La grâce mise à l’épreuve

Chapitre 6

Si l'on ne peut pas le comprendre, ce n'est pas l'Évangile

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Il y a deux erreurs opposées que l'on fait d'habitude concernant le message de 1888 :

a) Beaucoup supposent que c'est le même message qu'ils ont entendu toute leur vie dans les diverses réunions. Tous y croient et personne n'est sérieusement contre. Un nouvel intérêt pour le message, c'est réinventer la roue. Pourquoi s'exciter ?

b) L'erreur opposée est de supposer que parce que ce message est différent, il doit être un puzzle théologique difficile et complexe que peu de gens peuvent débrouiller.

Les deux opinions sont fausses, et on peut le démontrer facilement.

a) Le message de 1888 fut « le début » de la pluie de l'arrière-saison et du grand cri qui aurait dû courir comme le feu dans le chaume, et en peu de temps, éclairer la terre de la gloire du message final. Les derniers évènements du scénario prophétique étaient vraiment proches, la persécution et les lois du dimanche étaient imminentes.

Mais un siècle a traîné péniblement déjà : la terre a été maudite tout ce temps. Nul doute, le témoignage d'E. White est véridique : on a « dans une grande mesure caché » ce message « au peuple adventiste » et « au monde ». Beaucoup ont supposé que notre « doctrine » de la justification par la foi était la même que celle des Baptistes conservateurs ou d'autres protestants. Il est très évident que ceci ne peut pas être vrai si elle est « le message du 3e ange en vérité ». Ce que nous avons pensé être la justice par la foi, pendant un siècle, est, « dans une grande mesure », « emprunté » aux théologiens populaires qui ne comprennent pas le message du 3e ange, et remplacent les concepts uniques que nous avons reçus en 1888.

Ce chapitre doit démontrer aussi que b) ne peut pas être vrai. Le message est simple. La seule difficulté est qu'il faut mettre de côté notre profond orgueil humain. La véritable justice par la foi couche toujours « la gloire de l'homme dans la poussière » y compris la gloire que les professeurs et les prédicateurs trouvent si tentante.

Notre histoire et notre message de 1888 prouvent que « Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages... et Dieu a choisi les choses qu'on méprise et celles qui ne sont pas pour réduire à néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu » (1 Corinthiens 1:27-29).

Un enfant peut avoir et comprendre la nette différence entre la vraie justice par la foi et ses contrefaçons malines; les sages à leurs propres yeux ne le peuvent pas. Ce sont seulement ceux qui « ont faim et soif de justice (par la foi) » qui peuvent être rassasiés. (Matthieu 5:6)

La différence fondamentale est la motivation

Il y a trois motivations qui sont en général utilisées pour amener les gens à devenir chrétiens :

a) Le désir d'obtenir une récompense au ciel. Tous nous voulons naturellement « avoir une place ». La motivation n'est pas mauvaise, mais elle n'est pas bonne non plus, car elle ne dure pas. Satan peut arriver à faire oublier cette ambition. Il inventera une tentation qui surpasse ce désir, et l'on se vendra, préférant « un tiens » à « deux tu l'auras ».

b) La peur d'être perdu en enfer. C'est le revers de la médaille. Cela est naturel aussi chez tout le monde. « Par crainte de la mort » on est « toute la vie retenu dans la servitude ». (Hébreux 2:15) Cette motivation n'est pas mauvaise non plus, mais elle ne peut pas non plus produire un caractère vraiment altruiste. Satan peut offrir une tentation ancrée dans une peur si immédiate qu'elle effacera la peur future d'être perdu. Cette tentation finalement sera la « marque de la bête ». Le danger existe que des foules d'Adventistes déclarés ne succombent, à moins de recevoir une aide spirituelle.

c) Le désir de bénéfices personnels tout de suite. On comprend ce désir naturel. Avec de l'adresse, il peut y avoir des résultats d'Évangélisation immédiats. Mais aussi, ce désir ne peut produire rien de plus, pour la piété que ce que l'on voit dans les religions populaires du jour. Même si l'on baptise un milliard de gens de plus avec cette motivation, on ne hâtera pas le retour de Jésus, car elle ne peut pas préparer un peuple pour son retour.

La source de la piété tiède

Ce sont ces motivations qui produisent l'actuelle tiédeur laodicéenne de piété, et à la fin elles nous pousseront à nous vendre à notre ennemi très malin, quand il inventera sa tentation finale. Le criblage sera sévère, quand des multitudes qui jusque-là semblaient solides montreront qu'elles sont de la balle emportée par le vent.

Les évangélistes se comportent souvent comme des agents de vente dont la technique est empruntée aux méthodes commerciales : développez chez votre client éventuel un sens du besoin et ensuite convainquez-le que votre produit va satisfaire ce besoin. Pour la défense de cette motivation centrée sur soi, il peut être dit que cela a été souvent employé dans le passé, même dans les temps bibliques.

Voyons ce qui se passe. Le centre de la préoccupation demeure toujours le moi, cet égo qui tourmente. Les appels ultérieurs pour se détourner du moi et regarder à Jésus pour le contempler deviennent inutiles. « Regardez à Jésus » demeure toujours lié à la préoccupation centrée sur l'égo et au sentiment d'insécurité. Ainsi la racine profonde de la peur n'est pas arrachée, elle est seulement déguisée.

En contraste, la motivation à laquelle l'Évangile fait appel est une foi inspirée par la croix. C'est une « vie plus excellente ». Paul apprit une leçon amère dans son quasi échec à Athènes. Quand il alla à Corinthe, il « décida de ne savoir parmi vous rien sinon Jésus-Christ crucifié ». Il dit aux Galates que dans sa prédication « Jésus-Christ vous a été présenté clairement comme crucifié ». Leurs oreilles devinrent des yeux et ils apprécièrent le prix du Fils de Dieu mort pour eux. C'était « la prédication de la foi ». (1 Corinthiens 2:1-4; Galates 3:1-5)

Les apôtres commencèrent en présentant l'intervention de Dieu par le sacrifice de la croix et non l'aspiration de l'homme à la sécurité personnelle. Ainsi ils pouvaient éviter les habituelles motivations centrées sur l'égo du cœur humain et faire appel directement au sentiment d'émerveillement et de crainte respectueuse et d'appréciation venant du cœur que l'amour fantastique de Dieu peut produire. Une capacité à répondre est créée dans toute âme humaine, car « Dieu a départi à chacun une mesure de foi ». (Romains 12:3) Cette mesure (metron en grec) est véritable. Aucun être humain ne naît avec l'amour divin déjà formé en lui... il doit y être formé. Mais Dieu a fourni la capacité à apprendre à l'apprécier.

La semence de « la prédication de la foi » produisit les premiers chrétiens qui n'étaient pas tièdes. Beaucoup sacrifièrent tout pour celui qui sacrifia tout pour eux, chantant des hymnes en allant au martyre dans les arènes. Le message de 1888 commença à retrouver cette motivation centrée sur Christ. Clairement il faisait la différence entre être « sous la loi » et être « sous la grâce ». (Romains 6:14, 15)

« Sous la loi » vs « sous la grâce »

On voit d'habitude que « sous la loi » signifie « sous la condamnation de la loi ». Ceci n'est qu'en partie vrai. Quand Christ mourut, il « subit la mort pour tous les hommes », payant la rançon pour les péchés de tous. Légalement, il a déjà subi la condamnation de la loi qui nous concernait. Ainsi cette opinion populaire sur « sous la loi » ne signifie rien. Pour comprendre le sens d'être « sous la loi », on doit découvrir le sens de son contraire... être « sous la grâce ». Si quelqu'un risquait sa vie pour me sauver de la mort, je me sentirais à jamais dans l'obligation motivée de faire tout ce que je peux faire pour lui avec gratitude. Je ne lui demanderais pas une récompense. Je voudrais lui en donner une.

Être « sous la grâce », c'est avoir une nouvelle motivation fournie par ce que demande l'amour de Christ pour nous. Désormais, on ne peut pas mesurer le prix du sacrifice pour lui, ni demander s'il attend de nous beaucoup ou juste un peu. Notre question enfantine pour savoir ce qu'est un « péché qui nous tiendra hors du ciel », se réduira à sa vraie petitesse. Nous oublions notre lutte pour une faveur, pour « des étoiles sur ma couronne », mais notre souci est d'œuvrer pour le couronner « Roi des rois et Seigneur des Seigneurs ».

Telle fut la motivation qui plut aux premiers chrétiens et les anima. Le Fils de Dieu se livra-t-il pour moi, mourant en criminel sur une croix romaine, subissant ma deuxième mort et l'abandon de Dieu ? Je dois donc dès lors vivre pour lui ! Résultat : une belle consécration infinie, complètement dépourvue de légalisme égocentrique.

Être « sous la loi » est juste le contraire : c'est ressentir que « je devrais faire ceci » ou « je dois être plus fidèle » ou « je dois me sacrifier encore plus » ou « je dois arrêter cette mauvaise habitude » ou « je dois lire la Bible davantage et prier davantage », etc... La motivation de base est toujours la peur d'être perdu ou l'espoir d'une récompense céleste ou la recherche d'une plus grande sécurité, ici maintenant.

Avoir la motivation du « sous la loi » en vue d'une vie saine dégénère en une quête pour une plus longue et plus heureuse vie de plaisir ici-bas, plutôt que pour des esprits plus clairs et des corps plus sains au service de celui qui mourut pour nous.

Si je suis vivement tenté de commettre adultère et que je dise « non » à cause de la peur de l'herpès ou du Sida ou du pasteur ou du comité d'église ou de la conférence ou de ma femme mis au courant, je fais ce qui est juste pour une raison injuste. C'est la motivation « sous la loi ».

Mais si je dis « non » comme Joseph « Comment puis-je commettre ce grand mal, ce grand péché contre Dieu ? » parce que je ne peux pas supporter l'idée d'attirer la honte sur Christ, pour augmenter sa souffrance - je suis animé par une nouvelle motivation, je suis « sous la grâce ».

La simplicité de la justification par la foi

L'idée générale est que la justification par la foi est juste une déclaration légale faite il y a des millions d'années lumières, qui n'a pas de relation avec le cœur humain. Quand on professe « accepter Christ », les avantages de la sécurité sociale éternelle sont alors portés au crédit de son compte. Sa décision a lancé le processus d'acquittement légal. Un certain orgueil peut intervenir; on a lancé le processus de son salut.

Mais il ne peut pas y avoir d'orgueil ni de vantardise dans la vraie foi. Paul comprit que tous nous participons à la culpabilité du « monde entier », que « tous ont péché », que tous nous sommes entraînés dans le péché d'Adam. « Tous de même ont péché. La mort s'est étendue à tous, car tous ont péché. » (Romains 3:19, 23; 5:12)

Aucun de nous n'est par nature meilleur que les autres. Tous sont par nature, « ennemis de Dieu » et puisque « quiconque haït son frère est un meurtrier », automatiquement, nous sommes tous « de même » par nature, coupables de la crucifixion de Christ. (1 Jean 3:15) Paul le dit aussi. Un auteur anglais moderne exprime cette vérité de manière pénétrante :

Fondamentalement, il y a seulement un péché - la rébellion de la volonté humaine contre la volonté de Dieu. Pour autant que ma propre volonté soit en état de rébellion, elle se trouve alors au diapason de tout acte de meurtre, de viol ou d'oppression commis à ce jour dans le monde. Les actes d'égoïsme personnels que je commets aujourd'hui, aussi communs qu'ils puissent me paraître, me classent cependant du côté de ceux dont les actes de cruauté ou de convoitise affichent publiquement l'état de rébellion ouverte du cœur humain. Ces actes d'égoïsme personnel me conduisent à une alliance de sympathie profonde avec le meurtrier, le tricheur et le débauché. Comme eux, je suis moi-même en rébellion. Comme eux, je me sers moi-même, peut-être un peu plus subtilement et prudemment qu'eux, étant sans doute plus sensible qu'eux au prix « terrestre » à payer pour toute extravagance en pareille matière. Mais quelle attention Dieu fait-il à ce supplément de précaution ou de subtilité humaine pour ne pas se faire prendre ? Dieu, en fait, ne voit aujourd'hui d'en haut qu'une race humaine engagée dans la voie de l'obéissance ou de la désobéissance. Il n'y a pas de troisième alternative, pas de discrètes zones aménagées de silence entre les masses qui adorent Dieu ou celles qui blasphèment. Par chacun de nos actes, nous donnerons gloire à Dieu ou nous blasphémons.

Mais il y a aussi une bonne nouvelle dans ce que Paul dit et qui à première vue semblait être décourageant. De même que tous ont péché, continue-t-il, de même tous sont justifiés gratuitement par sa grâce. Le mécanisme céleste agit déjà longtemps avant que l'on prenne sa « décision » de servir Christ. Puisque la justification est « gratuite », il faut que chacun soit inclus, autrement elle ne pourrait pas être gratuite.

Dieu lui-même a pris l'initiative. « Dieu a destiné Christ à être victime propitiatoire par son sang pour montrer sa justice » (Romains 3:25). Notons que le « sang » accomplit la propitiation.

Il n'est pas raisonnable de dire que le sacrifice de Christ rend le Père propice, car il a déjà donné Christ en notre faveur. Dieu a « destiné » Christ sur la croix afin que quand Il sera « élevé... il attire tous les hommes » à lui grâce à la vue de ce sang. (Jean 12:32)

Il n'est pas logique non plus de dire que le sang rend le diable propice pour l'acheter. Il est notre ennemi. Qui est rendu propice par ce sang ? Nous!

Quand le pécheur cesse de résister et laisse son cœur orgueilleux fondre devant cette croix, la justification par la foi se manifeste. Elle le rend pleinement obéissant à la loi de Dieu. Avant, il désobéissait et était égoïste. Il a toujours une nature pécheresse, mais la foi agit et il ne satisfait pas ses impulsions égoïstes. Il ne pense pas à sa récompense. Jadis, esclave de la peur et du péché égoïste, il devient l'esclave de l'amour de Christ, et avec Paul il dit « L'amour de Christ nous presse ». Voici ce que signifie être « sous la grâce ».

Comment les messagers de 1888 comprirent la justification par la foi

a) Elle permet au croyant d'obéir à la loi de Dieu, non en extirpant sa nature pécheresse, mais en lui permettant d'en triompher.

Dieu justifie les impies... Cela ne signifie pas qu'il glisse sur les fautes d'un homme, pour qu'il soit jugé juste, bien qu'il soit vraiment méchant; mais cela signifie qu'il fait de cet homme un observateur de la loi. Quand Dieu déclare qu'un impie est juste, à ce moment cet homme est un observateur de la loi. On verra donc qu'il ne peut y avoir de condition plus élevée que celle de la justification. Elle fait tout ce que Dieu peut faire pour un homme, excepté de le rendre immortel, ce qui n'arrive qu'à la résurrection. La foi et la soumission à Dieu doivent s'exercer continuellement pour conserver la justice - pour demeurer un observateur de la loi.

La Bible qui parle de justice contient la justice elle-même en elle, et dès que le pécheur croit et reçoit la Parole dans son cœur par la foi, à cet instant, il reçoit la justice de Dieu dans son cœur; et puisque c'est du cœur que viennent les sources de la vie, il s'en suit qu'une vie nouvelle commence alors en lui et c'est une vie d'obéissance aux commandements de Dieu.

b) La foi qui sauve signifie que le cœur apprécie la valeur du sacrifice de Christ.

Dans ce fait béni de la crucifixion de Jésus, qui a été réalisée pour tous, il y a non seulement le fondement de la foi pour toute âme, mais avec la croix est offert le don de la foi pour toute âme. Ainsi la croix de Christ est... la puissance même de Dieu manifestée pour nous délivrer de tout péché et nous amener à Dieu.

c) La vraie justification par la foi ne signifie rien si l’on n’apprécie pas combien Christ s'est approché de nous.

Il n'y a pas d'élément de faiblesse dans la loi; la faiblesse est dans la chair. Ce n'est pas la faute d'un bon outil s'il ne peut pas faire un bon pilier avec un arbre pourri. L'homme déchu n'avait pas de force dans sa chair pour lui permettre de garder la loi. Aussi Dieu impute au croyant la justice de Christ qui fut fait pareil à la chair pécheresse : pour que « la justice de la loi » puisse être accomplie dans sa vie, Christ prit en lui la nature de l'homme et il communiquera sa propre justice à ceux qui acceptent son sacrifice.

d) Dieu voulait par ce message spécial et unique, préparer son peuple pour être transmué.

Que signifie alors ce message spécial de la justification que Dieu envoie depuis (sept) ans à l'Église et au monde ? Ce message spécial de la justification que Dieu nous a envoyé est pour nous préparer pour la glorification au retour du Christ. Ainsi Dieu nous donne le signe le plus frappant qu'il lui est possible de donner que l'évènement suivant est le retour du Seigneur.

Quand les messagers de 1888 dirent que la justification par la foi fait du croyant « un observateur de la loi », tombèrent-ils sans le savoir dans l'erreur de l'idée catholique romaine qui dit que la justification c'est « rendre juste » ? Les deux opinions sont aussi différentes que la nuit et le jour :

1) L'opinion catholique considère que la justification est administrée exclusivement par l'Église catholique par le moyen de ses sacrements : « La cause active est le sacrement du baptême ». « Le sacrement de pénitence » doit être administré par la même Église. Également la « confession sacramentelle, l'absolution sacerdotale », « les jeûnes, les aumônes, les prières et les autres exercices pieux » sont nécessaires. En contraste, le message de 1888 enseigne la justification par la foi en Christ seul et l'instrument est le Saint-Esprit et non une Église ou une hiérarchie.

2) L'opinion catholique nie que le sacrifice de Christ « a rétabli toute la race humaine dans la faveur de Dieu ». Bien qu'il soit mort pour tous, tous ne reçoivent pas le bénéfice de sa mort, mais seuls ceux à qui le mérite de sa passion est communiqué par les sacrements de l'Église. En contraste, le message de 1888 saisit la Bonne Nouvelle des apôtres que légalement « tous ... (sont) justifiés gratuitement par sa grâce par la rédemption qui est en Christ Jésus » « par l'acte juste d'un seul Homme le don gratuit fut offert à tous, et produit la justification de la vie ». « Lui-même est la propitiation pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » « l'Agneau de Dieu ôte le péché du monde » (Romains 3:24; 5:18; 1 Jean 2:2; Jean 1:29). Même Luther et Calvin ne purent pas voir cette vision plus vaste de l'Évangile de ce que Christ accomplit à la croix.

3) Dans la justification catholique romaine, le croyant n'est pas uni à Christ par la foi, par l'imputation gratuite de la justice entière de Christ, mais Dieu peu à peu introduit dans son âme une justice inhérente qui est méritoire, donc les catholiques persévérants « auront vraiment mérité la vérité éternelle,... si tant est, toutefois, qu'ils meurent en état de grâce ». Le message de 1888 reconnaît que le croyant n'a jamais le moindre mérite en lui-même; la justice est seulement en Christ et le croyant la reçoit seulement par la foi.

4) Le Concile de Trente enseigna que « les adultes peuvent se convertir en vue de leur propre justification en consentant librement à ladite grâce et en coopérant avec elle ». Cette « grâce de Dieu... anticipée » précède la justification et demande d'abord une « disposition ou préparation qui est suivie par la justification elle-même. Les chapitres 6 et 7 du Concile de Trente énumèrent beaucoup de sujets de « préparation » que le pécheur doit observer avant de pouvoir être justifié. Ce sont des choses qui précèdent la justification. Le message de 1888 a reconnu que l'homme n'a absolument pas de part dans sa justification et ne peut pas faire de préparation, ni faire quelque chose qui la « précède ». Elle fut accomplie entièrement par Christ et tout ce que le croyant peut faire est de recevoir, d'accepter, de croire, d'apprécier l'œuvre achevée de Christ, et de cesser d'empêcher cette foi dynamique d'accomplir l'obéissance par amour.

5) L’opinion catholique encourage le doute et la peur, « chacun quand il considère sa propre faiblesse et son peu de disposition peut avoir de la peur et de l'appréhension touchant son propre salut; considérant que personne ne peut savoir avec une certitude de foi qui ne peut pas être sujette à l'erreur, qu'il a obtenu la grâce de Dieu ». Si quelqu'un dit qu'il est nécessaire pour tous, en vue d'obtenir la rémission des péchés, qu'il croit avec certitude... que ses péchés sont pardonnés : qu'il soit anathème. Le message de 1888 a reconnu qu'« à chacun de nous est accordée la grâce selon la mesure du don de Christ » et encourage une confiance totale dans le don de cette grâce. (Éphésiens 4:7)

6) L'opinion catholique ne réussit pas à voir que la race humaine déchue entière qui est « en Adam » est corporellement « en Christ » grâce à son sacrifice. Le message de 1888 considère le péché comme la résistance continuelle de l'incrédulité à l'égard de Christ qui attirera tous les hommes à « lui s'ils veulent cesser de résister. Christ a déjà subi la seconde mort pour tous » et ainsi personne ne peut souffrir finalement pour ses péchés à moins qu'il ne soit incrédule et ne rejette ce que Christ a fait pour lui. (Jean 12:32; Hébreux 2:9; Jean 3:17, 18)

Ainsi l'Église catholique nie nettement que la justification se reçoit par la foi seule. Quand elle dit que la justification « rend juste », son opinion est diamétralement opposée à celle du message de 1888. La « justification » catholique est inspirée, inhérente, méritoire et non uniquement due à la foi. « Personne ne devrait se flatter de la foi seule, pensant que par la foi seule, il devient héritier et obtiendra l'héritage. »

Le message de 1888 perça le brouillard catholique et protestant des siècles pour parvenir à l'opinion plus claire de la vérité ensoleillée du Nouveau Testament.

Comment la Bonne Nouvelle pénétra dans le message de 1888

Un soi-disant « évangile » sans une Bonne Nouvelle est une contrefaçon. Le refrain du message des apôtres est une « joyeuse nouvelle ». (Actes 13:32-34) Ceci ne donnera pas de fausse assurance. Le refrain de leur message fut combien Dieu est fidèle. (Romains 8:36-39) Ainsi le peuple « reçut la bénédiction du sacrifice d'expiation » ou la réconciliation avec Dieu. (Romains 5:11)

Le problème de l'homme est notre éloignement de Dieu à cause de notre culpabilité et notre opinion déformée de son caractère. Les difficultés et les déceptions produisent de mauvais sentiments. Pourquoi ne fait-il pas davantage pour nous aider ? Paul supplia, « Soyez réconciliés avec Dieu », croyez la vérité touchant son caractère, que votre inimitié soit guérie et votre culpabilité supprimée. (2 Corinthiens 5:20) Alors la foi peut commencer à agir, produisant des œuvres de justice dans la vie.

Cette « joyeuse nouvelle » bienvenue fut le refrain du message de 1888 :

Que les âmes lasses faibles, oppressées par le péché prennent courage. Qu'elles « viennent hardiment jusqu'au trône de la grâce » où elles sont sûres de trouver grâce pour les secourir en temps de besoin, car ce besoin est ressenti par notre Sauveur au moment même où le besoin apparaît... La tentation même qui vous assaille le touche. Ses blessures sont toujours à vif, et il vit pour toujours afin d'intercéder pour vous. Quelles merveilleuses possibilités il y a pour le chrétien ! À quelles hauteurs de sainteté il peut atteindre ! Peu importe la façon terrible dont Satan peut lutter contre lui, l'attaquant où la chair est la plus faible, il peut demeurer à l'ombre du Tout-Puissant, et être rempli de la plénitude de la force de Dieu.

Pourquoi le soleil ne change-t-il pas de place ? ... La « Parole puissante » de Christ maintient le soleil en place, et lui fait continuer sa course. Cette même puissance doit soutenir le croyant en Jésus.

Ainsi les messagers insistèrent non sur ce que l'on doit faire pour être sauvé, mais sur ce que l'on doit croire, à savoir l'Évangile toujours.

Il y a une bonne nouvelle spéciale dans le pardon. Ce n'est pas le pardon qui augmente le respect de soi-même. Si tout ce que Dieu fait pour nous est de pardonner ou excuser nos péchés, nous gardons toujours une pollution profondément dans notre âme.

Mais le « sang de la nouvelle alliance... est répandu pour beaucoup pour la rémission des péchés ». Ils doivent être « effacés ». La vraie rémission des péchés fera plus que nous accorder le pardon. Elle nous « purifiera de toute injustice ». (Matthieu 26:28; Actes 2:38; Jean 1:9; 2:1, 2)

Quand Christ nous couvre de la robe de sa propre justice, il ne fournit pas un manteau pour le péché, mais il ôte le péché. Ceci montre que la rémission des péchés est quelque chose de plus qu'une simple formalité, quelque chose de plus qu'une simple écriture dans les livres de comptes du ciel, et en conséquence, le péché a été rayé. La rémission des péchés est une réalité... quelque chose qui, vitalement affecte l'individu. En réalité, elle le débarrasse de la culpabilité, et s'il est délivré de la culpabilité, s'il est justifié, rendu juste, il a certainement subi un changement radical.

Le pardon de Dieu n'est pas simplement un acte judiciaire par lequel Dieu nous rend libres de toute condamnation. Ce n'est pas seulement la rémission pour les péchés, mais la réforme (une délivrance) du péché.

Bonne Nouvelle : Un peuple peut réellement se préparer pour le retour de Christ

Il y a un véritable aspect de l'Adventisme contre lequel on s'est opposé au cours des années récentes, en général. La possibilité même qu'un peuple vainque tout péché pour pouvoir être prêt pour le retour de Christ a été tue, et même niée et ridiculisée. Elle a souvent été dénoncée comme l'hérésie du « perfectionnisme ».

Mais la Bible est claire : « La grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes. Elle nous enseigne à dire « Non » à l'impureté et aux passions mondaines, et à mener une vie droite, pieuse et de maîtrise de soi, au temps présent où nous attendons l'espérance bénie — la glorieuse apparition de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ qui se donna pour nous afin de nous délivrer de toute méchanceté et de purifier pour lui-même un peuple qui est à lui en propre, zélé pour faire le bien. L'apocalypse complète cette « bienheureuse espérance » en décrivant un peuple qui « suit l'Agneau partout où il va. Il est irrépréhensible ». (Tite 2:11-14; Apocalypse 14:4)

La Bible enseigne que ceux qui attendent « cette bienheureuse espérance » garderont les commandements de Dieu et la foi de Jésus » vraiment et non peut-être. (Apocalypse 14:12) Le message de 1888 ne mérite pas le ridicule. Ce glorieux résultat sera obtenu par la justice par la foi et non par un programme d'œuvres centré sur l'égo.

Dieu manifesté dans une chair de péché, est le mystère de Dieu, non pas manifesté dans une chair sans péché, mais dans une chair de péché... Dieu demeurera encore dans la chair de péché aujourd'hui de façon que malgré toute l'iniquité de la chair de péché, son influence, sa gloire, sa justice, son caractère, se manifesteront partout où cette personne ira. En Christ se montre le dessein du Père à notre sujet. Tout ce qui se réalisa en Christ devait montrer ce qui se réalisera en nous. Est-il exagéré, donc, de penser qu'une chair de péché telle que la nôtre, poussière et cendre indignes que nous sommes, est-il exagéré de penser que des gens tels que nous peuvent manifester la gloire de Dieu qui est réfractée à travers Jésus-Christ, la gloire de Dieu resplendissant sur le visage de Christ ? C'est notre rôle de fournir un lien pour que cette gloire y repose, et qu'elle puisse resplendir dans les magnifiques rayons réfléchis de la gloire de Dieu.

Cachée dans un texte obscur de la Bible, il y a la promesse d'une bonne nouvelle qui ne peut pas manquer de s'accomplir. « Jusqu'à deux mille trois cent jours; alors le sanctuaire sera purifié. » (Daniel 8:14) Amplifiée et complétée par le message d'Hébreux, cette prophétie décrit l'œuvre spéciale du Souverain Sacrificateur en ce jour cosmique des Expiations « au jour du septième ange, quand il commencera à sonner de la trompette ». (Apocalypse 10:7; Hébreux 8, 9, 10) Telle est l'œuvre qui débuta en 1844.

La « justice par la foi », luthérienne, calviniste, méthodiste, baptiste, pentecôtiste, ou toute autre non adventiste ne sait rien de la purification du sanctuaire céleste, rien d'un jour antitypique des Expiations. L'idée d'une préparation spéciale du cœur en vue du retour de Christ est vaguement ou pas du tout comprise.

Le message adventiste du septième jour, de 1888 révèle une solution victorieuse du « grand conflit entre Christ et Satan ». Le Seigneur trouve un peuple qui veut coopérer pleinement avec lui dans les derniers jours. La Bonne Nouvelle est que Christ, en tant que Souverain Sacrificateur céleste, purifie son sanctuaire. Ce n'est pas notre rôle de le faire. Notre rôle est de coopérer avec lui, de le laisser le faire et de cesser de l'en empêcher.