et même ses disciples avaient craint pour sa vie. Mais lorsqu’il revenait de ces heures de prière qui terminaient ces journées épuisantes, ils étaient frappés de la paix dont son visage était empreint et de la fraîcheur qui émanait de toute sa personne. C’est après avoir passé des heures avec Dieu que jour après jour il allait porter aux hommes la lumière du ciel. Les disciples en étaient arrivés à établir un rapport entre ses moments de prière et la puissance de ses paroles et de ses œuvres. Aussi, tandis qu’en cet instant ils écoutaient ses supplications, leurs cœurs étaient saisis de crainte et d’humilité. Et lorsqu’il cessa de prier, conscients de leurs besoins, ils s’écrièrent “Seigneur, enseigne-nous à prier.” Luc 11:1.

Jésus ne leur donna aucune formule nouvelle à réciter. Il répéta simplement celle qu’il avait prononcée devant eux, comme s’il voulait dire: Ce dont vous avez besoin, c’est de comprendre ce que je vous ai exposé. Cette prière a des profondeurs que vous n’avez pas encore sondées.

Le Sauveur ne nous astreint pas cependant à l’usage exclusif de cette requête. Ne faisant qu’un avec l’humanité, il nous offre une prière idéale, mais en termes si simples, qu’ils peuvent être compris par un petit enfant, et d’un sens cependant si vaste que même les esprits les plus intelligents ne pourront jamais en saisir toute la portée. Dieu nous invite à nous approcher de lui avec reconnaissance, à lui faire connaître nos besoins, à lui confesser nos péchés et à nous confier en sa miséricorde, selon ses promesses.

“Quand vous priez, dites Père!” — Luc 11:2

Jésus nous dit d’appeler son Père, notre Père. Il n’a pas honte de nous appeler ses frères. Le Sauveur éprouve un si ardent désir de nous accueillir dans la famille céleste, que, dès les premiers mots qu’il nous invite à adresser à Dieu, il nous donne l’assurance de notre filiation divine: “Notre Père”.

Dieu nous aime comme il aime son Fils. C’est l’affirmation de cette vérité merveilleuse si pleine d’encouragement et de réconfort que Jésus confirma dans la prière sacerdotale: “Tu les as aimés comme tu m’as aimé.” Jean 17:23.

Ce monde que Satan a revendiqué comme lui appartenant et sur lequel il règne avec une si cruelle tyrannie, le Fils de Dieu, par un acte suprême, l’a couvert de son amour et réconcilié avec le trône de Yahveh. Quand son triomphe fut assuré, les chérubins, les séraphins et les multitudes innombrables des mondes qui n’ont pas péché entonnèrent des chants à la louange de Dieu et de l’Agneau. Ils se réjouirent de ce que le chemin du salut avait été ouvert à la race déchue et de ce que la terre allait être rachetée de la malédiction du péché. À combien plus forte raison ceux qui sont l’objet d’un amour merveilleux devraient-ils se réjouir!

Comment pouvons-nous encore nous croire orphelins ou même être dans le doute ou l’incertitude? C’est pour venir en aide à ceux qui ont transgressé sa loi que Jésus a revêtu la nature humaine. Il est devenu semblable à nous afin que nous possédions une paix et une confiance éternelles. Nous avons un Avocat aux cieux: si nous l’acceptons comme Sauveur personnel nous ne serons ni abandonnés ni obligés de porter le fardeau de nos propres péchés.

“Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu.” “Si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui.” “Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté; mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est.” 1 Jean 3:2; Romains 8:17.

Pour nous approcher de Dieu, il nous faut avant tout connaître l’amour qu’il a pour nous et y croire (1 Jean 4:16), car c’est son amour qui nous attire à lui.

La conscience de cet amour engendre le renoncement personnel. Lorsque, nous adressant à Dieu, nous l’appelons notre Père, nous reconnaissons que tous ses enfants sont nos frères. Nous faisons partie de l’humanité, car nous sommes membres d’une seule famille. Notre prochain doit, comme nous-mêmes, trouver une place dans nos requêtes. Nul ne prie bien qui ne recherche des bénédictions que pour soi.

Le Dieu infini, dit Jésus, nous offre le privilège de pouvoir nous approcher de lui comme de notre Père. Comprenons tout ce que cela implique. Le Créateur exhorte le pécheur avec plus de tendre instance qu’aucun parent terrestre ne l’a jamais fait pour son enfant égaré. L’amour humain est incapable de supplier l’impénitent d’une manière aussi poignante. Dieu se tient dans chaque demeure. Il entend ce qu’on y prononce, il prend sa part des douleurs et des déceptions de chaque âme, considère comment sont traités le père, la mère, la sœur, l’ami, le voisin. Il est conscient de nos besoins et son amour, sa miséricorde et sa grâce veillent sans cesse pour y répondre.

Mais si vous appelez Dieu votre Père, vous reconnaissez que vous êtes ses enfants; vous devez donc vous laisser guider par sa sagesse, lui obéir en toutes choses, et, conscients de son amour éternel, accepter les desseins qu’il a conçus pour votre vie. En qualité d’enfants de Dieu, vous considérerez que sa gloire, son caractère, sa famille, son œuvre doivent être l’objet de votre attention la plus vigilante. Vous vous réjouirez de vos rapports avec votre Père et avec chaque membre de sa famille et vous accomplirez avec joie toute action, si humble soit-elle, qui vous permettra d’honorer son nom ou de contribuer au bien-être de vos frères.

“Qui es aux cieux.” Le Père vers qui Jésus désire que nous tournions nos regards “est au ciel” et “il fait tout ce qu’il veut”. Nous pouvons nous placer sous sa garde en disant: “Quand je suis dans la crainte, en toi je me confie.” Psaumes 115:3; 56:4.

“Que ton nom soit sanctifié.”

Sanctifier le nom du Seigneur, c’est parler de l’Être suprême avec une extrême vénération. “Son nom est saint et redoutable.” Psaumes 111:9. Les noms et les qualificatifs de Dieu ne doivent jamais être prononcés à la légère. Par la prière nous pénétrons dans la salle d’audience du Très-Haut et c’est remplis d’une crainte respectueuse que nous devons nous présenter devant lui. Les anges voilent leur face en sa présence; les chérubins et les séraphins, saints et resplendissants, s’approchent de son trône dans une attitude de profond respect. Mais, nous qui sommes pécheurs, ne devons-nous donc pas nous approcher de notre Seigneur et Créateur avec une sainte révérence et avec adoration?

Mais sanctifier le nom du Seigneur signifie plus que cela. Nous pouvons, comme les Juifs au temps du Christ, manifester une grande vénération extérieure pour Dieu et cependant profaner constamment son nom. “L’Éternel est miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité.” “Il pardonne l’iniquité [...] et le péché.” Exode 34:6, 7. Au sujet de l’Église du Christ, il est écrit: “Et voici comment on l’appellera: l’Éternel notre justice.” Jérémie 33:16. Ce nom est attribué à chaque disciple de Jésus; c’est l’héritage de l’enfant de Dieu. Le Père donne son nom à sa famille. Pendant la détresse et les tribulations d’Israël, le prophète Jérémie priait, disant: “Ton nom est invoqué sur nous: ne nous abandonne pas!” Jérémie 14:9.

Ce nom est sanctifié par les anges des cieux et par les habitants des mondes qui n’ont pas péché. En disant: “Que ton nom soit sanctifié”, vous exprimez le désir que ce nom soit sanctifié dans le monde et aussi en vous: Dieu vous a reconnus comme ses enfants devant les anges et devant les hommes; craignez donc d’outrager le “beau nom que vous portez”. Jacques 2:7. Dieu vous envoie dans le monde comme ses représentants. Vos moindres actions doivent glorifier son nom. Cette prière vous invite à adopter son caractère. Vous ne pouvez sanctifier son nom, vous ne pouvez le représenter dans le monde si votre vie et votre caractère ne représentent pas sa vie et son caractère. Ce n’est qu’en acceptant sa grâce et sa justice que vous y parviendrez.

“Que ton règne vienne.”

Dieu est notre Père; il nous aime et veille sur nous comme sur ses enfants. Il est aussi le grand Roi de l’Univers. Les intérêts de son royaume étant nos intérêts, nous devons travailler à son avènement.

Les disciples du Christ attendaient l’établissement immédiat de son royaume de gloire. Par cette prière, Jésus leur montre qu’il n’est pas sur le point d’être instauré. Ils devaient prier pour son retour comme pour un événement à venir. En même temps, cette prière était une promesse pour eux. Si ce royaume ne devait pas être établi au cours de leur vie terrestre, le fait que Jésus les invite à prier pour qu’il vienne prouve qu’il viendra sûrement à l’heure fixée par Dieu.

Nous vivons aujourd’hui dans un royaume de grâce. Jour après jour, des cœurs pécheurs et rebelles s’abandonnent à la souveraineté de l’amour de Dieu; mais le royaume de sa gloire ne sera établi qu’au retour de Jésus. “Le règne, la domination, et la grandeur de tous les royaumes qui sont sous les cieux, seront donnés au peuple des saints du Très-Haut.” Daniel 7:27. Ils entreront en possession du royaume préparé pour eux “dès la fondation du monde”. Matthieu 25:34. Alors, le Christ, revêtu de sa grande puissance, entrera dans son règne.

Les portes célestes élèveront une fois encore leurs linteaux, alors que, escorté de millions et de millions de saints, notre Sauveur s’avancera comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs, Yahveh Emmanuel “sera roi de toute la terre; en ce jour-là, l’Éternel sera le seul Éternel”. “Le tabernacle de Dieu sera avec les hommes. Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux.” Zacharie 14:9; Apocalypse 21:3.

Mais Jésus déclare qu’avant cela, “cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations”. Matthieu 24:14. Son royaume ne sera pas établi avant que la bonne nouvelle de sa grâce ait été portée à la terre entière, c’est pourquoi, lorsque nous nous consacrons à Dieu et que nous lui gagnons des âmes, nous hâtons la venue de ce royaume. Seuls ceux qui se donnent sans réserve à son service, disant: “Me voici, envoie-moi” pour ouvrir les yeux des aveugles, pour conduire les hommes “des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu”, pour qu’ils reçoivent le pardon des péchés et l’héritage avec ceux qui sont sanctifiés (Ésaïe 6:8; Actes 26:18), ceux-là seuls prient sincèrement quand ils disent: “Que ton règne vienne.”

“Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.”

La volonté de Dieu est résumée dans les préceptes de sa sainte loi dont les principes régissent le ciel. Les anges eux-mêmes n’ont pas de plus chère ambition que de connaître la volonté de Dieu, et c’est en l’accomplissant qu’ils exercent le plus noblement toutes leurs facultés.

Mais, dans le ciel, l’obéissance est spontanée. Jusqu’au jour où Satan s’est révolté contre Yahveh, les anges n’ont pas eu conscience d’être soumis à une loi; car ils n’obéissent pas comme des serviteurs, mais comme des fils. Une harmonie parfaite les unit à leur Créateur. Pour eux, l’obéissance n’est nullement pénible car leur amour pour Dieu fait de chacun de leurs actes une expression de joie. Il en est de même de toute âme où habite Jésus, “l’espérance de la gloire”, et ces paroles y trouvent un écho: “Je veux faire ta volonté, mon Dieu, et ta loi est au fond de mon cœur.” Psaumes 40:9.

Les mots: “Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel” expriment le désir de voir sur cette terre la fin du règne de Satan, la destruction définitive du péché et l’établissement du royaume de la justice. Sur la terre, comme au ciel, s’accompliront alors “les desseins bienveillants de sa bonté”. 2 Thessaloniciens 1:11.

“Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien.”

La première partie de la prière enseignée par Jésus concerne le nom, le règne et la volonté de Dieu: que son nom soit sanctifié, que son règne vienne, que sa volonté soit faite. Lorsque, dans notre vie, nous aurons donné la première place au service de Dieu, nous pourrons lui demander avec confiance de répondre à nos besoins. Si nous avons renoncé à nous-mêmes, si nous nous sommes donnés au Christ, nous sommes membres de la famille de Dieu et tout ce qui se trouve dans la maison du Père nous appartient. Tous les trésors de Dieu sont à nous, à la fois en ce monde et dans le monde à venir. Le ministère des anges, le don du Saint-Esprit, l’action de ses serviteurs s’exercent en notre faveur. Le monde et tout ce qu’il contient est à nous, dans la mesure où cela peut contribuer à notre bien. L’inimitié même des méchants, en nous disciplinant pour le ciel, se tournera en bénédiction. Si “vous êtes au Christ”, “tout est à vous”. 1 Corinthiens 3:23, 21.

Mais nous sommes dans la situation d’un enfant qui n’est pas encore entré en possession de son héritage. Dieu ne nous confie pas les biens précieux qu’il nous destine, de peur que Satan ne nous séduise par ses artifices, comme il a séduit nos premiers parents dans le jardin d’Éden. Le Seigneur les garde pour nous, hors de l’atteinte du destructeur. Comme l’enfant, nous recevrons jour après jour ce qui est nécessaire à nos besoins quotidiens. Notre prière de chaque jour doit être: “Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien.” Ne soyons pas découragés si nous n’avons pas assez pour demain. Voici sa promesse: “Aie le pays pour demeure et la fidélité pour pâture.” Et David déclare: “J’ai été jeune, j’ai vieilli; et je n’ai pas vu le juste abandonné, ni sa postérité mendiant son pain.” Psaumes 37:3, 25. Le Dieu qui a envoyé des corbeaux pour nourrir Élie, près du torrent de Kérith, n’oubliera pas un seul de ses enfants fidèles et dévoués.

Voici ce qui est écrit de celui qui marche avec droiture: “Du pain lui sera donné, de l’eau lui sera assurée.” “Ils ne sont pas confondus au temps du malheur, et ils sont rassasiés au jour de la famine.” “Lui, qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui?” Romains 8:32. Celui qui déchargea sa mère, veuve, des soucis et des inquiétudes de la vie et qui l’aida à subvenir aux besoins du ménage de Nazareth, sympathise avec chaque mère dans ses luttes pour assurer la nourriture de ses enfants. Celui qui eut compassion de la foule “parce qu’elle était languissante et abattue” (Matthieu 9:36) a toujours compassion des pauvres qui souffrent. Ses mains se tendent vers eux pour les bénir et, dans la prière même qu’il donna à ses disciples, il nous enseigne à nous souvenir des pauvres.

Quand nous disons: “Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien”, nous prions aussi bien pour nos semblables que pour nous-mêmes. Et nous reconnaissons que les biens reçus de Dieu ne sont pas exclusivement pour nous. Dieu nous prête afin que nous puissions venir en aide à ceux qui ont faim. Dans sa bonté, il a pourvu au soulagement des pauvres. Et il dit: “Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches. [...] Mais, lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. Et tu seras heureux de ce qu’ils ne peuvent pas te rendre la pareille; car elle te sera rendue à la résurrection des justes.” Luc 14:12-14.

“Et Dieu peut vous combler de toutes sortes de grâces, afin que, possédant toujours en toutes choses de quoi satisfaire à tous vos besoins, vous ayez encore en abondance pour toute bonne œuvre.” “Celui qui sème peu moissonnera peu, et celui qui sème abondamment moissonnera abondamment.” 2 Corinthiens 9:8, 6.

La prière pour le pain quotidien ne concerne pas seulement la nourriture du corps. Elle comprend aussi le pain spirituel, indispensable à l’âme pour lui assurer la vie éternelle. Jésus nous dit: “Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle.” Il dit encore: “Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.” Jean 6:27, 51. Notre Sauveur est le pain de vie; c’est en l’accueillant dans notre âme que nous mangeons vraiment le pain qui est descendu du ciel.

Nous recevons le Christ en acceptant sa Parole et le Saint-Esprit nous est donné pour nous aider à la comprendre et à accepter les vérités qu’elle contient. Chaque jour, en lisant les Écritures, nous devons prier pour que l’Esprit de Dieu nous révèle la vérité propre à affermir notre âme en vue des besoins de la journée.

En nous enseignant à demander chaque jour ce dont nous avons besoin, tant pour notre corps que pour notre âme, Dieu a un but: il désire que nous nous sentions dépendants de sa constante sollicitude; il cherche à nous attirer dans sa communion, grâce à laquelle, par la prière et par l’étude des grandes et précieuses vérités de sa Parole, notre âme sera nourrie et désaltérée à la fontaine de la Vie.

“Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés” — Matthieu 6:12

Jésus nous enseigne ici que Dieu ne peut nous accorder son pardon que dans la mesure où nous l’accordons nous-mêmes à nos semblables. C’est l’amour de Dieu qui nous attire à lui et cet amour ne peut toucher nos cœurs sans susciter en nous de l’amour pour nos frères.

Après avoir terminé cette prière, Jésus ajoute “Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses.” Matthieu 6:14. Celui qui ne pardonne pas se prive du seul moyen par lequel il puisse bénéficier de la miséricorde de Dieu. Ne pensons pas que, si ceux qui nous ont fait du tort ne confessent pas leur péché, nous avons le droit de leur refuser notre pardon. Sans aucun doute, leur devoir est d’humilier leur cœur par le repentir et la confession; mais nous devons nous montrer miséricordieux à l’égard de ceux qui nous ont offensés même s’ils ne reconnaissent pas leurs torts. Aussi douloureusement qu’ils aient pu nous meurtrir, nous ne devons pas entretenir en nous de rancœur ni nous apitoyer sur nous-mêmes du mal qui nous a été infligé, mais au contraire nous devons accorder notre pardon à ceux qui nous ont fait du tort, comme nous espérons le recevoir de Dieu pour nos offenses envers lui.

Le pardon a une signification plus vaste que beaucoup ne se l’imaginent. Quand Dieu nous dit qu’“il ne se lasse pas de pardonner”, il ajoute, comme si la portée de cette promesse dépassait notre compréhension: “Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées.” Ésaïe 55:8, 9. Le pardon de Dieu n’est pas seulement un acte judiciaire par lequel il nous affranchit de la condamnation. Ce n’est pas simplement le pardon du péché, c’en est la délivrance. L’amour rédempteur transforme le cœur. David avait bien compris toute la portée de ce pardon quand il demandait: “0 Dieu! Crée en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé”, ou encore: “Autant l’orient est éloigné de l’occident, autant il éloigne de nous nos transgressions.” Psaumes 51:12; 103:12.

En Jésus, Dieu s’est donné lui-même en rançon pour nos fautes. Il a souffert la mort cruelle de la croix; il a porté pour nous le fardeau du péché, “lui, juste, pour les injustes” afin de nous révéler son amour et de nous attirer à lui. Il nous dit: “Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant réciproquement, comme Dieu vous a pardonné en Christ.” Ephésiens 4:32. Que Jésus, la “Vie” divine, habite en nous et qu’ainsi se manifeste l’amour céleste apportant l’espérance à l’âme désespérée et la paix du ciel au cœur accablé. Pour pouvoir nous approcher de Dieu, il faut que nous soyons décidés à faire connaître à nos semblables la grâce dont nous avons nous-mêmes été l’objet.

Avant de bénéficier de l’amour miséricordieux de notre Père céleste et d’en faire part autour de nous, il est nécessaire que nous connaissions cet amour et que nous y croyions. 1 Jean 4:16. Par tous les moyens dont il dispose, Satan cherche à nous dissimuler cet amour. Il veut nous faire croire que nos erreurs et nos transgressions ont offensé Dieu si gravement qu’il détourne son oreille de nos prières et refuse de nous bénir et de nous sauver. En nous-mêmes, nous ne voyons que faiblesse, nous n’avons rien qui puisse nous recommander à Dieu. Satan nous affirme que notre cas est sans remède et qu’il n’y a aucune guérison pour nos fautes de caractère. Lorsque nous voulons nous approcher de Dieu, l’ennemi chuchote à notre oreille: “À quoi bon prier! N’as-tu pas commis tel péché? N’as-tu pas offensé Dieu? N’as-tu pas violenté ta conscience?” Mais nous pouvons le repousser en lui disant que “le sang de Jésus [...] nous purifie de tout péché”. 1 Jean 1:7. C’est justement lorsque le sentiment de notre péché nous empêche de prier que nous devons le faire. Nous pouvons avoir honte et nous sentir profondément humiliés, mais il nous faut prier et croire. “C’est une parole certaine et entièrement digne d’être reçue que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier.” 1 Timothée 1:15. Le pardon et la réconciliation avec Dieu nous sont accordés, à nous, pécheurs, non pas en vertu de nos œuvres ou d’un mérite quelconque de notre part, mais à titre de don gratuit dû à la justice immaculée du Christ.

Nous ne devons pas chercher à diminuer notre culpabilité en trouvant des excuses à notre péché. Nous devons accepter l’estimation de Dieu sur le péché, et elle est lourde. Seul le Calvaire peut nous révéler l’énormité du mal. Si nous devions porter le poids de nos fautes, nous serions écrasés. Mais un Être sans péché a pris notre place, un innocent, s’en est chargé. “Si nous confessons nos péchés”, Dieu “est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité”. 1 Jean 1:9. Quelle glorieuse vérité! Il reste juste devant sa loi tout en justifiant tous ceux qui croient en Jésus. “Quel Dieu est semblable à toi, qui pardonnes l’iniquité, qui oublies les péchés du reste de ton héritage? Il ne garde passa colère à toujours, car il prend plaisir à la miséricorde.” Michée 7:18.

“Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin.”

La tentation est une incitation au péché; elle ne vient pas de Dieu, mais de Satan et du mal qui est dans nos cœurs. “Dieu ne peut être tenté par le mal, et il ne tente lui-même personne.” Jacques 1:13.

Par tous les moyens dont il dispose, Satan cherche à nous faire pécher, afin que, la laideur de notre caractère s’étant ainsi manifestée devant les hommes et les anges, il puisse nous réclamer comme lui appartenant. La prophétie symbolique de Zacharie nous montre Josué, le souverain sacrificateur, couvert de vêtements souillés, debout devant l’ange de l’Éternel qui s’apprête à le purifier en lui offrant un vêtement blanc. Mais Satan s’y oppose vivement en rappelant les péchés du grand prêtre d’Israël. Ce passage caractérise l’attitude de Satan à l’égard de toutes les âmes que Jésus cherche à attirer à lui. L’ennemi nous induit à mal faire, puis il nous accuse devant l’univers céleste, en nous déclarant indignes de l’amour de Dieu. Mais “l’Éternel dit à Satan: Que l’Éternel te réprime, Satan! Que l’Éternel te réprime, lui qui a choisi Jérusalem! N’est-ce pas là un tison arraché du feu?” Et, à Josué, il déclare: “Vois, je t’enlève ton iniquité, et je te revêts d’habits de fête.” Zacharie 3:2, 4.

Dans son grand amour, Dieu cherche à développer en nous les grâces précieuses de son Esprit. S’il permet que nous rencontrions des obstacles, des persécutions et des difficultés, c’est un immense bienfait et non un grand malheur, car chaque tentation repoussée, chaque épreuve supportée avec courage nous apporte une nouvelle énergie, et nous fait progresser dans la formation de notre caractère. L’âme qui, par la puissance divine, arrive à résister à la tentation, rend ainsi, devant les habitants du ciel et de la terre, un témoignage éclatant à l’efficacité de la grâce de Dieu.

Nous ne devons pas nous laisser effrayer par l’épreuve, si amère soit-elle, mais nous devons demander à Dieu de nous garder d’être entraînés vers le mal, au point d’être submergés par les mauvais désirs de notre cœur. En priant comme Jésus nous l’a enseigné, nous nous abandonnons à la direction de Dieu, lui demandant de nous guider dans des sentiers sûrs. Nous ne pouvons prononcer cette prière avec sincérité si, en même temps, nous décidons de suivre un chemin de notre choix. Nous devons attendre que sa main nous conduise et que sa voix nous dise: “Voici le chemin, marchez-y!” Ésaïe 30:21.

Il est bien risqué de nous attarder dans la contemplation des avantages que nous apporterait l’obéissance aux suggestions de Satan. Le péché apporte le déshonneur et la ruine à toute âme qui s’y adonne. Mais comme, par nature, il est décevant et trompeur, il nous est présenté sous les apparences les plus séduisantes. Si nous nous aventurons sur le terrain de l’ennemi, nous ne pouvons espérer être protégés contre sa puissance. Autant que nous le pouvons, fermons au tentateur toutes les voies de notre âme.

Cette pensée: “Ne nous induis pas en tentation” renferme en elle-même une promesse, car elle montre que si nous nous confions en Dieu, nous pouvons être assurés qu’il “ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces; mais, avec la tentation, il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que nous puissions la supporter”. 1 Corinthiens 10:13.

Notre seule garantie contre le mal est la présence de Jésus dans notre cœur, par la foi en sa justice. C’est à cause de notre égoïsme que la tentation a une prise sur nous. Mais, en contemplant le grand amour de Dieu, nous comprendrons combien ce défaut est odieux, repoussant, et nous désirerons vivement l’extirper de notre âme. En nous révélant le Fils de Dieu, le Saint-Esprit attendrira et soumettra notre cœur, la tentation perdra alors son pouvoir et la grâce du Christ transformera notre caractère.

Le Sauveur n’abandonnera jamais une âme pour laquelle il est mort. Elle peut se séparer de lui et se laisser subjuguer par le tentateur, mais il ne se détournera jamais de celle dont il a payé la rançon au prix de sa vie. Si notre vision spirituelle était plus claire, nous verrions des âmes accablées par l’oppression ou le chagrin, ployant sous la douleur comme un attelage sous son fardeau et sur le point de succomber au découragement; en même temps, nous verrions des anges voler à leur secours, repousser les forces du malin et conduire leurs protégés en lieu sûr. Nous comprendrions que les batailles qui se livrent entre ces deux armées sont aussi réelles que celles où s’affrontent les nations de ce monde. Nous verrions que notre destin éternel dépend de l’issue de ce conflit spirituel.

Les paroles de Jésus à Pierre s’adressent aussi à nous: “Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas.” Luc 22:31, 32. Dieu soit loué, nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes. Celui qui a “tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle” ne nous abandonnera pas dans nos luttes contre l’adversaire de Dieu et des hommes. “Voici, dit-il, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et sur les scorpions, et sur toute la puissance de l’ennemi; et rien ne pourra vous nuire.” Luc 10:19.

Vivez en communion avec le Christ et il vous tiendra fermement, d’une main sûre et inébranlable. Apprenez à connaître l’amour de Dieu à votre égard, ayez confiance en cet amour et vous serez en sécurité, car il sera pour vous une forteresse qui résiste à toutes les ruses et à tous les assauts de Satan. “Le nom de l’Éternel est une tour forte; le juste s’y réfugie, et se trouve en sûreté.” Proverbes 18:10.

“C’est à toi qu’appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire.”

La dernière pensée de l’oraison dominicale nous rappelle, comme la première, que notre Père céleste est bien au-dessus de toutes les puissances, de toutes les autorités et de tous les êtres quels qu’ils soient. Le Sauveur jetait les regards sur l’avenir de ses disciples; contrairement à ce qu’ils espéraient, leur sort ne devait pas se dérouler dans le rayonnement de la prospérité et des honneurs du monde: leur vie devait être assombrie d’orages attirés par la haine des hommes et par la colère de Satan. Au cours des combats qui entraîneraient la ruine de leur nation, ils devaient être en butte à de graves dangers; la crainte oppresserait souvent leurs cœurs; ils devaient voir la destruction de Jérusalem, l’effondrement du temple et la fin des grandes fêtes et solennités, ainsi que la dispersion d’Israël dans tous les pays. Jésus le leur avait dit: “Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres.” “Une nation s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume, et il y aura, en divers lieux, des famines et des tremblements de terre. Tout cela ne sera que le commencement des douleurs.” Matthieu 24:6-8.

Toutefois, ils ne devaient pas en conclure que toute espérance était perdue ou que Dieu avait abandonné la terre. Car la puissance et la gloire appartiennent à celui dont les desseins suprêmes s’accomplissent sans arrêt, sans obstacle jusqu’à leur complète réalisation. Au-dessus de la puissance et de la domination du mal, la prière dans laquelle ils exposaient leurs besoins quotidiens devait leur rappeler que leur Dieu et Seigneur, dont l’empire embrasse l’univers, est aussi, pour l’éternité, leur Père et leur Ami.

La ruine de Jérusalem symbolisait la ruine finale qui va fondre sur le monde, mais les prophéties qui l’annonçaient — et qui n’ont reçu alors qu’un accomplissement partiel — s’adressent particulièrement aux derniers temps. Nous sommes à la veille d’événements graves et solennels, à la veille d’une crise telle que le monde n’en a jamais vue de semblable. Mais, aussi tendrement qu’aux premiers disciples, cette affirmation nous est répétée: c’est Dieu qui dirige toutes choses et la suite des événements qui s’approchent est entre ses mains. La majesté divine prend soin du destin des nations aussi bien que de tout ce qui touche à son Église. À tous ceux qui travaillent à l’accomplissement de ses desseins, le divin Maître déclare comme à Cyrus: “Je t’ai oint, avant que tu m’aies connu.” Ésaïe 45:5.

Dans la vision du prophète Ézéchiel, “une forme de main d’homme” apparut sous les ailes des chérubins. Ezéchiel 10:8. Cela montre aux serviteurs de Dieu que leur succès est dû à sa puissance et non à la leur. Ceux que le Seigneur emploie comme messagers ne doivent pas penser, en effet, que la réussite soit leur fait. Mortels et bornés, ils ne sont pas abandonnés à eux-mêmes ni chargés du poids d’une telle responsabilité. Celui qui ne sommeille pas, qui poursuit sans trêve l’accomplissement de ses desseins, dirigera lui-même son œuvre. Il déjouera les plans des méchants et confondra les conseils de ceux qui cherchent à nuire à son peuple. Le Roi, le Seigneur des armées, qui siège entre les chérubins, protège ses enfants, au milieu même des luttes et des tumultes des nations. Celui qui règne dans le ciel est notre Sauveur. Il mesure les épreuves qui attendent toute âme, et dose le feu de la fournaise par laquelle elle doit passer.

Lorsque les forteresses des rois seront renversées, lorsque les flèches de sa colère perceront le cœur de ses ennemis, son peuple sera en sécurité entre ses mains.

“À toi, Éternel, la grandeur, la force et la magnificence, l’éternité et la gloire, car tout ce qui est au ciel et sur la terre t’appartient. [...] C’est dans ta main que sont la force et la puissance, et c’est ta main qui a le pouvoir d’agrandir et d’affermir toutes choses.” 1 Chroniques 29:11, 12.