Heureux ceux qui

Chapitre 2

Les béatitudes

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“Puis, ayant ouvert la bouche, il les enseigna et dit: Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux!”

Ces paroles retentissent aux oreilles de la foule étonnée comme une doctrine étrange et nouvelle. Un tel enseignement est nettement opposé à celui qu’ils ont reçu des sacrificateurs et des rabbins; il ne renferme rien qui flatte leur orgueil, rien qui alimente leurs ambitions. Et pourtant, il rayonne de ce nouveau maître une puissance qui les subjugue...

De sa présence émane comme le parfum d’une fleur, la douceur de l’amour divin. Ses paroles descendent “comme une pluie qui tombe sur un terrain fauché, comme des ondées qui arrosent la campagne” (Psaumes 72:6). Instinctivement, les auditeurs sentent qu’ils sont en présence d’un Être qui lit les secrets de l’âme et qui, cependant, vient à eux plein d’une compassion infinie. Leurs cœurs s’ouvrent à lui et, tandis qu’ils écoutent, l’Esprit leur fait entrevoir le sens de cet enseignement si nécessaire à l’humanité de tous les âges.

Aux jours du Christ, les chefs religieux du peuple se croyaient spirituellement riches. La prière du pharisien: “O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes” (Luc 18:11) exprimait le sentiment de sa classe et de presque toute la nation. Mais, dans la foule qui entourait Jésus, se trouvaient des gens qui avaient conscience de leur dénuement spirituel. Lorsque, après la pêche miraculeuse, la puissance divine de Jésus s’était révélée, Pierre s’était jeté aux pieds du Sauveur, en disant: “Seigneur, retire-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur.” (Luc 5:8) Dans cette foule, assemblée sur la montagne, se trouvaient aussi des prêtres qui, en présence de la pureté de Jésus, se découvrant “malheureux, misérables, pauvres, aveugles et nus” (Apocalypse 3:17), soupiraient après “la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes” (Tite 2:11). Les paroles de Jésus, ranimant l’espérance endormie dans ces âmes, leur faisaient comprendre que Dieu leur offrait le bonheur.

Le même bonheur gratuit présenté par Jésus à ceux qui se croyaient riches et à l’abri du besoin fut au contraire repoussé par eux avec dédain et mépris. Celui qui s’estime saint, juste et bon, qui est satisfait de soi, ne cherche pas à bénéficier de la grâce et de la justice du Christ. L’orgueil ferme le cœur à la douce influence du Sauveur et aux bénédictions qui découlent de sa présence. Il n’y a pas de place pour Jésus dans de telles âmes. Ceux qui sont riches et honorables à leurs propres yeux ne demandent ni ne reçoivent la bénédiction de Dieu. Ils se croient pourvus et s’en vont à vide, tandis que ceux qui sentent leur incapacité de “faire leur salut” ou d’accomplir par eux-mêmes une bonne action apprécieront l’aide que Jésus leur apporte. Ce sont là les pauvres en esprit, ceux auxquels précisément le bonheur est promis.

Pour pardonner à l’homme, Jésus lui inspire le repentir; le Saint-Esprit le rend conscient de ses fautes et lui fait comprendre qu’il n’y a rien de bon en lui; que l’égoïsme et le péché entachent toutes ses actions. Comme le pauvre publicain, il se tient à l’écart, n’osant lever les yeux et s’écrie: “O Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur.” (Luc 18:13) Et il est exaucé. Le pardon est pour celui qui se repent; car le Christ “est l’agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde”. Dieu dit: “Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la laine.” (Ésaïe 1:18) “Je vous donnerai un cœur nouveau... Je mettrai mon esprit en vous.” (Ézéchiel 36:26, 27)

Parlant des pauvres en esprit, Jésus déclare que le royaume des cieux leur appartient. Ce règne n’est pas temporel et terrestre comme ses auditeurs l’espéraient; le Fils de l’homme voulait leur faire comprendre en quoi consiste ce royaume spirituel de l’amour, de la grâce, de la justice, dont il était le symbole vivant, royaume destiné aux pauvres en esprit, aux débonnaires, aux persécutés, qui en sont les sujets et auxquels il appartient. Bien qu’elle ne soit pas encore achevée, l’œuvre est commencée en eux et les rendra “capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière” (Colossiens 1:12).

Tous ceux qui sont conscients de leur profond dénuement spirituel trouveront justification et force en regardant à Jésus. Il leur dit: “Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.” (Matthieu 11:28) Il nous invite à échanger notre misère contre les richesses de sa grâce. Nous ne méritons pas l’amour de Dieu, mais Jésus-Christ, notre avocat, se charge de sauver parfaitement tous ceux qui viennent à lui. Si sombre qu’ait pu être notre passé, si décourageant que soit le présent, si nous nous approchons de Jésus tels que nous sommes, faibles, privés de soutien ou désespérés, le Sauveur compatissant viendra au-devant de nous. Il nous entourera de ses bras avec amour, pour nous présenter au Père, revêtus de son propre caractère comme d’un vêtement éclatant. Il intercédera pour nous auprès de lui en disant: “J’ai pris la place du pécheur, n’abaisse pas les regards sur cet enfant prodigue, mais regarde à moi.” Si Satan nous accuse à grands cris en dévoilant notre péché et en nous revendiquant comme sa proie, sachons que le sang du Christ plaide avec une puissance plus grande encore pour nous arracher à lui.

“En l’Éternel seul [...] résident la justice et la force. [...] Par l’Éternel seront justifiés et glorifiés tous les descendants d’Israël.” (Ésaïe 45:24, 25)

“Heureux les affligés, car ils seront consolés.”

L’affliction dont il s’agit ici est celle que cause le sentiment intime du péché. Jésus dit: “Quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi.” (Jean 12:32) En contemplant Jésus sur la croix, on saisit mieux la corruption et la culpabilité de l’homme. C’est le péché qui a frappé et cloué au bois le Seigneur de gloire. Le pécheur reconnaît que, malgré la tendresse inconcevable dont il n’a cessé d’être entouré, sa vie entière a été faite d’ingratitude et de révoltes. Il s’est détourné de son meilleur Ami, il a méprisé le don le plus précieux du ciel. Il a personnellement crucifié à nouveau le Fils de Dieu dont un sombre abîme le sépare, et, le cœur meurtri, il gémit et se lamente.

Voilà l’affligé qui sera consolé. Dieu nous révèle notre indignité pour que nous nous réfugiions auprès du Sauveur qui nous délivrera de l’esclavage du péché et nous fera jouir du bonheur et de la liberté des enfants de Dieu. Quand notre cœur sera réellement brisé par le remords, nous pourrons alors nous jeter au pied de la Croix et nous y décharger de tous nos fardeaux.

Les paroles du Sauveur contiennent aussi un message de réconfort pour ceux qui sont dans le deuil ou le dénuement. Nos épreuves ne sont pas fortuites et “ce n’est pas volontiers que Dieu humilie et afflige les enfants des hommes” (Lamentations 3:33). Lorsqu’il permet à la tribulation ou au chagrin de nous visiter, c’est “pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté” (Hébreux 12:10). Si nous la recevons avec foi, cette épreuve, aujourd’hui si amère et si lourde, se changera pour nous en bénédiction. Les coups du sort qui flétrissent nos joies nous amènent à diriger nos regards vers le ciel. Combien d’êtres n’auraient jamais connu Jésus si la douleur ne les avait poussés à chercher en lui leur consolation!

Les épreuves de la vie sont des agents dont Dieu se sert pour discipliner et transformer notre caractère. Il est douloureux d’être par elles taillé, épuré, ciselé, lissé, poli, broyé sous la meule. Mais c’est ainsi seulement que l’on peut devenir une pierre vivante et authentique dans l’Église du Seigneur. Les matériaux ordinaires ne sont pas l’objet d’attentions et de soins minutieux, mais seulement les pierres de choix, dignes d’entrer dans l’édification d’un palais.

Le Seigneur agira ainsi pour tous ceux qui mettent leur confiance en lui, et, s’ils sont fidèles, ils remporteront de brillantes victoires; ils recevront de précieuses leçons et acquerront une expérience inestimable.

Notre Père céleste n’est jamais insensible envers les affligés. Quand David, en fuite devant l’armée séditieuse de son fils Absalom, gravissait, nu-pieds, le mont des Oliviers (2 Samuel 15:30), Dieu eut compassion de lui. Bourrelé de remords, le roi avait pris le sac et la cendre. En larmes, le cœur brisé, il implora l’Éternel. Jamais il n’avait été aussi près du cœur de Dieu qu’au moment où, repris par sa conscience, il fuyait les ennemis que son propre fils avait soulevés contre lui. “Moi, dit l’Éternel, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime. Aie donc du zèle, et repens-toi.” (Apocalypse 3:19) Le Christ purifie le cœur contrit et console l’âme affligée pour en faire sa demeure.

Mais, quand vient la tribulation, combien sont comme Jacob! Nous croyons qu’elle vient d’un ennemi, et nous luttons aveuglément dans l’ombre jusqu’à l’épuisement sans trouver ni réconfort ni délivrance. À l’aube, l’attouchement divin apprit à Jacob qu’il avait lutté avec l’ange de l’alliance. Alors, pleurant de joie, il s’abandonna à l’amour de l’Être infini pour recevoir la bénédiction après laquelle son âme soupirait. Il faut que nous apprenions, nous aussi, que les épreuves sont salutaires et qu’il ne convient pas de nous rebeller contre les châtiments de Dieu, ni de nous laisser abattre lorsqu’il nous reprend.

“Heureux l’homme que Dieu châtie! [...] Il fait la plaie, et il la bande; il blesse, et sa main guérit. Six fois il te délivrera de l’angoisse, et sept fois le mal ne t’atteindra pas.” (Job 5:17-19) À tous ceux qui sont frappés, Jésus offre la guérison. Une vie de douleur et de souffrance peut être illuminée par les précieuses manifestations de sa présence.

Dieu ne veut pas que nous nous laissions terrasser par une douleur muette qui nous brise le cœur. Il désire au contraire que nous dirigions nos regards en haut, et contemplions sa personne adorable. Que d’affligés dont les yeux, si aveuglés par les larmes, ne voient pas le Sauveur, pourtant tout près d’eux! Il serait si heureux de prendre notre main dans la sienne, si nous voulions nous tourner vers lui dans la simplicité de notre foi, et nous laisser conduire! Son cœur est sensible à nos chagrins, à nos douleurs, à nos épreuves. Il nous aime d’un amour éternel et sa tendresse nous entoure. Si notre cœur est uni au sien et médite sur sa grande bonté, il élèvera notre âme au-dessus des tristesses quotidiennes et la fera demeurer dans le domaine de la paix.

Pensez-y, victimes de la douleur et de la souffrance, et réjouissez-vous de savoir que “la victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi” (1 Jean 5:4).

Heureux ceux qui — avec le Sauveur — pleurent sur la souffrance humaine et gémissent sur le péché du monde! Ce deuil est exempt d’égoïsme. Jésus fut “l’homme de douleur”. Aucune langue ne peut décrire les angoisses de son âme. Ce sont nos forfaits qui l’ont meurtri et brisé. Consumé par un désir sans bornes de soulager les maux et la misère de la multitude, son cœur était d’autant plus navré de la voir refuser de venir à lui pour avoir la vie.

Tous les vrais disciples éprouveront les mêmes sentiments. À mesure que son amour agira sur eux, ils se mettront à l’œuvre pour travailler au salut des perdus. Ayant participé à ses souffrances, ils participeront aussi à sa gloire. Unis avec lui dans son œuvre, ayant pris part comme lui à la coupe de douleur, ils auront aussi part à sa joie.

C’est par ses souffrances que Jésus s’est qualifié pour le ministère de la consolation. Le tourment de l’humanité le désole. “Ayant été tenté lui-même dans ce qu’il a souffert, il peut secourir ceux qui sont tentés.” (Hébreux 2:18) Toute âme qui aura souffert avec le Sauveur sera digne de prendre part à son ministère. Car, “de même que les souffrances du Christ abondent en nous, de même notre consolation abonde par le Christ” (2 Corinthiens 1:5). Le Seigneur accorde à celui qui est affligé une grâce particulière qui lui permet d’attendrir les cœurs et de les sauver. Son amour rafraîchit ceux dont l’âme est brisée et meurtrie, et devient un baume pour ceux qui sont dans la souffrance. “Béni soit Dieu, [...] le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que, par la consolation dont nous sommes l’objet de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans quelque affliction!” (2 Corinthiens 1:3, 4)

“Heureux les doux, car ils hériteront la terre.”

Les béatitudes indiquent une marche progressive dans la vie chrétienne. L’homme, que la tristesse due à son péché et le sentiment de son néant ont conduit aux pieds du Christ et qui s’est assis avec lui à l’école de la douleur, apprendra de ce divin Maître la véritable douceur. Répondre aux mauvais traitements par l’indulgence et la patience, quelle nouveauté, pour les païens comme pour les Juifs! La déclaration inspirée selon laquelle Moïse était l’homme le plus doux de la terre n’aurait pas été considérée par les contemporains de Jésus comme une louange. Elle aurait plutôt éveillé leur pitié ou leur mépris. Mais le Sauveur place la douceur parmi les premières qualités requises pour entrer dans son royaume. Sa vie et son caractère révèlent la beauté divine de cette grâce précieuse.

Jésus, l’éclat de la gloire du Père, “n’a pas regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur” (Philippiens 2:6, 7). Il consentit à passer par toutes les phases humiliantes de la vie, vivant au milieu de notre humanité, non comme un roi exigeant des hommages, mais comme un homme dont la mission est de servir son prochain. Il n’y avait dans son attitude aucune trace d’ostentation, pas plus que de froide austérité. Le Rédempteur du monde était revêtu d’une nature supérieure à celle des anges et cependant il joignait à sa majesté divine une douceur et une humilité qui lui attiraient tous les cœurs.

Jésus s’était dépouillé de lui-même au point que le moi n’apparaissait jamais dans ses actions. Il subordonnait toutes choses à la volonté de son Père. À la fin de sa mission terrestre, il pouvait dire: “Je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire.” (Jean 17:4) Et voici l’exhortation qu’il nous adresse: “Recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur.” “Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même.” (Matthieu 11:29; 16:24) Le moi doit être détrôné et ne plus dominer l’âme.

Celui qui contemple le Christ dans son renoncement et son humilité sera obligé de répéter les paroles de Daniel lorsqu’il aperçut quelqu’un ayant l’apparence du Fils de l’homme: “Mon visage changea de couleur et fut décomposé, et je perdis toute vigueur.” (Daniel 10:8) Il verra toute la bassesse et la laideur de l’esprit de domination et d’indépendance dans lequel nous nous complaisons et y reconnaîtra des gages de notre asservissement à Satan. La nature humaine cherche toujours à se mettre en avant et à surpasser autrui, mais le disciple du Christ se dépouille de lui-même, de son orgueil, de son esprit de domination. Le silence s’établit dans son âme. Il s’abandonne à la volonté du Saint-Esprit et ne cherche plus à obtenir la première place; son ambition n’est plus de se signaler à l’attention d’autrui, mais de se tenir aux pieds du Sauveur, ce qu’il considère comme un immense privilège. Il regarde à Jésus, certain que sa main le conduira et que sa voix le dirigera. Telle fut l’expérience de l’apôtre Paul: “J’ai été crucifié avec Christ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi.” (Galates 2:20)

Lorsque nous permettrons au Christ de demeurer dans notre âme, la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera nos cœurs et nos esprits en lui. Quoique se déroulant au milieu des luttes, la vie de Jésus sur la terre fut une vie de paix. Poursuivi par des ennemis furieux, il disait: “Celui qui m’a envoyé est avec moi; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable.” (Jean 8:29) Aucune manifestation de colère humaine ou satanique ne pouvait troubler le calme de sa communion parfaite avec Dieu. Il nous dit: “Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix.” (Jean 14:27) “Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes.” (Matthieu 11:29) Portez avec moi le joug du service pour la gloire de Dieu et pour le relèvement de l’humanité, et vous verrez combien il est doux et combien ce fardeau est léger.

C’est l’amour du moi qui détruit notre paix. Aussi longtemps que ce moi est vivant, nous le défendons contre la mortification et l’insulte. Mais lorsque nous sommes morts et que notre vie est cachée avec le Christ en Dieu, nous ne prenons plus à cœur les manques d’égards ou d’estime. Nous devenons sourds et aveugles aux brimades, aux moqueries et aux insultes. “La charité est patiente, elle est pleine de bonté; la charité n’est pas envieuse; la charité ne se vante pas, elle ne s’enfle pas d’orgueil, elle ne fait rien de malhonnête, elle ne cherche pas son intérêt, elle ne s’irrite pas, elle ne soupçonne pas le mal, elle ne se réjouit pas de l’injustice, mais elle se réjouit de la vérité; elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout. La charité ne périt jamais.” (1 Corinthiens 13:4-8)

Le bonheur terrestre est éphémère. Il dépend essentiellement des circonstances qui le produisent; mais la paix du Christ est une paix qui demeure. Ni les circonstances de la vie, ni les biens de la terre, ni le nombre de nos amis terrestres n’influent sur elle. Le Christ est la fontaine d’où jaillit l’eau de la vie, et le bonheur que nous y puisons ne tarira jamais.

La douceur du Christ manifestée au sein de la famille rend chaque membre heureux. Elle ne provoque pas de querelles, ne réplique pas de façon courroucée, mais apaise l’irritation et répand une paix qui gagne tous ceux qui se trouvent dans son cercle enchanté. Elle intègre à la grande famille du ciel les familles où elle règne ici-bas.

Il est infiniment préférable de se laisser accuser faussement que d’appliquer la loi du talion à nos ennemis. L’esprit de haine et de vengeance nous vient de Satan et cet esprit ne peut qu’apporter le mal à celui qui l’accueille. L’humilité du cœur, la douceur, qui est le fruit de la présence du Christ en nous, voilà le vrai secret de la bénédiction. “Il glorifie les malheureux en les sauvant.” (Psaumes 149:4)

Les débonnaires “hériteront la terre”. C’est l’orgueil qui a ouvert la porte du monde au péché; c’est par lui que nos premiers parents ont perdu la domination de la terre, leur royaume. Par son abnégation, le Sauveur a racheté ce qui avait été perdu et il déclare que nous devons vaincre comme il a vaincu. C’est en nous humiliant et en nous abandonnant à lui que nous deviendrons héritiers avec lui, au moment où les débonnaires “hériteront la terre”.

La terre qui leur est promise ne sera pas, comme celle-ci, assombrie par les ombres de la mort et de la malédiction. “Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera.” (2 Pierre 3:13) “Il n’y aura plus d’anathème. Le trône de Dieu et de l’agneau sera dans la ville; ses serviteurs le serviront.” (Apocalypse 22:3)

Sur cette terre nouvelle, il n’y aura plus de déceptions, plus de douleurs, plus de péchés, plus personne qui dise: “Je suis malade.” Il n’y aura plus de tombes, plus de deuils, plus de morts, plus de séparations, plus de cœurs brisés. Car Jésus sera là et sa paix avec lui: “Ils n’auront pas faim et ils n’auront pas soif; le mirage et le soleil ne les feront point souffrir; car celui qui a pitié d’eux sera leur guide, et il les conduira vers des sources d’eaux.” (Ésaïe 49:10)

“Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.”

Être juste, c’est être saint, c’est ressembler à Dieu, et “Dieu est amour”. 1 Jean 4:16. C’est obéir à la loi de Dieu; car “tous ses commandements sont justes”. Psaumes 119:172. Accomplir la loi, c’est aimer. Romains 13:10. La justice, c’est l’amour et l’amour est la caractéristique et la vie même de Dieu. La justice de Dieu a été personnifiée par Jésus: en le recevant, nous recevons la justification.

Elle ne s’obtient ni par des luttes douloureuses, ni par un labeur épuisant, ni par des dons ou des sacrifices; elle est donnée gratuitement à toute âme qui a faim et soif de la recevoir. “Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, même celui qui n’a pas d’argent! Venez, achetez et mangez, [...] sans argent et sans rien payer.” Ésaïe 55:1. “Tel est le salut qui leur viendra de moi, dit l’Éternel.” Ésaïe 54:17. “Et voici le nom dont on l’appellera: l’Éternel notre justice.” Jérémie 23:6.

Il n’y a rien d’humain qui puisse apporter quelque satisfaction à cette faim et à cette soif de l’âme. Mais Jésus dit: “Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi.” Apocalypse 3:20. “Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif.” Jean 6:35.

De même que nous avons besoin d’aliments pour entretenir nos forces physiques, nous avons aussi besoin de Jésus-Christ, le pain du ciel, pour entretenir notre vie spirituelle et les forces nécessaires à l’accomplissement des œuvres de Dieu. De même que le corps a besoin de nourriture pour conserver sa santé et sa vigueur, de même aussi l’âme doit être sans cesse en communion avec le Christ, se soumettre à lui et dépendre entièrement de lui.

Comme le voyageur lassé cherche avidement la source dans le désert et y étanche la soif qui le dévore, le chrétien altéré cherchera l’eau pure de la vie, et la trouvera en Jésus qui en est la source.

Quand nous discernerons la perfection du caractère du Sauveur, nous désirerons être complètement transformés à son image. Plus nous connaîtrons Dieu, plus notre idéal sera élevé et plus sincère notre désir de lui ressembler. Un élément divin s’unit à l’homme lorsqu’il cherche Dieu et qu’avec ardeur il s’écrie: “Oui, mon âme, confie-toi en Dieu! Car de lui vient mon espérance.” Psaumes 62:6.

Si votre âme ressent son dénuement, si elle a faim et soif de justice, cela prouve que Jésus fait son œuvre dans votre cœur pour vous amener, grâce au Saint-Esprit, à chercher en lui ce que vous ne pouvez vous procurer par vous-même. Pourquoi étancher votre soif à des sources illusoires alors que la source véritable à laquelle nous pouvons tous nous abreuver à longs traits est à notre portée, si toutefois nous consentons à nous élever progressivement dans le sentier de la foi?

Les paroles de Dieu sont des sources de vie. Tandis que, sous la direction du Saint-Esprit, vous sonderez ces sources, vous entrerez en communion avec le Sauveur. Des vérités familières se présenteront à votre esprit sous un aspect nouveau; des versets des saintes Écritures vous apparaîtront, comme dans un éclair, pleins de pensées nouvelles. Vous saurez le rapport qui existe entre la doctrine de la rédemption et d’autres vérités, vous saurez que Jésus vous conduit, qu’un Maître divin est à votre côté. Le Seigneur dit: “L’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle.” Jean 4:14.

À mesure que le Saint-Esprit ouvrira vos yeux à la vérité, vous vous enrichirez des expériences les plus précieuses et vous éprouverez un ardent désir de vous entretenir avec d’autres des choses réconfortantes qui vous ont été révélées; vous leur apporterez des éléments nouveaux sur le caractère et l’œuvre du Christ. Vous pourrez donner à ceux qui ne l’aiment pas la révélation de son amour compatissant.

“Donnez, et il vous sera donné.” Luc 6:38. Car la Parole de Dieu est “une fontaine des jardins, une source d’eaux vives, des ruisseaux du Liban”. Cantique des cantiques 4:15. Celui qui a goûté un jour à l’amour de Jésus désire le sentir toujours plus profondément, et il sera d’autant plus richement et abondamment exaucé qu’il aura fait part à d’autres de ce qu’il aura reçu. Chaque fois que Dieu se révèle à l’âme humaine, celle-ci augmente sa capacité de connaître et d’aimer. Son cri continuel est: “Plus près de toi.” Notre Dieu aime faire “infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons”. Ephésiens 3:20. À Jésus qui a renoncé à lui-même pour sauver l’humanité, le Saint-Esprit fut donné sans réserve. De même, cet Esprit sera accordé à tout disciple qui donnera son cœur sans réserve à son Maître pour qu’il en fasse sa demeure. Notre Dieu a donné cet ordre qui est aussi la promesse d’un accomplissement: “Soyez [...] remplis de l’Esprit.” Ephésiens 5:18. Le bon plaisir du Père est “que toute plénitude habite en nous”, et que “nous ayons tout pleinement en lui”. Colossiens 1:19; 2:10.

Dieu a répandu son amour sur l’humanité avec autant de profusion que les pluies qui rafraîchissent la terre. Il dit: “Que les cieux répandent d’en haut et que les nuées laissent couler la justice! Que la terre s’ouvre, que le salut y fructifie, et qu’il en sorte à la fois la délivrance!” Ésaïe 45:8. “Les malheureux et les indigents cherchent de l’eau, et il n’y en a pas; leur langue est desséchée par la soif. Moi, l’Éternel, je les exaucerai; moi, le Dieu d’Israël, je ne les abandonnerai pas. Je ferai jaillir des fleuves sur les collines, et des sources au milieu des vallées; je changerai le désert en étang, et la terre aride en courants d’eau.” Ésaïe 41:17, 18.

“Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce.” Jean 1:16.

“Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.”

Par nature l’homme a un cœur froid, indifférent, ombrageux. Lorsqu’il manifeste un esprit de pitié ou de pardon, il ne le fait pas de lui-même, mais seulement sous l’influence de l’Esprit de Dieu. “Nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier.” 1 Jean 4:19.

Dieu est la source de toute miséricorde. Il s’appelle “miséricordieux et compatissant”. Exode 34:6. Il ne nous traite pas selon nos péchés; il ne nous demande pas d’être dignes de son amour, mais il nous comble de ses largesses pour que nous le devenions. Dieu n’est pas vindicatif; il ne cherche pas à punir, mais à sauver. La sévérité même dont parfois il fait preuve dans ses interventions a pour but le salut du méchant. Il désire ardemment soulager les hommes de leurs maux et répandre son baume sur leurs blessures. Et s’il “ne tient pas le coupable pour innocent” (Exode 34:7), il désire cependant le délivrer de sa culpabilité.

Les miséricordieux sont “participants de la nature divine”; l’amour compatissant de Dieu trouve en eux son expression. Tous ceux dont le cœur sympathise avec l’Amour infini chercheront à guérir au lieu de condamner. La présence du Christ dans l’âme est une source qui ne tarira jamais. Là où il demeure, sa bonté sera débordante.

Quand il entend l’appel des égarés, de ceux qui sont tentés et des malheureuses victimes de la misère et du péché, le chrétien ne se demande pas: “Sont-ils dignes?” mais plutôt: “Comment puis-je leur être utile?” Dans les hommes les plus dégradés, les plus souillés, il voit des êtres pour le salut desquels Jésus est mort et pour lesquels il a confié à ses disciples le ministère de la réconciliation.

Les miséricordieux sont ceux qui ont compassion des pauvres, des affligés et des opprimés. Job déclare: “Car je sauvais le pauvre qui implorait du secours, et l’orphelin qui manquait d’appui. La bénédiction du malheureux venait sur moi; je remplissais de joie le cœur de la veuve. Je me revêtais de la justice et je lui servais de vêtement, j’avais ma droiture pour manteau et pour turban. J’étais l’œil de l’aveugle et le pied du boiteux. J’étais le père des misérables, j’examinais la cause de l’inconnu.” Job 29:12-16.

Nombreux sont ceux pour lesquels la vie est une lutte douloureuse; conscients de leurs déficiences, ils sont misérables, aigris et incrédules, et ne voient rien qui puisse motiver leur reconnaissance. Une parole opportune, un regard de sympathie, un témoignage d’estime seraient pour les âmes solitaires en proie à ces luttes amères comme le verre d’eau pour celui qui a soif. Un mot aimable, un acte de bonté allégeraient les fardeaux qui pèsent si lourdement sur ces épaules fatiguées. Car, chaque parole, chaque geste charitable est l’expression de l’amour du Christ pour l’humanité perdue.

Les miséricordieux “obtiendront miséricorde”. “L’âme bienfaisante sera rassasiée, et celui qui arrose sera lui-même arrosé.” Proverbes 11:25. Une douce paix remplit l’esprit compatissant, et une joie bénie accompagne tout acte désintéressé. Le Saint-Esprit qui demeure dans une âme et se manifeste au-dehors attendrira les cœurs les plus endurcis et suscitera la sympathie et la tendresse. Vous moissonnerez ce que vous semez. “Heureux celui qui s’intéresse au pauvre! [...] L’Éternel le garde et lui conserve la vie. Il est heureux sur la terre, et tu ne le livres pas au bon plaisir de ses ennemis. L’Éternel le soutient sur son lit de douleur; tu le soulages dans toutes ses maladies.” Psaumes 41:1-4.

Quiconque a consacré sa vie à Dieu pour le salut de ses semblables est intimement uni à celui qui dispose de toutes les richesses de l’univers. Sa vie est liée à celle de Dieu par d’immuables promesses. Le Seigneur ne lui manquera pas à l’heure de la souffrance et de la détresse. “Et mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus-Christ.” Philippiens 4:19. Aussi, lors de la lutte finale, les miséricordieux trouveront-ils un refuge dans la miséricorde du Sauveur compatissant et seront-ils reçus dans les demeures éternelles.

“Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu.”

Les Juifs étaient si intransigeants au sujet de la pureté cérémonielle que leurs prescriptions en étaient insupportables. Les règlements, les restrictions et la crainte de l’impureté extérieure occupaient à tel point leurs esprits qu’ils ne voyaient plus la laideur imprimée au fond de leur âme par l’égoïsme et la méchanceté.

Le Sauveur ne fait pas de cette pureté cérémonielle une condition d’entrée dans le royaume des cieux, mais il montre la nécessité de posséder un cœur pur. La sagesse qui vient d’en haut est “premièrement pure”. Jacques 3:17. Dans la cité de Dieu, il n’entrera rien de souillé. Tous ceux qui veulent y habiter devront avoir purifié leur cœur ici-bas. Celui qui veut suivre Jésus marquera une aversion toujours plus vive tant pour les manières et le langage inconvenants que pour les pensées grossières. Quand Jésus entre dans un cœur, il y apporte la pureté de la pensée et de la conduite.

Mais les paroles de Jésus: “Heureux ceux qui ont le cœur pur”, ont une signification plus profonde encore. Il ne s’agit pas simplement d’être pur dans le sens où le monde comprend habituellement la pureté, c’est-à-dire le contraire de la sensualité et de la volupté, mais de cette pureté qui implique la loyauté dans les mobiles les plus secrets de l’âme, l’humilité, le désintéressement, la candeur enfantine.

Seuls ceux qui se ressemblent peuvent s’apprécier. À moins que dans votre propre vie vous ne fassiez place à l’amour désintéressé, qui est le principe même du caractère divin, vous ne pouvez connaître Dieu. Le cœur que Satan aveugle considère Dieu comme un être tyrannique et impitoyable. Il attribue au Dieu d’amour l’égoïsme de l’humanité et de Satan lui-même. “Tu t’es imaginé que je te ressemblais.” Psaumes 50:21. Ses interventions sont interprétées comme l’expression d’une nature arbitraire et vindicative. Il en est de même de la Bible, trésor des richesses de sa grâce. On ne discerne pas la gloire de ses plans qui sont aussi élevés que le ciel et qui embrassent l’éternité. Pour la plus grande partie du genre humain, le Christ lui-même est “comme un rejeton qui sort d’une terre desséchée” et l’on ne voit en lui “ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards”. Ésaïe 53:2. Lorsque Jésus se trouvait parmi les hommes — révélation de Dieu sous une forme humaine — les scribes et les pharisiens lui déclarèrent: “N’avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain, et que tu as un démon?” Jean 8:48. Ses disciples eux-mêmes étaient tellement aveuglés par l’égoïsme de leur cœur qu’ils étaient lents à comprendre celui qui était venu leur révéler l’amour du Père. C’était la raison pour laquelle Jésus était solitaire au milieu d’eux. Le ciel était le seul lieu où il fut complètement compris.

Lorsque le Christ viendra dans sa gloire, les méchants ne pourront supporter sa vue. Si l’éclat de sa présence apporte la vie à ceux qui l’aiment, il dispensera la mort aux impies. Son retour sera pour ceux-ci “une attente terrible du jugement et de l’ardeur d’un feu qui dévorera les rebelles”. Hébreux 10:27. Et, lorsqu’il paraîtra, ils se répandront en supplications afin de ne pas voir la face de celui qui est mort pour leur rachat.

Mais pour les cœurs qui ont été purifiés par la présence du Saint-Esprit, tout est différent. Ceux-là peuvent connaître Dieu. De même que Moïse dut se cacher dans l’anfractuosité du rocher pour que le Seigneur lui révélât sa gloire, nous devons nous cacher dans le Christ pour contempler l’amour du Père.

“Celui qui aime la pureté du cœur, et qui a la grâce sur les lèvres, a le roi pour ami.” Proverbes 22:11. Par la foi, nous voyons Dieu ici-bas et dès maintenant. Chaque jour nous découvrons sa bonté et sa compassion dans la manifestation de sa providence. Nous le reconnaissons dans le caractère de son Fils. Le Saint-Esprit dévoile à l’intelligence et au cœur les vérités relatives à Dieu et à Celui qu’il a envoyé. Le Créateur apparaît sous un jour nouveau à ceux dont le cœur est pur; leur Rédempteur leur devient plus cher, et plus ils discernent la pureté et la beauté de son caractère, plus ils aspirent à lui ressembler. Ils voient en Dieu un Père qui voudrait serrer dans ses bras un fils repentant, et leurs cœurs se remplissent d’une joie ineffable et glorieuse.

Ceux dont le cœur est pur reconnaissent le Créateur dans les œuvres de sa main puissante et dans les beautés répandues dans l’univers. Dans sa parole écrite, ils lisent en lignes plus claires la révélation de sa miséricorde, de sa bonté et de sa grâce. Les vérités qui sont cachées aux sages et aux intelligents sont révélées aux enfants. La beauté et la valeur de cette Parole, que les sages de ce monde ne peuvent pas discerner, se manifestent constamment aux humbles qui désirent sincèrement connaître Dieu et lui obéir. C’est dans la mesure où nous participerons de la nature divine que nous comprendrons la vérité.

Ceux dont le cœur est pur vivent comme en la présence visible de Dieu pendant le temps qu’il leur accorde de passer sur cette terre. Puis, plus tard, quand ils auront revêtu l’immortalité, ils le verront face à face, comme Adam lorsqu’il se promenait dans le jardin d’Éden et s’entretenait avec Dieu. “Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face.” 1 Corinthiens 13:12.

“Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés Fils de Dieu.”

Jésus est “le prince de la paix” (Ésaïe 9:5); il a pour mission de rendre à la terre et au ciel la paix que le péché en a bannie. “Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ.” Romains 5:1. Quiconque consent à renoncer au péché et à ouvrir son cœur à l’amour du Christ participe à cette paix céleste.

Cette paix ne peut s’obtenir par aucun autre moyen. Reçue dans une âme, la grâce de Jésus dompte l’ennemi, apaise le combat et remplit le cœur d’amour. Celui qui est en paix avec Dieu et son prochain ne peut être malheureux. L’envie n’aura pas de prise sur lui, pas plus que les soupçons ou la haine. L’homme qui est en règle avec Dieu jouit de la paix d’en haut et répand autour de lui une influence bénie. L’esprit de paix descendra comme la rosée sur les cœurs travaillés et lassés par les luttes de ce monde.

Les disciples de Jésus sont envoyés dans le monde avec un message de paix. Celui qui, inconscient de l’influence de sa vie sainte, révèle naturellement l’amour du Christ ou qui, par la parole ou l’action, amène un homme à renoncer au péché et à se donner à Dieu, “procure la paix”.

Et “heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu”. L’esprit de paix qui les habite est la preuve de leur communion avec le Ciel. La bonne odeur de Jésus les entoure. Le parfum de leur vie, la beauté de leur caractère révèlent au monde leur qualité de fils de Dieu, et les hommes comprennent qu’ils ont été avec le Sauveur. “Quiconque aime est né de Dieu.” 1 Jean 4:7. “Si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il ne lui appartient pas.” Mais “tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu”. Romains 8:9, 14.

“Le reste de Jacob sera au milieu des peuples nombreux comme une rosée qui vient de l’Éternel, comme des gouttes d’eau sur l’herbe: elles ne comptent pas sur l’homme, elles ne dépendent pas des enfants des hommes.” Michée 5:6.

“Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux.”

Jésus ne promet pas à ses disciples la gloire et les richesses de la terre, ni même une vie sans épreuves; il leur offre le privilège de marcher avec lui sur le chemin étroit du renoncement, en butte au mépris d’un monde qui le méconnaît.

Le Rédempteur de l’humanité dut affronter à la fois les adversaires de Dieu et de l’homme. Dans un complot impitoyable, des hommes pervers et des anges de ténèbres se liguèrent contre le prince de la paix. Bien que ses paroles et ses actions fussent empreintes d’une divine compassion, sa dissemblance d’avec le monde était telle qu’elle souleva une hostilité acharnée. Parce qu’il condamnait les passions mauvaises de notre nature, il souleva une inimitié et une opposition cruelles. Il en sera de même pour tous ceux qui vivront pieusement en Jésus. Il existe un conflit inévitable entre la justice et le péché, l’amour et la haine, la vérité et le mensonge. Lorsque, par sa vie, un homme met en évidence l’amour du Sauveur et la beauté de la sainteté, il enlève des sujets au royaume de Satan; le prince des ténèbres cherche alors à l’abattre. La persécution et les railleries attendent tous ceux qui sont remplis de l’Esprit du Christ. Le caractère de la persécution change avec les époques, mais l’esprit qui la provoque et l’anime ne change jamais; c’est celui qui, depuis les jours d’Abel, a toujours cherché à détruire les élus du Seigneur.

Ceux qui voudront vivre en harmonie avec Dieu s’apercevront que l’opprobre de la croix n’a pas cessé. Les autorités, les puissances et les esprits méchants dans les lieux célestes sont ligués contre tous ceux qui désirent obéir à la loi du ciel. C’est pourquoi, au lieu d’être un motif de chagrin, la persécution devrait être un sujet de joie pour les disciples du Christ, car elle prouve qu’ils suivent bien les traces de leur Maître.

S’il est vrai que le Seigneur n’a pas promis à ses disciples de les mettre à l’abri de l’épreuve, il leur a promis beaucoup mieux: “Que ta vigueur dure autant que tes jours.” Deutéronome 33:25. Et encore: “Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse.” 2 Corinthiens 12:9. Si, pour son nom, vous êtes appelés à passer par l’épreuve de la fournaise ardente, Jésus se tiendra à votre côté comme il s’est tenu auprès des trois fidèles Hébreux, à la cour de Babylone. Ceux qui aiment leur Rédempteur se réjouiront toutes les fois qu’ils pourront participer à son humiliation et à son opprobre. L’amour qu’ils éprouvent pour leur Seigneur rend douces les souffrances qu’ils doivent endurer à cause de lui.

Dans tous les siècles, Satan a persécuté les enfants de Dieu, les a torturés et mis à mort; mais, en mourant, ils devinrent des vainqueurs. Par leur foi inébranlable, ils firent connaître celui qui est plus puissant que Satan. Celui-ci pouvait torturer et tuer les corps, mais il ne pouvait pas toucher à la vie qui est cachée avec le Christ en Dieu. Il pouvait faire jeter les disciples en prison, mais il ne pouvait pas lier leur esprit. À travers les ombres, ceux-ci pouvaient entrevoir la gloire et se dire: “J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous.” Romains 8:18. “Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire.” 2 Corinthiens 4:17.

Par les épreuves et la persécution, la gloire et le caractère de Dieu sont révélés à ses élus. L’Église, haïe et persécutée par le monde, est formée et disciplinée à l’école du Christ. Elle avance le long de sentiers étroits sur la terre, où elle est purifiée dans la fournaise de l’affliction. À travers des luttes douloureuses, elle suit le Maître sur le chemin du sacrifice, exposée à d’amères déceptions; mais cette rude école lui enseigne la culpabilité et la malédiction du péché qu’elle considère avec horreur. Participant aux souffrances du Christ, les enfants de Dieu auront aussi part à sa gloire. Dans une sainte vision, le prophète vit le triomphe de Dieu. Il dit: “Et je vis comme une mer de verre, mêlée de feu, et ceux qui avaient vaincu... debout sur la mer de verre, ayant des harpes de Dieu. Et ils chantent le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, et le cantique de l’agneau, en disant: Tes œuvres sont grandes et admirables, Seigneur Dieu tout-puissant! Tes voies sont justes et véritables, roi des nations.” Apocalypse 15:2, 3. “Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation; ils ont lavé leurs robes, et ils les ont blanchies dans le sang de l’agneau. C’est pour cela qu’ils sont devant le trône de Dieu, et le servent nuit et jour dans son temple. Celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux.” Apocalypse 7:14, 15.

“Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera.”

Depuis sa chute, Satan a toujours eu recours au mensonge. De même qu’il a calomnié Dieu, il calomnie les enfants de Dieu. Le Sauveur dit: “C’est pour toi que je porte l’opprobre.” Psaumes 69:8. Les disciples, eux aussi, doivent porter cet opprobre.

De tous ceux qui vécurent au milieu des hommes, nul ne fut plus diffamé que le Fils de l’homme. On le raillait, on l’accablait de sarcasmes à cause de son obéissance inébranlable aux principes de la sainte loi de Dieu. Haï sans cause, il affronta courageusement et calmement ses ennemis, déclarant que l’opprobre faisait partie de l’héritage du chrétien. Il enseigna à ses disciples la manière de parer les flèches de la méchanceté, les exhortant à ne pas se laisser abattre par la persécution.

La calomnie peut noircir la réputation, mais elle ne peut ternir le caractère. Dieu le tient en sa garde. Tant que nous ne consentons pas à pécher, il n’y a pas de puissance humaine ou satanique qui puisse souiller notre âme. L’homme dont le cœur s’appuie sur Dieu est aussi ferme à l’heure de l’épreuve la plus cruelle et dans les circonstances les plus décourageantes qu’au temps de la prospérité, alors que la lumière et la faveur de Dieu semblent le protéger. Ses paroles, ses actions, ses mobiles peuvent être incompris, faussés; peu lui importe, puisqu’il a de plus grands intérêts en jeu. Comme Moïse, il patiente, “voyant ce qui est invisible” (Hébreux 11:27), regardant “non aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles”. 2 Corinthiens 4:18.

Jésus voit tout ce qui est incompris ou falsifié par les hommes. Ses disciples peuvent se reposer sur lui avec patience et avec confiance, bien que maltraités et méprisés. Car tout ce qui est secret sera dévoilé, et ceux qui honorent Dieu seront honorés par lui en présence des hommes et des anges.

“Lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera”, dit Jésus, “réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse”. Puis il entretient ses auditeurs des prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur et les donne comme “modèles de souffrance et de patience”. Jacques 5:10. Abel, le premier chrétien de la famille d’Adam, mourut martyr. Énoch marcha avec Dieu et le monde ne le vit plus. On se moqua de Noé et on le considéra comme un fanatique et un alarmiste. “D’autres subirent les moqueries et le fouet, les chaînes et la prison.” “D’autres furent livrés aux tourments, et n’acceptèrent pas de délivrance, afin d’obtenir une meilleure résurrection.” Hébreux 11:36, 35.

En tout temps, les messagers choisis par Dieu ont été méprisés et persécutés; mais leurs afflictions ont contribué à répandre la connaissance de Dieu. Chaque disciple du Christ doit entrer dans les rangs et accomplir la même œuvre, sachant que ses ennemis ne peuvent rien contre la vérité mais que tout ce qu’ils feront tournera en faveur de celle-ci. Dieu désire que cette vérité soit mise en évidence, qu’elle soit examinée et discutée, malgré le mépris dont on l’accable. Les esprits doivent être remués. Tous les efforts qui sont faits dans le but de restreindre la liberté de conscience sont des moyens dont Dieu se sert pour éveiller les esprits, qui, autrement, sommeilleraient.

Combien de fois ce fait ne s’est-il pas confirmé dans la vie des messagers de Dieu? Quand l’éloquent et noble Étienne fut lapidé sur l’ordre du Sanhédrin, sa mort ne fut pas une perte pour la cause de l’Évangile. Un éclat céleste illuminait son visage, une compassion infinie imprégnait sa dernière prière et ce furent ces traits de lumière qui amenèrent Saul, pharisien fanatique, membre du Sanhédrin, à devenir, lui, persécuteur, l’instrument par lequel Dieu fit connaître le nom de Jésus-Christ aux non-juifs, aux rois et aux enfants d’Israël. C’est ce même Paul qui, devenu vieux, écrivit de sa prison à Rome: “Quelques-uns, il est vrai, prêchent [...] Christ par envie, et par esprit de dispute, [...] avec la pensée de me susciter quelque tribulation dans mes liens. Qu’importe? De toute manière, que ce soit pour l’apparence, que ce soit sincèrement, Christ n’est pas moins annoncé.” Philippiens 1:15, 17, 18. Grâce à l’emprisonnement de Paul, l’Évangile fut répandu au loin, et des âmes furent gagnées au Christ, même dans le palais des Césars. Malgré les efforts destructeurs de Satan, “la semence incorruptible” de la Parole de Dieu “vivante et permanente” (1 Pierre 1:23) est semée dans le cœur des hommes. Par l’opprobre et la persécution de ses disciples, le nom de Jésus est glorifié et des âmes sont sauvées.

Grande sera la récompense accordée dans le ciel à ceux qui, pour rendre témoignage au Sauveur, auront été persécutés et opprimés. Tandis que le monde recherche les biens de la terre, Jésus leur montre la récompense céleste. Et il ne la place pas uniquement dans la vie future, mais déjà ici-bas. Le Seigneur apparut à Abraham et lui dit: “N’aie pas peur, je suis ton bouclier, et ta récompense sera très grande.” Genèse 15:1. La rémunération de ceux qui suivent le Christ, c’est Yahveh, Emmanuel, celui en qui “sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science” et en qui “habite corporellement toute la plénitude de la divinité”. Colossiens 2:3, 9. Ils apprendront à l’aimer, à le connaître, à le rechercher à mesure que leur cœur s’ouvrira pour recevoir ses attributs, à ressentir son amour et sa puissance, posséder les insondables richesses du Seigneur, comprendre de mieux en mieux “quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance, en sorte [qu’ils soient] remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu”. Ephésiens 3:18, 19. “Tel est l’héritage des serviteurs de l’Éternel, tel est le salut qui leur viendra de moi, dit l’Éternel.” Ésaïe 54:17.

C’était cette joie qui remplissait le cœur de Paul et de Silas quand, au milieu de la nuit, ils chantaient les louanges du Seigneur dans la prison de Philippes. Le Christ se trouvait auprès d’eux, et la lumière de sa présence dissipait les ténèbres. De Rome, en dépit de ses fers, Paul écrivait, constatant la puissance irrésistible de la proclamation de l’Évangile: “Je m’en réjouis, et je m’en réjouirai encore.” Philippiens 1:18. Et les paroles que Jésus prononça sur la montagne font encore entendre leur écho dans le message que Paul adressa aux Philippiens alors qu’ils se trouvaient au milieu de la tribulation: “Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur; je le répète, réjouissez-vous.” Philippiens 4:4.

“Vous êtes le sel de la terre.”

La valeur du sel réside dans ses propriétés de préservation. Lorsque Dieu compare ses enfants à du sel, il désire leur faire comprendre qu’ils doivent devenir les canaux de sa grâce pour sauver d’autres âmes. En se choisissant un peuple, Dieu ne pensait pas seulement adopter des fils et des filles, mais il voulait encore permettre au monde de recevoir par eux la grâce qui apporte le salut. Tite 2:11. En choisissant Abraham il n’avait pas simplement pour but d’en faire son ami personnel mais bien un intermédiaire qui ferait connaître au monde les privilèges qu’il désirait accorder aux nations. Dans la dernière prière que Jésus prononça en faveur de ses disciples, avant la crucifixion, il dit: “Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité.” Jean 17:19. De même, les chrétiens qui auront été purifiés par la vérité posséderont les qualités qui préserveront le monde d’une corruption morale complète.

Le sel doit être mélangé à la substance à laquelle on l’ajoute; il faut qu’il la pénètre pour pouvoir la conserver. C’est grâce à notre contact personnel et notre affection que le monde peut être touché par la puissance de l’Évangile. Les hommes ne sont pas sauvés par groupes, mais individuellement. L’influence personnelle est une puissance. Il faut que nous nous approchions tout près de ceux auxquels nous désirons faire du bien.

La saveur du sel représente la puissance vitale du chrétien, l’amour de Jésus dans le cœur, la justice du Christ imprégnant la vie. L’amour du Sauveur est expansif et actif. S’il habite en nos cœurs, il rayonnera sur ceux qui nous entourent. Nous fraterniserons avec eux jusqu’à ce que leurs cœurs soient réchauffés par nos attentions désintéressées et par notre amour. Les croyants sincères répandent une énergie vitale, active, qui communique une nouvelle force morale aux âmes pour lesquelles ils travaillent. Ce n’est pas la puissance de l’homme, mais celle du Saint-Esprit qui accomplit cette œuvre de transformation.

Et Jésus ajoute cet avertissement solennel: “Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes.”

Tandis que Jésus prononçait ces paroles, ses auditeurs pouvaient voir en effet étinceler, sur les sentiers, le sel sans saveur qu’on y avait jeté. Cette image représentait à merveille l’état des pharisiens et l’effet de leur religion sur la société. Elle représente aussi la vie de toute âme d’où la puissance de la grâce de Dieu s’est retirée, la laissant froide et sans Sauveur. Quelle que soit sa profession de foi, une telle âme est considérée par les anges et par les hommes comme insipide et désagréable. C’est à elle que le Christ dit: “Puisses-tu être froid ou bouillant! Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche.” Apocalypse 3:15, 16.

Sans une foi vivante en Jésus, notre Sauveur personnel, nous ne pourrons pas exercer notre influence sur le monde incrédule. Nous ne pouvons donner aux autres que ce que nous possédons nous-mêmes. Notre influence pour le bien et pour le relèvement de l’humanité est proportionnée à notre piété et à notre consécration. Là où il n’y a pas de désintéressement réel, pas d’amour sincère, pas d’expérience vraie, il n’y a pas non plus de puissance efficace, pas de contact avec le Ciel. La vie n’est pas imprégnée de la saveur du Christ. À moins que le Saint-Esprit ne nous emploie comme des canaux pour communiquer au monde la vérité qui se trouve en Jésus, nous sommes comme du sel qui, ayant perdu sa saveur, est devenu inutile. Si nous ne possédons pas en nous la grâce du Sauveur, nous montrons que la vérité à laquelle nous professons croire n’est pas assez puissante pour nous sanctifier, et, en ce qui concerne notre influence, nous rendons sans effet la Parole de Dieu. “Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit. Et quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien. Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien.” 1 Corinthiens 13:1-3.

Si l’amour remplit notre cœur, il débordera sur ceux qui nous entourent, non à cause des faveurs qu’ils nous auront accordées, mais parce que l’amour est un principe actif. L’amour transforme le caractère, gouverne les impulsions, bannit l’inimitié et ennoblit les affections. Cet amour est aussi vaste que l’univers et il est en harmonie avec celui des anges du ciel; quand il pénètre dans un cœur, il répand son parfum dans toute la vie et sa bénédiction tout alentour. C’est grâce à lui, et à lui seul, que nous pouvons devenir le sel de la terre.

“Vous êtes la lumière du monde.”

L’enseignement de Jésus était captivant, il fixait l’attention de ses auditeurs par de fréquentes illustrations tirées des scènes de la nature. Le peuple s’était rassemblé dès le matin alors que le soleil radieux, s’élevant toujours plus haut dans le ciel bleu, chassait les ombres qui s’attardaient encore dans les vallées et dans les étroits défilés montagneux. La gloire de l’aurore ne s’était pas encore évanouie. Les rayons du soleil inondaient le pays de leur splendeur; paisible, le lac réfléchissait la lumière dorée et les nuages légers du matin. Chaque bouton, chaque fleur, chaque brin de feuillage étincelait de rosée. La nature souriait sous la bénédiction d’un jour nouveau et les oiseaux chantaient dans les branches. Embrassant du regard la foule qui se pressait devant lui, le Sauveur dit à ses disciples : “Vous êtes la lumière du monde.” De même que le soleil se lève pour accomplir son œuvre d’amour, pour dissiper les ombres de la nuit et rendre la vie au monde, de même les disciples du Christ doivent poursuivre leur mission, et répandre la lumière du ciel sur ceux qui sont dans les ténèbres de l’erreur et du péché.

Dans la radieuse lumière du matin, les villes et les villages situés sur les collines environnantes resplendissaient, augmentant encore l’attrait du décor. Dirigeant ses regards de ce côté, Jésus dit: “Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.” Puis il ajouta: “On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.” La plupart de ceux qui écoutaient les paroles de Jésus étaient des paysans et des pêcheurs; leurs modestes demeures ne comprenaient qu’une seule pièce dans laquelle une lampe unique devait assurer l’éclairage. De même, dit Jésus: “Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.”

Aucune lumière n’a brillé ni ne brillera sur l’homme perdu si ce n’est celle qui émane de Jésus-Christ. Notre Sauveur est la seule lumière qui puisse illuminer les ténèbres d’un monde plongé dans le péché. Il est écrit à son sujet: “En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.” Jean 1:4. C’est seulement en recevant sa vie que les disciples peuvent devenir des porte-lumière. Sa vie dans leur âme et son amour révélé dans leur caractère sont nécessaires pour faire d’eux la lumière du monde.

Le monde est plongé dans les ténèbres. Sans le Christ nous sommes comme une mèche éteinte, comme la lune quand elle ne réfléchit pas la lumière du soleil; nous ne possédons pas le moindre rayon à projeter sur le monde. Mais, lorsque nous nous tournons vers le Soleil de Justice, lorsque nous entrons en contact avec Jésus, l’âme entière est illuminée par sa radieuse présence.

Les disciples du Christ doivent être plus qu’une lumière au milieu des hommes. Ils doivent être la lumière du monde. Jésus dit à tous ceux qui l’invoquent: “Vous vous êtes donnés à moi et je vous ai donnés au monde pour m’y représenter.” De même que le Père l’avait envoyé dans le monde, il déclare: “Je les ai aussi envoyés dans le monde.” Jean 17:18. C’est par son Fils que le Père est révélé; nous devons à notre tour le faire connaître au monde. Si le Sauveur est la source de la lumière, n’oublions pas que c’est nous, chrétiens, qui devons l’apporter au monde. C’est par notre intermédiaire que Dieu répand ses bienfaits. Les humains, régénérés par la nature divine, doivent entrer en contact avec le reste de l’humanité. Dans l’Église, dit le Christ, chaque disciple est destiné par le Ciel à révéler Dieu aux hommes. Les anges vous attendent pour communiquer, par votre moyen, la lumière du ciel aux âmes qui sont sur le point de périr. Si nous manquons à notre tâche, le monde ne sera-t-il pas frustré, dans la mesure de notre déficience, de l’œuvre du Saint-Esprit?

Jésus n’a pas dit aux disciples: “Faites tous vos efforts pour que votre lumière luise”, mais: “Que votre lumière luise.” Si le Christ habite dans notre cœur nous ne pourrons dissimuler la lumière de sa présence. Si ceux qui professent être ses disciples ne sont pas la lumière du monde, c’est qu’ils ne sont pas en contact avec la source de la lumière.

Dans tous les siècles, “l’Esprit du Christ qui était en eux” (1 Pierre 1:11) a fait des véritables enfants de Dieu la lumière de leur génération. Joseph fit resplendir sa lumière en Égypte. Par sa pureté, sa bonté et son amour filial, il représenta le Sauveur au milieu d’une nation idolâtre. Les Israélites au cœur sincère qui d’Égypte firent route vers la terre promise furent, durant leur exode, des lumières pour les nations environnantes. Ils révélèrent Dieu au monde. Daniel et ses compagnons, à Babylone, Mardochée, en Perse, projetèrent d’éclatants rayons de lumière au milieu des ténèbres de deux cours royales. De même, les disciples du Sauveur doivent faire connaître la miséricorde et la bonté de Dieu à un monde plongé dans l’obscurité et qui ne le connaît pas. En voyant leurs bonnes œuvres, plusieurs seront amenés à rendre gloire au Père céleste parce qu’ils comprendront alors que c’est un Dieu digne d’être loué et imité qui se tient sur le trône de l’univers. L’amour divin, rayonnant dans le cœur et dans la vie de ses enfants, entrouvrira, en quelque sorte, les portes du ciel aux hommes, leur permettant d’en apprécier la félicité.

C’est ainsi que d’aucuns pourront dire: “Nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru.” 1 Jean 4:16. Des cœurs, autrefois pécheurs et corrompus, seront purifiés et transformés pour paraître un jour “devant sa gloire, irrépréhensibles et dans l’allégresse”. Jude 1:24.

Les paroles du Sauveur: “Vous êtes la lumière du monde”, nous révèlent qu’il a confié à ses disciples une mission mondiale. À l’époque du Christ, l’égoïsme, l’orgueil et les préjugés avaient élevé une haute et forte muraille de séparation entre les gardiens officiels des oracles sacrés et les autres nations de la terre. Mais le Sauveur est venu remédier à cet état de choses. Les paroles qui tombaient de ses lèvres ne ressemblaient en rien à celles que le peuple avait l’habitude d’entendre prononcer par les sacrificateurs ou les rabbins. Il a abattu le mur de séparation, ainsi que les préjugés de race et il a enseigné l’amour universel à la grande famille humaine. Il a fait sortir les hommes du cercle étroit de leur égoïsme; il a aboli les frontières et les distinctions de classes. Il n’a fait aucune différence entre les voisins et les étrangers, entre les amis et les ennemis. Il nous a enseigné à considérer toute âme se trouvant dans le besoin comme notre prochain et le monde comme notre champ de travail.

De même que les rayons du soleil éclairent jusqu’aux parties les plus reculées de la terre, Dieu désire que la lumière de l’Évangile parvienne à tous ses habitants. Si l’Église du Christ accomplissait la volonté du Seigneur, la lumière brillerait sur tous ceux qui sont dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort. Au lieu de se concentrer sur eux-mêmes, et de refuser égoïstement de porter leur croix, les membres de l’Église se répandraient dans tous les pays, pour y faire luire, comme Jésus lui-même l’a fait, la lumière de “l’Évangile du royaume”.

Tel a été le but de Dieu en choisissant son peuple, depuis le patriarche Abraham dans les plaines de la Mésopotamie jusqu’à nos jours. Il dit: “Je te bénirai... et tu seras une source de bénédiction.” Genèse 12:2. Les paroles du prophète évangélique, répétées dans le Sermon sur la montagne, s’adressent à nous qui faisons partie de la dernière génération: “Lève-toi, sois éclairée, car ta lumière arrive, et la gloire de l’Éternel se lève sur toi.” Ésaïe 60:1. Si la gloire du Seigneur s’est levée sur notre esprit, si nous avons contemplé la beauté de celui “qui se distingue entre dix mille” et dont “toute la personne est pleine de charme”, si notre âme a été illuminée de sa gloire, alors c’est à nous que le Maître adresse cette parole. Si nous avons accompagné le Christ sur la montagne de la transfiguration, songeons aux âmes qui, en bas dans la vallée, sont retenues en esclavage par Satan; elles attendent la parole de foi et la prière qui les libéreront.

Nous ne devons pas seulement contempler la gloire du Christ, nous devons aussi la proclamer. Ésaïe, ayant vu la gloire du Seigneur, en parla. David, de même, contemplant le merveilleux amour de Dieu, ne pouvait se taire sur ce qu’il ressentait et voyait. Qui peut, par la foi, diriger ses regards vers le plan de la rédemption, vers la gloire du Fils unique de Dieu, et garder le silence? Qui peut considérer l’amour insondable du Christ mourant sur la croix du Calvaire — pour nous sauver de la mort et nous acquérir la vie éternelle — sans chanter ensuite la gloire de son Amour?

“Dans son palais tout s’écrie: Gloire!” Le doux chantre d’Israël louait Dieu sur la harpe et déclarait: “Je dirai la splendeur glorieuse de ta majesté; je chanterai tes merveilles. On parlera de ta puissance redoutable, et je raconterai ta grandeur.” Psaumes 29:9; 145:5, 6.

La croix du Calvaire doit être élevée assez haut pour attirer les regards de la foule et absorber ses pensées. Alors toutes nos facultés spirituelles recevront une énergie divine. Alors on sentira un besoin irrésistible de travailler pour le Maître, et les hérauts du Seigneur feront rayonner sur le monde des ondes lumineuses et des activités bienfaisantes qui éclaireront la terre.

Avec quelle joie le Christ accepte tous ceux qui s’abandonnent à lui! Il unit notre nature humaine à sa nature divine afin de dévoiler au monde les mystères de l’amour incarné. Parlons de cet amour, chantons-le, adressons-lui nos prières et proclamons-en la gloire toujours plus loin.

La patience dans les épreuves, la reconnaissance pour les bénédictions reçues, la fermeté dans la tentation, la douceur, l’humilité, la bonté, la pitié et l’amour sont les traits de caractère qui, devenus habituels, font ressortir le contraste entre un cœur illuminé par Dieu et celui dans lequel règne l’amour du moi, où la lumière de la Vie n’a jamais pénétré.