La grâce mise à l’épreuve

Chapitre 10

L'histoire de 1888 : Qu'est-il arrivé réellement ?

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Le caractère du message spécial annoncé et l'étrange façon dont il a été reçu ont fait de la « conférence de 1888 un évènement qui fait époque. Ce message fut profondément unique et le plus glorieux depuis le Cri de minuit de 1844, et sa réception fut phénoménale; la plus catégorique résistance à la vérité de l'Évangile et la plus déterminée que le mouvement adventiste ait jamais connue.

Devons-nous comprendre l'histoire de ce qui est arrivé ? Ou bien pouvons-nous simplement nous contenter d'une idée vague concernant ce message et oublier comment il fut reçu ? La réponse est importante.

L'histoire est toujours entremêlée avec les messages de Dieu. L'ancien et le Nouveau Testament sont des documents historiques liés à la vérité du salut. On ne peut pas bien apprécier l'Évangile de Christ sans comprendre l'histoire de sa vie humble et de son ministère. On ne peut pas non plus apprécier le message de 1888 sans comprendre l'histoire qui l'a accompagné. Une raison importante pour laquelle tant de gens apprécient si peu ce message est qu'ils ont vraiment mal compris son histoire.

L'histoire de l'Évangile touche les nerfs à vifs de la conscience de tout homme, car nous nous reconnaissons en ceux qui rejetèrent le Sauveur. Ainsi nous nous repentons, sachant que notre péché est le leur sans la grâce de Dieu.

De la même façon nous nous reconnaissons en nos frères en désaccord avec le Seigneur Jésus-Christ dans l'affaire de 1888. L'important est « que nulle chair ne se glorifie devant Dieu ». (1 Corinthiens 1:29) Cela, naturellement, c'est la vraie justification par la foi. « C'est l'oeuvre de Dieu qui consiste à coucher la gloire de l'homme dans la poussière et à faire pour l'homme ce qui n'est pas en son pouvoir de faire. » Comprendre l'histoire fait partie de la formation du caractère.

Comprendre l'histoire de 1888 est une expérience positive et optimiste. Dans l'oeuvre de Dieu, la vérité réelle est toujours une Bonne Nouvelle. Elle procure de l'espoir pour l'avenir, car elle illumine les mystères du passé et révèle les stratégies actuelles du grand conflit entre Christ et Satan. Corrie Ten Boom dit : « Les souvenirs sont la clef non du passé, mais de l'avenir. »

Nous avons sans aucun doute perdu une bataille avec notre expérience de 1888, mais pas la guerre. Pour gagner finalement, nous devons comprendre comment la bataille fut perdue. George Santayana dit : « Si les Adventistes ne connaissent pas leur histoire, ils sont condamnés à la répéter. »

En ce temps de dissidences et d'hérésies, la vérité totale de 1888 crée la foi dans le triomphe final de l'Église adventiste. En comprenant bien notre passé, nous pourrons mieux comprendre le présent qui rend perplexe, et pourrons nous préparer en vue de l'avenir périlleux.

Récit de ce qui arriva

1) Dieu suscita deux jeunes hommes qui, d'après E. White, étaient ses « messagers délégués » que Dieu a envoyés. Il leur donna une plus claire compréhension de l'Évangile dans le message du troisième ange, que celle des autres, et il les chargea de ce « très précieux message » aux délégués de la Conférence Générale de Minnéapolis en 1888.

2) Jones et Waggoner présentèrent une idée superbe de la justice de Christ, qu'elle dit plus tard être « le début » de la pluie de l'arrière-saison et du grand cri d'Apocalypse 18:1-4.

3) À Minnéapolis et pendant dix ans après, E. White approuva leur message des centaine de fois de la façon la plus enthousiaste. Si l'on ne respecte pas son témoignage, on acceptera des messages faux et on se jettera en mer, à la dérive, sans ancre.

4) La façon des deux délégués de présenter leur message était simple et claire. Elle dit qu'ils pouvaient avoir des « lettres de créance du ciel », et se conduisaient face à l'opposition en « chrétiens honnêtes » présentant leur message « avec grâce et puissance ». Ceci ne signifie pas qu'ils étaient parfaits, ou qu'ils ne firent pas de faute; mais l'impact écrasant de leurs exposés était positif et chrétien, dit-elle souvent.

5) Selon le témoignage d'E. White, la grande majorité des délégués réagit négativement au message. En témoin oculaire, elle dit : « L'esprit et l'influence des pasteurs en général qui étaient à cette réunion sont ceux du rejet de la lumière. » « Nos frères dans le ministère sont ici seulement pour empêcher le Saint-Esprit d'atteindre le peuple. » « L'opposition plutôt que l'investigation est à l'ordre du jour. » Deux autres témoins oculaires disent :

En 1888, on m'envoya comme délégué de la Fédération du Kansas à la Conférence Générale de Minnéapolis, si remarquable. Cela me fait de la peine que quelqu'un qui y était ne reconnaisse pas qu'il y eut opposition et rejet du message que Dieu envoya à son peuple en 1888.

L'auteur de ce tract, alors jeune homme, fut présent à cette conférence (1888), et vit et entendit beaucoup des diverses choses qui furent faites et dites contre le message présenté. Quand Christ fut élevé comme le seul espoir de l'Église et de tous les hommes. les prédicateurs rencontrèrent une opposition unanime de presque tous les pasteurs âgés. Ils essayèrent d'arrêter cet enseignement des deux messagers.

Treize ans plus tard, un grand prédicateur, à la session de 1901, raconta :

Beaucoup dans cet auditoire peuvent se souvenir... quand, il y a treize ans, à Minnéapolis, Dieu envoya un message à son peuple... Depuis treize ans, cette lumière fut rejetée par beaucoup qui s'y opposèrent, et ils la rejettent et s'en détournent encore.

Un ex-président de la Conférence Générale, absent à la Conférence de 1888, mais proche d'elle, ajoute : « Le message n'a jamais été reçu, ni proclamé, ni laissé libre comme il aurait dû l'être pour transmettre à l'Église les bénédictions illimitées qu'il contenait. »

Spalding dit : « Il y eut une opposition personnelle envers les messagers » et « un tumulte de passions cléricales se déchaîna ».

Un orateur à la Conférence Générale de 1893 dit ouvertement que « les frères, dans l'effrayante position dans laquelle ils se trouvaient à Minnéapolis rejetèrent la pluie de l'arrière-saison — le grand cri du message du troisième ange. » Tout l'auditoire savait qu'il disait la vérité.

6) Quelques autres, en particulier S. N. Haskell et W. C. White furent favorables. Le rejet ne fut pas total, mais « le long voyage » et la famine spirituelle d'un siècle découlent de cette histoire. Dieu fut forcé de retirer les bénédictions de la pluie de l'arrière saison et du grand cri durant « beaucoup plus d'années ».

Malgré le fait que les deux messagers parlèrent à des camps meetings et à des réunions de la Conférence Générale, le rejet constant des dirigeants réduisit à néant leurs meilleurs efforts. L'attitude persistante des frères jusqu'à 1896 maintint « loin de notre peuple dans une grande mesure » et « loin du monde... jusqu'à un point important »...

E. White explique comment :

Les hommes mêmes qui ont besoin de cette oeuvre... ont eux-même barré la route pour qu'elle ne se fasse pas. Quand les dirigeants quitteront la place, l'oeuvre progressera à Battle Creek. La position prise à Battle Creek a déterminé le battement du pouls de bien des églises. Le dieu d'Israël a ouvert les fenêtres du ciel pour envoyer à la terre les riches flots de lumière, mais dans bien des cas, il n'y avait pas d'endroit préparé pour la recevoir ou pour lui céder une place. Des ministres du culte, des pasteurs et ceux qui occupent des positions de responsabilité ont dressé des barrières, et les fleuves du salut ont été détournés dans une autre direction.

7) Ce qui arriva à Minnéapolis fut plus sérieux que ce que le simple jugement humain pouvait apprécier. Le prophète inspiré vit sous la surface « l'esprit qui prévalut... fut une puissance dominante à cette réunion... fut une offense cruelle faite à l'Esprit de Dieu. » Trois ans plus tard, elle répéta cette effrayante déclaration : « Je sais qu'à ce moment l'Esprit de Dieu fut insulté. » N'est-ce pas terriblement sérieux ?

8) E. White, Jones et Waggoner tinrent des réunions durant l'hiver 1888-1889, et même jusqu'en 1890, où Dieu travailla d'une façon tout à fait inhabituelle. Les gens étaient prêts à accepter le message avec joie, mais l'influence des dirigeants à Battle Creek les découragea et les empêcha de le faire. Elle écrivit des messages brûlants de reproches, suppliants les frères d'accepter le message, et de cesser d'empêcher son impact sur les gens.

Elle dit en 1890 : « Pendant près de deux ans, nous avons incité les gens à venir accepter la lumière et la vérité de la justice de Christ, et ils ne savent pas s'ils viendront saisir cette vérité précieuse ou non. » Son article de la Review and Herald de la semaine d'après indiqua la raison :

J'ai essayé de vous présenter le message comme je l'ai compris, mais jusqu'à quand les dirigeants de l'oeuvre se tiendront-ils à l'écart du message de Dieu ? Nos jeunes hommes considèrent nos frères plus âgés et voient qu'ils n'acceptent pas le message, mais le traitent comme s'il n'avait pas d'importance.

9) L'opposition fut si déterminée et si persistante que l'appui d'E. White bouleversa les dirigeants de la Conférence Générale. R. W. Olson, du White Estate dit qu'on lui « résista publiquement » à Minnéapolis. Elle-même dit : « Le pasteur Butler me présenta la question dans une lettre disant que mon attitude à cette Conférence (1888) brisa presque le coeur de certains de nos frères dans le ministère, à cette réunion. »

10) La preuve était si irrésistible et les revendications d'E. White étaient si persistantes que plusieurs frères furent virtuellement forcés de confesser qu'ils avaient adopté une position fausse à Minnéapolis et après. L'un après l'autre demandèrent pardon, souvent avec des larmes. U. Smith rédacteur en chef de la Review et G. I. Butler, ancien président de la Conférence Générale avaient influencé beaucoup de gens afin qu'ils rejettent le message, et les deux confessèrent leur attitude injuste.

Cependant, ces confessions ne supprimèrent pas le mal que le rejet de la période de 1888 avait causé. Le rejet de la pluie de l'arrière-saison et du grand cri était définitif pour cette génération. La chose importante n'est pas le salut personnel des opposants d'autrefois, mais de savoir si le grand cri d'Apocalypse 18 peut se propager dans le monde. Plus tard, certains des plus importants qui avaient avoué, retournèrent à leur position antérieure d'opposant, ainsi cette « guerre aveugle a continué. Ils n'ont jamais vu clairement depuis 1888 et ne le feront jamais. » En 1892, après la plupart des confessions, E. White dit que « pas un » des ces gens ne retrouva plus la bénédiction qu'ils avaient perdue :

Qui de ceux qui jouèrent un rôle à la réunion de 1888 est venu à la lumière et a reçu les riches trésors de la vérité que Dieu leur envoya du ciel ? Qui a marché du même pas que le Chef Jésus-Christ ?

Qui a fait une pleine confession de son zèle erroné, de son aveuglement, de ses jalousies, de ses mauvais soupçons, de son mépris de la vérité ? Pas un.

11) Superficiellement, tout semblait aller bien dans les années 1890. Des récits des progrès de « la cause » parurent dans la Review comme si rien n'allait mal. Mais quelque chose allait mal. Parlant à la session de 1901, de ces années sombres de la fin du dix-neuvième siècle, E. White dit :

Les frères reconnurent la lumière accordée, mais on n'agit pas selon cette lumière. On la reconnut, mais aucun changement spécial n'eut lieu pour créer un état de choses tel que la puissance de Dieu puisse se révéler dans son peuple. Année après année, on fit la même confession. C'est une merveille pour moi que notre prospérité soit aussi grande qu'elle l'est aujourd'hui.

Un peu plus tard, elle ajouta : « Beaucoup ne se sont pas alignés, plus ou moins, depuis la réunion de Minnéapolis. » Elle espérait qu'ils s'aligneraient.

12) Même le nouveau président de la Conférence Générale élu en 1888 ne réussit pas à se tenir du bon côté et fit agir son influence contre le message. Il le soutint au début, mais huit ans après 1888, E. White se sentit forcée d'écrire à son sujet :

Il amène d'autres esprits à voir les choses sous un jour de perversion. Il a donné la preuve évidente qu'il ne considère pas les témoignages que Dieu a jugé bon de donner à son peuple comme dignes de respect ou d'un poids suffisant pour influencer sa ligne de conduite.

Je suis affligée au-delà de toute expression. Évidemment le pasteur Olsen a agi comme Aaron vis à vis de ces hommes (A.R. Henry et Harmon Lindsay, dirigeants de la Conférence Générale) qui se sont opposés à l'oeuvre de Dieu depuis la réunion de Minnéapolis.

Quelques mois plus tôt, elle lui avait écrit personnellement : « Dieu m'a montré que le peuple en masse ignore que le coeur de l'oeuvre est malade et corrompu à Battle Creek. » Dans une lettre de 1897, elle dit : « Le président de la Conférence Générale est allé directement contre les conseils et les avertissements qu'il a reçus » concernant les conséquences de 1888.

13) Voici un intéressant exposé des conditions spirituelles courantes dans l'Église durant les dix ans après 1888. Un de nos historiens les plus respectés écrit :

E.White présenta la beauté sublime de Jésus-Christ et en contraste déterminé, l'évidence que les dirigeants, les laïcs, les institutions, les fédérations, les champs de mission, et l'Église dans son ensemble, avaient un besoin désespéré de réforme. Plusieurs fois, elle souligna que « non pas quelques uns, mais beaucoup (accentua-t-elle) ont perdu leur zèle spirituel, et se sont détournés de la lumière... Les dirigeants à Battle Creek ont tourné le dos au Seigneur; beaucoup de membres d'église aussi ont rejeté son autorité et choisi celle de Baal à la place. Les présidents de Fédération se conduisent comme des évêques médiévaux, alors que « des fédérations entières » et « toutes les institutions » sont perverties par les mêmes principes. Certains dirigeants en réalité « se vantent » de ne pas vouloir écouter les témoignages. Un « étrange aveuglement » a saisi le président de la Conférence Générale, de sorte même qu'il agit contrairement à la lumière. La situation est si grave à la maison d'édition de Battle Creek que « le ciel entier est indigné ». En effet, le Seigneur « est en conflit avec son peuple ».

14) En 1891, la Conférence Générale virtuellement l'exila en Australie, assurant ainsi la défaite finale « du début » de la pluie de l'arrière-saison et du grand cri. Elle ne fut pas éclairée par le Seigneur au sujet d'un départ obligatoire. En 1896, elle écrivit en se plaignant au président de la Conférence Générale :

Dieu n'est pas pour notre départ d'Amérique. Il ne révéla pas que c'était sa volonté que je doive quitter Battle Creek. Dieu ne fit pas ce plan, mais il vous laissa tous agir selon vos propres imaginations. Dieu aurait voulu que nous restions en Amérique. On avait besoin de nous au coeur de l'oeuvre, et si votre perception spirituelle avait discerné la vraie situation, vous n'auriez jamais consenti à cette action... Il y avait une si grande volonté de nous voir partir que Dieu permit que ceci eut lieu. Ceux qui étaient fatigués des témoignages apportés, furent laissés sans les personnes qui les présentaient. Notre départ de Battle Creek se fit pour laisser les hommes faire leur propre volonté, et suivre leur propre voie. Si vous vous étiez tenu dans la position juste, ce mouvement n'aurait pas eu lieu à ce moment-là. Dieu aurait oeuvré pour l'Australie par d'autres moyens, et une forte influence se serait exercée à Battle Creek, le grand coeur de l'oeuvre... Dieu ne fut pas l'auteur de tout cela... Quand nous partîmes, beaucoup furent soulagés, mais vous-même pas tellement et Dieu fut mécontent, car il nous avait mis au coeur du mouvement à Battle Creek.

15) Peu après son envoi en Australie, Waggoner fut envoyé en Angleterre. Selon E. White, il est prouvé que ceci aussi eut le caractère d'un exil.

16) E. White finalement revint aux U.S.A. à temps pour assister à la Conférence Générale de 1901. Elle demanda une réforme, un réveil et une réorganisation. La réorganisation eut lieu, et à la surface une réforme et un réveil furent aussi entamés. Mais ce réveil ne fut pas profond ni complet. Le 5 Janvier 1903 elle écrivit son poignant « Ce qui aurait pu être », se lamentant, avec « une déception angoissée » de ce que le réveil et la réforme spirituels » « à la dernière Conférence Générale » ne furent qu'un rêve, « non une réalité ».

Après la fin de la session, elle écrivit au Dr Kellog, « qu'elle oeuvre magnifique aurait pu se faire par la grande assemblée réunie à Battle Creek à la Conférence Générale de 1901, mais ... les dirigeants fermèrent et verrouillèrent la porte, refusant ainsi l'entrée du Saint-Esprit.

Si « les dirigeants » qu'elle avait à l'esprit étaient Kellog et ses partisans, ou tous les dirigeants, y compris la Conférence Générale, cela n'est pas clair d'après cette déclaration. Mais elle écrivit à un ami quelques mois plus tard, indiquant qu'il s'agissait en effet de tous les dirigeants :

Le résultat de la dernière Conférence Générale a été le plus grand et le plus terrible chagrin de ma vie. Il n'y eut pas de changement. L'Esprit qui aurait dû se manifester dans toute l'oeuvre comme résultat de cette session, ne se manifesta pas parce que les hommes ne reçurent pas les témoignages de l'Esprit de Dieu. Quand ils allèrent à leurs différents lieux de travail, ils ne marchèrent pas dans la lumière que Dieu avait projetée sur leur chemin, mais ils apportèrent dans leur oeuvre les faux principes qui avaient prédominé dans l'oeuvre à Battle Creek. Dieu a noté tous les faits et gestes des dirigeants de nos institutions et de nos fédérations.

Question qui inquiète beaucoup d'Adventistes

Si le message de 1888 était aussi bon que cela, pourquoi les deux messagers s'égarèrent-ils si tragiquement ? Y a-t-il de l'erreur dans ce message qui nous égarera aussi ? La façon la plus sûre de répondre à cette question est de laisser E. White parler. Il n'y avait rien de faux dans le message de 1888 :

Si Satan peut impressionner l'esprit et soulever les passions de ceux qui proclament croire la vérité et... les faire s'engager du mauvais côté, il a fait des plans pour les conduire dans un grand voyage. Il semble qu'il n'y a rien à faire pour eux que de continuer à croire qu'ils ont raison dans leur animosité pour leurs frères (Jones et Waggoner). Le messager de Dieu supportera-t-il la pression qui s'exerce sur lui ? Si oui, c'est parce que Dieu lui ordonne de se dresser avec la force divine et de défendre la vérité qu'il est envoyé par Dieu.

On a fait un effort résolu pour réduire à néant l'influence du message envoyé par Dieu. Si les messagers de Dieu, après avoir tenu virilement pour la vérité un certain temps, cèdent à la tentation et déshonorent Dieu qui leur a confié leur travail, cela prouvera-t-il que le message n'est pas vrai ? Non car la Bible est vraie... Le péché chez le messager de Dieu ferait se réjouir Satan et ceux qui ont rejeté le messager et le message triompheraient.

Mais pourquoi les messagers « céderaient à la tentation ? » Voici les faits : le fait qu'ils s'égarèrent fut beaucoup de notre faute, nous qui constituons le corps. Pour une raison mystérieuse, Dieu leur permit d'échouer dans leur épreuve :

Souçonner, guetter une occasion et la saisir avidement pour prouver que ces frères... ne sont pas solides dans la foi. Il y a le danger que cette conduite produise le résultat même que l'on suppose; et dans une grande mesure, la culpabilité reposera sur ceux qui guettent le mal.

Le même triste processus se déroula dans le coeur du Dr Kellog, l'affaiblissant spirituellement de sorte qu'il céda aux tentations qui survinrent. Satan a un jour de revue chez nous. Après « nous » avoir conduit « dans une grande mesure » « à provoquer » l'apostasie de Jones et Waggoner, il a maintenant employé cette stratégie même pour nous inciter, cent ans après, à considérer leur message comme un mal insidieux. Voici l'une des plus habiles ruses que l'ennemi ait jamais conçues, que le « début » de la pluie de l'arrière saison et du grand cri doit maintenant être jugé dangereux !

Mais E. White a montré très clairement que ceci est « une illusion fatale » :

Certains de nos frères... sont pleins de jalousie et de suppositions méchantes, et sont toujours prêts à montrer de quelle façon ils diffèrent des pasteurs Jones ou Waggoner. Le même esprit que se manifesta jadis, se manifeste à chaque occasion (ceci après la confession). Il est tout à fait possible que le pasteur Jones ou Waggoner soit vaincu par les tentations de l'ennemi, mais s'il l'était, ceci ne prouverait pas qu'il n'avait pas un message de Dieu. Mais si cela arrivait, combien adopteraient cette position et accepteraient une illusion fatale, car le Saint-Esprit de Dieu ne les domine pas... Je sais que c'est la position même que beaucoup adopteraient si l'un de ces deux hommes venait à tomber.

Tout étonnant que cela paraisse, cet esprit d'inimitié fut le même que celui qui poussa le duc d'Albe à s'opposer aux Vaudois. E. White parla clairement de « persécution » et compara cet esprit à celui de la papauté au moyen-âge.

Vous avez pensé pouvoir voir des contradictions chez A.T. Jones et E. J. Waggoner. C'est l'oeuvre de Satan de créer l'aliénation. Il sait qu'elle séparera les frères l'un de l'autre, et qui plus est, les séparera de Dieu. Un esprit féroce et déterminé... placera le frère dans une position qui fait du mal à son influence. À qui fait-on du mal ? Au Fils de Dieu infini...

La haine du mal pour le bien existe tout autant maintenant qu'aux jours de Christ, quand la multitude cria « Crucifie-le »... Cessez de faire la guerre à ceux de votre propre foi... La première chose rapportée dans l'histoire de la Bible après la chute, fut la persécution d'Abel. Et la dernière chose dans la prophétie de la Bible est la persécution de ceux qui refusent de recevoir la marque de la bête. Nous devrions être les derniers à satisfaire tant soit peu l'esprit de persécution contre ceux qui apportent le message de Dieu au monde. C'est le plus terrible trait de christianisme indigne qui s'est manifesté parmi nous depuis les réunions de Minnéapolis.

Dieu m'a montré que (l'opposition à Minnéapolis) était le même esprit dominateur qui se révéla à la condamnation de Christ. Quand les papistes furent en conflit avec les hommes qui se basèrent sur la Bible pour prouver leurs doctrines, ces papistes considérèrent que c'était une affaire que seule la mort pouvait régler. Je pus voir un esprit similaire caressé dans le coeur de nos frères, et je ne voulus pas lui faire place, pas même une heure.

Luther eut une tâche aisée, comparée à celle de nos messagers de 1888. Les menaces véhémentes du pape ne signifiaient rien pour lui tant qu'il pouvait lire Daniel 7 et reconnaître dans la papauté la petite corne. Mais Jones et Waggoner avaient la ferme certitude que l'Église Adventiste du Septième Jour était la véritable Église du reste, le dernier des sept chandeliers d'or. Comment purent-ils comprendre cette haine phénoménale pour le message de la grâce beaucoup plus abondante de Christ ? La tension fut trop forte pour que leur nature humaine puisse la supporter; la preuve en est que Jones perdit le véritable équilibre spirituel de son esprit.

Histoire de l'amour méconnu de Christ

La véritable histoire de 1888 est celle d'une tragédie, d'une incrédulité profonde du coeur aussi grave que celle des Juifs qui rejetèrent Christ. Mais il y a une bonne nouvelle dans cette histoire. On perdit seulement une bataille, et non pas la guerre elle-même. « Les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables. » (Romains 11:29)

Même si son peuple n'est pas fidèle, Dieu doit rester fidèle, et attendre la venue d'une génération qui s'humiliera de tout coeur. Christ n'a pas abandonné Laodicée; il est toujours devant la porte et il frappe. Bien qu'il ne soit pas présent dans l'Église, c'est très encourageant qu'il veuille encore entrer !

L'histoire de 1888 est aussi celle de l'amour méconnu. Apocalypse 3:20 cite directement le texte grec de la Septante comme le Cantique des Cantiques 5:2. Ainsi, Christ rattache l'expérience de l'Église du reste des derniers jours à ce « chant » de l'Époux. Le divin Ami déçu frappe à la porte, mais celle qui est l'objet de son amour lui refuse l'entrée avec dureté. « Elle » fut folle de ne pas le laisser entrer quand il y a un siècle, il frappa, mais elle a un coeur honnête, et elle doit arriver à son jour de repentance.

Grâce à Dieu, cette victoire de Satan ne fut pas totale ! L'achèvement du mandat évangélique a été longtemps retardé, mais la confrontation avec la vérité nous offre une nouvelle occasion de nous repentir. Toute cette histoire peut humilier notre orgueil, mais elle fortifiera notre foi.

L'honneur et la justification de Christ exigent notre repentance. L'évidence indique que Dieu offre à une génération donnée une seule chance pour accepter le don précieux de la pluie de l'arrière-saison, comme il donna à la génération des Juifs sortant d'Égypte une seule chance (Kadès-Barnéa) pour entrer définitivement dans la Terre Promise. Dans chaque cas, l'incrédulité rebelle retarda l'oeuvre de Dieu d'une façon définitive. La servante du Seigneur se demande « si une rébellion véritable est jamais guérissable ». Notre histoire indique que la repentance doit être réalisée par une nouvelle génération, à moins que l'ancienne génération ne décide de se repentir.

Avant que la nouvelle génération d'Israël ne puisse entrer en Canaan avec Josué, elle devait bien comprendre la rébellion de la génération précédente. C'est ce que signifie le Deutéronome. Seul un peuple repentant pouvait entrer en Canaan. De même, avant que l'Israël moderne puisse à nouveau recevoir l'effusion de la pluie de l'arrière-saison, et puisse lancer le message du grand cri, il doit bien comprendre la vérité au sujet du rejet par une génération précédente de la même bénédiction que nous recherchons maintenant — notre expérience d'un nouveau Deutéronome.

Le secret de l'opposition de 1888

Celui qui se cache dans l'hombre de l'opposition de 1888 est, bien sûr, le grand dragon d'Apocalypse 12:7 qui fait la guerre à l'Église du reste. Ceci nous présente sa dernière bataille dans le grand conflit.

Il est déterminé, si possible, à faire échouer l'oeuvre finale de Dieu. De 1844 à 1888, nos pionniers ont eu à faire face à l'opposition dans et hors de l'Église. Mais selon E. White, en 1888 l'opposition prit un nouvel aspect : elle résida chez les dirigeants de l'Église. Ainsi débuta un nouveau chapitre du grand conflit.

L'opposition du dragon, de l'extérieur, contre l'Église du reste, concerne son observation des commandements de Dieu, y compris le sabbat; son opposition, de l'intérieur, concerne « le témoignage de Jésus-Christ », l'Esprit de prophétie.

Les Adventistes du Septième Jour ont toujours reconnu que « l'Esprit de prophétie » accordée à l'Église apostolique s'est manifesté dans les derniers jours par le ministère d'E. G. White. L'opposition déraisonnable et durable contre elle pendant cent quarante ans démontre que le « dragon » en est la source. Elle atteint un point culminant dans notre expérience de 1888. Toute la réalité de ses écrits doit être appréciée.

« Maintes fois j'ai porté mon témoignage devant ceux assemblés "à Minnéapolis", mais ce témoignage ne fus pas reçu. » « Dieu réservait (une bénédiction) pour nous à Minnéapolis... mais on ne l'accepta pas. Certains perçurent cette lumière destinée au peuple (de Dieu) et s'en réjouirent. Mais d'autres se tinrent très en arrière et leur position donna confiance pour exprimer l'incrédulité. » « Des dirigeants donnent une forme à l'oeuvre qui entraînera la perte de beaucoup d'âmes. » « L'esprit de Dieu a été présent avec puissance parmi ses enfants, mais il ne pouvait pas leur être accordé, car ils n'ouvrirent pas leur coeur pour le recevoir. » « Les frères responsables à Battle Creek... ont rejeté la lumière... Ils se sont interposés entre la lumière venue du ciel et le peuple. »

Le message spécial que le Seigneur Jésus nous adresse en ces derniers jours (Apocalypse 3:14-21) est en rapport avec notre histoire. L'importance du texte original échappa aux traducteurs : « Tu dis, je suis riche » et « j'ai été enrichi ». Ceci est logique à la lumière de notre histoire adventiste. Nous revendiquons avoir été enrichis par l'acceptation du message qui devait illuminer la terre de gloire et préparer ces croyants à être transmués. Or, personne n'a été transmué et le message du grand cri n'a pas encore éclairé la terre. Cela signifie : ou bien le message ne fut pas ce qu'E. White dit qu'il était, ou bien notre acceptation supposée du message ne fut pas ce que nous avons dit qu'elle fut.

Comprendre ceci procure l'espoir pour l'avenir. Nous pouvons « nous repentir ». C'est seulement quand on rejette une mauvaise nouvelle. Il est temps d'abandonner nos idées fausse, et de les échanger pour la vérité.

Si nous écoutons la voix de Christ et croyons ce qu'il a dit, les bénédictions longtemps attendues de la pluie de l'arrière-saison et du grand cri pourront devenir une réalité dans notre génération. La puissance fut inhérente au message objectif lui-même, et nous pouvons retrouver le message si nous sommes assez humbles pour reconnaître notre besoin à son égard, et assez honnêtes pour le croire.

Le monde a un grand besoin désespéré de la nourriture spirituelle qui nous fut confiée il y a cent ans.