La grâce mise à l’épreuve

Chapitre 5

Si ce n'est pas une Bonne Nouvelle, cela ne peut être vrai

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Dieu aime les belles choses, et nous devons apprendre à les apprécier aussi. C'est une pitié de rester aveugle et sourd devant la beauté.

Nous pouvons être émus en appréciant la beauté de la création de Dieu; mais ne pouvons-nous pas l'être plus encore en appréciant la beauté de son message de salut? L'Évangile est-il un système abstrait de théologie impersonnel comme les mathématiques ou la chimie? Présente-t-il le processus du salut simplement comme une police d'assurance dans le domaine des affaires?

Le véritable Évangile est d'une beauté merveilleuse, un message qui capte le cœur humain plus profondément et plus définitivement que n'importe quel amour humain ne peut le faire. C'est la réponse du cœur qui motive un amour pour Christ plus fort que la mort.

Tout au long de son ministère, E. White essaya de faire réagir favorablement les Adventistes. Sa joie fut infinie quand elle entendit le message de 1888. Ce fut ce que d'après elle, elle avait « essayé de présenter » durant 45 ans.

Le message était la vérité directe de l'Évangile, mais elle semblait nouvelle et différente pour ceux qui l'entendaient. Il sembla choquant pour beaucoup de saisir que Jésus a dit qu'il y a une seule condition préalable au salut : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle. » (Jean 3:16) Donc notre rôle est de le croire (le mot grec pour croire et avoir foi est le même). Ainsi, Jésus enseigne clairement que le salut vient de la foi et puisqu'il n'ajouta rien d'autre, il voulut dire évidemment que le salut vient de la foi seule. N'est-il pas nécessaire d'observer les commandements, de donner la dîme et les offrandes, de garder le Sabbat, de faire de bonnes œuvres, à l'infini? Oui, mais on n'a pas le droit d'ajouter à Jean 3:16 des mots qu'il ne prononça pas.

Mais alors Jésus enseigne-t-il l'hérésie du « crois seulement » ? Non, il enseigna cette « foi qui œuvre » et qui produit l'obéissance à tous les commandements de Dieu. Cette foi rend le croyant « zélé pour les bonnes œuvres » si nombreuses qu'on ne peut les mesurer. (Tite 2:14) Dieu a déjà réalisé l'acte d'aimer et de donner. L'acte de croire vient de notre part, pour répondre à cette Bonne Nouvelle en nous abandonnant à lui, avec tous nos biens. Les œuvres à l'infini suivent une telle foi véritable aussi sûrement que la moisson suit les semailles.

C'est une faute tragique de supporter que le message de 1888 néglige les œuvres. La pure justice par la foi est le seul message qui peut produire autre chose que des « œuvres mortes ».

Notons-le bien : le Père ne prêta pas simplement Jésus, il le donna.

Humaine, il est aisé de supporter que Jésus fut prêté comme un missionnaire ou un diplomate qui passa 33 ans d'exil solitaire sur terre avant de retourner au ciel. L'agonie sur la croix ne dura que quelques heures et sa vie sur terre semble avoir été une mission comparativement courte. Mais cette idée n'est pas juste.

La réalité de ce sacrifice signifie infiniment plus que presque tous les chrétiens l'imaginent. Cette opinion rafraîchissante et plus vaste fut aperçue par les messagers de 1888 :

« Maintenant une question : Était-ce un don pour 33 ans seulement? Ou était-ce un sacrifice éternel ? C'était pour toute l'éternité. Il a notre nature pour toujours. Tel est le sacrifice qui conquiert le cœur des hommes. Tout l'amour de Dieu. Que l'homme le croit ou non, cet amour possède une puissance qui subjugue et le cœur doit demeurer en silence devant ce fait terrible. Depuis que ce fait béni s'imposa à moi que le sacrifice de Christ est un sacrifice éternel et tout pour moi, cette pensée ne m'a presque pas quitté. Je marcherai avec prudence devant Dieu toute ma vie. »

Croire donc signifie se laisser émouvoir par l'amour infini de Dieu, au point de s'oublier avec ses désirs mesquins et ses ambitions et de laisser cet amour motiver un dévouement jugé impossible jusqu'ici. La justice ne vient pas par la foi et les œuvres; elle vient par une « foi qui agit ». (Galates 5:6)

Mais il y a un problème : Comment apprendre à apprécier cet amour, pour que cette foi puissante puisse commencer à œuvrer en nous?

Pourquoi ce message de la croix est-il puissant?

Pour répondre, il faut comprendre la nature du sacrifice de Christ sur la croix. Paul se glorifie de la croix car sa réalité résout un problème que les psychiatres ne peuvent pas résoudre : le problème du plus profond intérêt centré sur le moi. « J'ai été crucifié avec Christ » dit-il. (Galates 2:20) Le mot grec est égo. Paul ne parle pas d'une discipline personnelle rigide. Il vit une puissance dynamique dans la croix que beaucoup n'avaient jamais vue, ce qui fait que nous ne pouvons que rester centrés sur notre moi et tièdes dans la piété.

Qu'est-ce qui est si spéciale dans la mort que Jésus endura pour nous? Des millions de gens sont morts, et beaucoup ont souffert physiquement une agonie plus longue qu'il ne l'a fait. La différence se trouve-t-elle seulement dans la personne? Jésus sur terre était divin (alors que nous mourons en tant qu'hommes) et sa mort a assez de prix pour satisfaire les exigences de la loi. Mais ce concept vrai et légal ne fait pas justice à la croix de Christ.

Quand il s'humilia « jusqu'à la mort même de la croix », il endura ce que Paul appelle la « malédiction de la loi, étant devenu une malédiction pour nous », (car « maudit celui qui est pendu au bois »). L'apôtre cite Moïse qui dit que tout criminel condamné à mort sur un bois est automatiquement « maudit de Dieu ». Dieu a fermé sur lui la porte du ciel et refusé d'entendre ses prières pour être pardonné. (Philippiens 2:5-8; Galates 3:13; Deutéronome 21:22-23)

Le spectateur « pieux » d'une crucifixion doit montrer qu'il est d'accord avec le jugement de Dieu contre le crucifié et doit le maudire aussi, et faire tout ce qu'il peut pour augmenter son tourment. Quand Christ pendait sur sa croix, c'est ainsi que le peuple le considéra. C'était son devoir de l'insulter. Il ressentit cette « malédiction » et elle le tua.

La Bible parle de deux différentes sortes de mort et l'on doit comprendre laquelle Jésus a subi. Ce que l'on appelle la mort, la Bible l'appelle « sommeil », mais la vraie mort s'appelle « la seconde mort » (Thessaloniciens 4:13-15; Apocalypse 2:11; 20:14) C'est la mort où l'on ne voit pas un rayon d'espoir car l'on se sent complètement abandonné de Dieu, car l'on éprouve un désespoir horrible et total, et la douleur inexprimable de la condamnation divine au-delà de laquelle on ne peut attendre ni justification, ni résurrection, ni lumière au-delà d'un tunnel sans fin.

Dans cette mort, on ressent tout le poids de la faute du péché, et le feu de la condamnation de soi, et de l'horreur totale brûler dans chaque cellule du corps. Une telle mort est la « malédiction » indiquée par Moïse. Depuis la création personne n'a encore subi cette seconde mort, ni souffert de la pleine prise de conscience de l'abandon complet par Dieu - personne si ce n'est Jésus. Il a été « fait une malédiction pour nous ». Il a connu nos sentiments de désespoir et de dépression.

Aucun homme perdu ne peut souffrir toute cette expérience terrible tant que le Grand Prêtre céleste continue à agir en tant que Substitut de l'humanité, car « il est la propitiation... pour les péchés du monde entier » (1 Jean 2:2).

Dieu a donné aux Adventistes du 7ème jour une connaissance unique de la nature de la mort de Christ. En relisant trois œuvres de savants évangéliques sur la nature d'agapè, je fus frappé par le fait qu'aucun d'eux ne voit ce qu'E. White et les messagers de 1888 virent en considérant la croix :

« Le Sauveur ne pouvait voir au-delà des portes de la tombe. L'espoir ne lui présenta pas sa sortie du sépulcre en conquérant et ne lui dit pas que le Père acceptait son sacrifice. Christ connu l'angoisse que le pécheur éprouvera quand la miséricorde ne plaidera plus en faveur de la race coupable. »

Dans Éphésiens 3:14-19, on peut essayer de mesurer l'amour avec ses dimensions révélées à la croix :

a) Paul ne considère pas la question de faire ceci ou cela, mais le pire pour que nous puissions comprendre quelque chose. Il sait que si nous saisissons ce que la croix signifie, une nouvelle motivation animera notre cœur et toute activité juste se produira alors sûrement. Le sacrifice deviendra un délice.

b) Pour que le Christ demeure dans notre cœur par la foi, il faut que nous soyons « enracinés et fondés dans l'amour (agapè) ». C'est une autre façon de définir la foi comme une appréciation de cet amour de Jésus dans notre cœur.

c) Cet amour est aussi haut que le ciel, aussi profond que les enfers, aussi vaste que l'humanité, aussi large que les besoins de notre cœur.

d) Il est possible pour nous maintenant de savoir « par la foi » ce qui « surpasse la connaissance ». N'attendez pas l'éternité pour apprendre à connaître et à apprécier la croix! Sans déjà forcer l'esprit et le cœur à la « comprendre », on ne peut même pas commencer à entrer dans la vie éternelle qui n'est pas une orgie matérialiste; elle débute maintenant par une nouvelle connaissance spirituelle. Notre cœur humain est si petit - il a besoin de se tendre et de s'agrandir, selon la prière de David. « Je courrai sur la voie de tes commandements, car tu libéreras mon cœur ». (Psaumes 119:32)

L'apôtre Paul prie pour nous afin que nous puissions, avec « tous les saints » comprendre cette réalité précieuse. Une partie de la réponse à la prière de Paul fut la venue du message de 1888 pour l'Église des Adventistes du 7ème jour. Il résout le problème universel au sujet de notre amour pour notre « égo ».

Pourquoi cette vérité n'a-t-elle pas été comprise comme elle le mérite?

Satan sait que si l'humanité peut apprécier tout l'amour révélé à la croix, elle sera « remplie jusqu'à la plénitude de Dieu » comme Paul le dit selon sa prière (Éphésiens 3:10). Aussi l'ennemi veut éclipser et ternir cet amour. Ceci a été l'œuvre principale de la « petite corne » de Daniel 7 et 8 et de la « Bête » d'Apocalypse 13:1-8. (Daniel 8:9-13; 7:25; Apocalypse 13:1-8) Longtemps avant que le sabbat soit déplacé du 7ème au 1er jour, la puissance apostate chercha à comprendre cette idée véritable qui est essentielle pour la justice par la foi.

Peut-être la méthode qui réussit le mieux a-t-elle été pour la Bête d'inventer la doctrine de l'immortalité naturelle de l'âme. Cette idée vient du paganisme et la chrétienté apostate l'a adoptée. Cette erreur a eu un effet dévastateur sur la justice par la foi car elle la paralyse. La tiédeur moderne qui envahit l'Église mondiale vient de l'acceptation d'idées populaires sur l'évangile qui se rattachent à cette fausse doctrine. Quelques exceptions confirment la règle.

Si l'âme est naturellement immortelle, Christ n'a pas pu subir l'équivalent de « la 2ème mort ». Son sacrifice est automatiquement réduit à quelques heures de souffrance physique et mentale, alors qu'il fut soutenu par l'espoir. Ainsi la doctrine pagano-papale rapetisse l'amour infini de Christ. Elle réduit son agapè aux dimensions d'un amour humain qui est motivé par l'intérêt pour le moi et l'espoir de récompense.

Le résultat est une dilution de la foi et une recherche égocentrique de la sécurité la plus haute motivation possible demeure de même centrée sur l'égo. Toutes les religions païennes sont centrées sur le moi dans leur appel. Presque toutes les Églises chrétiennes acceptent cette doctrine pagano-papale de l'immortalité naturelle. Malgré leur grande sincérité, tant que les esprits sont ainsi aveuglés, ils ne peuvent pas apprécier les dimensions de l'amour révélé à la croix, et en conséquence ne peuvent pas connaître la vraie justice par la foi de l'Évangile. La conséquence doit être une tiédeur croissante, un orgueil spirituel, une satisfaction personnelle et une dépendance de l'habitude de tout centrer sur l'égo. La peur se cache toujours sous la surface.

Luther comprit que cette dynamique de la foi était une appréciation émanant du cœur, de l'agapè aussi bien qu'il le put en son temps, cependant il ne réussit pas à saisir comme il faut ses dimensions exactes. Après sa mort, ses disciples retournèrent vite au concept pagano-papal de l'immortalité naturelle. La plupart des idées protestantes de la justification par la foi sont conditionnées par ce concept. Quelques exceptions individuelles confirment ce fait.

Notre message de 1888 commença à couper les liens qui nous liaient aux vues protestantes en faillite pour redécouvrir ce que Paul et les apôtres virent. Ce qui rendit possible cette percée fut l'idée unique de la purification du sanctuaire céleste.

Comment le message de 1888 constitua une inhabituelle Bonne Nouvelle

Quand Jésus mourut sur la croix, créa-t-il simplement un système provisionnel pour que quelque chose puisse se faire pour nous si premièrement nous faisions notre part ? Ou bien Christ fit-il réellement quelque chose pour « tous les hommes » ?

La Bible nous assure qu'il « est la propitiation pour nos péchés et non seulement pour nos péchés, mais aussi pour ceux du monde entier ». De même que « tous ont péchés », de même tous sont « justifiés librement par sa grâce ». « Dieu était en Christ réconciliant le monde avec lui-même, n'imputant pas leurs péchés aux hommes ». Jésus vint afin qu'il « puisse subir la mort pour chaque homme ». Grâce à son « acte de justice, le don gratuit fut accordé à tous les hommes, entraînant la justification pour la vie ». (1 Jean 2:2; Romains 3:23,24; 2 Corinthiens 5:19; Hébreux 2:9; Romains 5:18)

L'idée commune est que le sacrifice de Christ est seulement provisionnel, qu'il ne fait rien pour quiconque n'a pas d'abord fait le premier pas et « accepté Christ ». Jésus se tient à l'écart, ses bras divins croisés, et ne fait rien pour le pécheur jusqu'à ce qu'il décide d'« accepter »; le salut serait un processus céleste qui reste inactif jusqu'à ce que nous prenions l'initiative. Il a été mis en place et ne fait rien pour nous jusqu'à ce que d'abord nous agissions.

En contraste, le message de 1888 comprend les textes cités : a) Christ subit « la mort (la seconde mort) pour tous les hommes ». b) Comme « tous ont péché », de même « tous » sont « justifiés gratuitement pas sa grâce ». C'est une justification légale, comme nous le verrons vite. c) En vertu du sacrifice de Christ, Dieu « n'impute pas leurs péchés » aux hommes. Il les impute plutôt à Christ. C'est pourquoi aucune âme perdue ne peut subir la seconde mort qu'après le jugement final, qui ne peut arriver qu'après la seconde résurrection. C'est pourquoi nous pouvons tous vivre même maintenant. Jésus rachète notre vie même. d) Le monde entier a été racheté, et si seulement il le sait et le croit.

E. White est d'accord. Tous doivent leur vie physique, et tout ce qu'ils ont ou sont à celui qui « mourut pour nous » :

À la mort de Christ nous devons même notre vie terrestre... Jamais personne, saint ni pécheur, ne mange son pain quotidien sans être nourri par le corps et le sang de Christ. La croix du calvaire est inscrite sur chaque pain. Elle est réfléchie dans toutes les sources.

Quand le pécheur voit cette vérité et que son cœur apprécie cette réalité, il est justifié par la foi. Ceci est par conséquent beaucoup plus qu'une déclaration légale d'acquittement qui fut faite à la croix à l'égard de tous les hommes. La justification par la foi s'accompagne d'un changement de cœur. C'est la même chose que le pardon. Le mot grec de pardon signifie « enlèvement » du péché hors du cœur.

Autrement dit, le croyant qui manifeste sa foi devient intérieurement et extérieurement obéissant à tous les commandements de Dieu. Une telle foi, si l'on ne la gêne, ni ne la falsifie avec les erreurs de Babylone, croîtra pour être si mûre et forte qu'elle préparera un peuple pour le retour de Christ. C'est le message en vérité du 3ème ange.

Tous ne seront pas sauvés. Mais la raison n'est pas seulement que les perdus n'ont pas été assez prompts à prendre l'initiative. Ils auront réellement résisté, et rejeté le salut déjà « gratuitement » offert en Christ. Dieu a pris l'initiative de sauver « tous les hommes » mais ils ont le pouvoir, la liberté de volonté, pour contrecarrer et rejeter ce que Christ a déjà accompli pour eux et réellement placé entre leurs mains. Nous pouvons chérir notre éloignement de Jésus et notre haine de sa justice au point de fermer la porte du ciel devant nous. Selon les idées de 1888, ceux qui sont sauvés finalement sont sauvés grâce à l'initiative de Dieu. Ceux qui sont perdus le sont à cause de leur propre initiative :

La foi en Christ doit procurer la justice de Dieu, car la possession de cette foi est la possession du Seigneur lui-même. Cette foi est donnée à tout homme, de même que Christ s'est donné lui-même à tout homme. Demandez-vous ce qui alors peut empêcher tout homme d'être sauvé? La réponse est rien, si ce n'est le fait que tous les hommes ne garderont pas la foi. Si tous gardaient tout ce que Dieu leur donne, tous seraient sauvés.

Il n'y a pas la moindre raison pour que tout homme qui n’ait jamais vécu ne soit pas sauvé pour la vie éternelle, si ce n'est qu'il ne voudra pas la recevoir. Tant de personnes repoussent avec mépris le don offert si librement.

Selon Jésus, le seul péché pour lequel quiconque peut être perdu est celui de ne pas apprécier à sa juste valeur, ni de recevoir sa grâce. Voici ce qu'est l'incrédulité — recevoir sa grâce en vain. « Celui qui ne croit pas est condamné... Et voici la condamnation, à savoir que la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont aimé les ténèbres plutôt que la lumière ». (Jean 3:17-19)

Comment se peut-il que la croix soit « inscrite sur chaque pain » et que même les pécheurs incroyants jouissent de la vie à cause du sacrifice de Christ? Comme agneau de Dieu « immolé dès la fondation du monde », Il a vraiment « mis la vie... en évidence par l'Évangile ». (Apocalypse 13:8; 2 Timothée 1:10) La race humaine était si dégénérée du temps de l'empire romain que l'humanité se serait finalement détruite si Christ n'était pas venu quand il le fit « dans la plénitude des temps ».

La vie de tous a été acquise par celui sur qui est retombé « le châtiment qui nous donne la paix et les meurtrissures par lesquelles nous sommes guéris ». (Ésaïe 53:5) À « tous les hommes » Christ a procuré « la vie ». À ceux qui croient et apprécient la croix, il a aussi apporté « l'immortalité ».

Paul se réjouit à cause de l'œuvre grandiose accomplie par Christ sur sa croix. « Comme par l'offense d'un seul homme le jugement a atteint tous les hommes, entraînant la condamnation, de même par l'acte de justice d'un seul homme, le don gratuit a été fait à tous les hommes, entraînant la justification qui donne la vie. » (Romains 5:18) Cette affirmation inspirée a été interprétée de 4 façons :

a) L'opinion calviniste suppose que Paul n’ait pas dit cela tout à fait bien — « le don gratuit... qui procure la justification pour la vie » n'a profité qu'aux élus et non « à tous les hommes ». Ou bien les non élus sont si peu importants qu'ils ne sont pas inclus dans « tous les hommes ».

b) L'opinion universaliste admet que « tous les hommes » doivent être sauvés finalement. Mais on verra qu'ils se trompent aussi.

c) L'opinion adventiste populaire indique aussi que Paul n'a pas dit cela tout à fait bien. « Le don gratuit... qui procure la justification pour la vie » n'a pas profité réellement à « tous les hommes ». Christ a seulement fourni un système provisionnel de sorte que tout cela puisse se produire si, mais pas avant que les hommes fassent quelque chose de juste d'abord. À moins qu'ils actionnent le mécanisme céleste, rien ne se passe. On croit généralement à cette idée, car elle paraît raisonnable. Elle explique superficiellement pourquoi tant de gens seront perdus — ils n'ont pas pris la bonne initiative. Mais cette opinion s'oppose à ce que dit Paul.

d) L'opinion du message de 1888 accepte qu'il a dit cela avec exactitude, Christ « le dernier Adam » a annulé tout le mal que fit le premier Adam. Autant « tous les hommes » furent condamnés à cause du péché d'Adam, autant « tous les hommes » ont été légalement justifiés par le sacrifice de Christ. Il a déjà subi la mort pour « tout homme ». Il est la propitiation pour les péchés « du monde entier ». Personne ne pourrait encore respirer si ses péchés n'avaient déjà été imputés à Christ, car personne, saint ou pécheurs, ne pourrait supporter toute sa propre culpabilité un instant et vivre encore.

Waggoner considère l'Évangile comme une glorieuse Bonne Nouvelle. Christ fit davantage que de fournir un simple système provisionnel en vue d'un salut possible qui devient réel seulement si nous réussissons à faire toute chose juste.

Comme la condamnation a atteint tout le monde, de même la justification atteint tout le monde. Christ a subi la mort pour tous, il s'est donné pour tous et à tous. Le don gratuit est offert à tous, sans exception, puisqu'il est gratuit. C'est un fait donc clairement établi par la Bible que le don de la justice et de la vie de Christ est offert à tout homme sur la terre.

À la lumière de la croix, même « négliger un si grand salut » c'est le rejeter. C'est l'incrédulité. Ainsi, la personne perdue se condamne devant l'univers et se disqualifie pour la vie éternelle. Elle s'exclut elle-même du ciel.

La vraie Bonne Nouvelle est bien meilleure qu'on ne l'a pensé. Selon le « précieux » message de 1888, notre salut ne dépend pas de notre initiative : il dépend de notre foi en l'initiative que Dieu a prise pour nous sauver. Il ne dépend pas de nous qui devons-nous accrocher à la main de Dieu, il dépend de notre foi dans le fait que Dieu tient très fort notre main. Il n'y a pas de parabole qui dise qu'une brebis perdue doive trouver son chemin vers la bergerie; mais il y en a une d'un Bon Berger qui recherche sa brebis perdue. Les païens jadis étaient scandalisés par l'enseignement des apôtres disant que Dieu n'attend pas que l'homme le cherche, mais qu'il est déjà en train de chercher l'homme. (Luc 15:3-10; 19:10; Jean 4:23; Romains 10:6-8; 10-13) La femme n'attendit pas que sa pièce d'argent revienne, elle la chercha jusqu'à ce qu'elle la trouve. Le fils prodigue revint à la maison seulement parce qu'il se rappela et fut attiré par l'amour du père. L'initiative fut toujours le fait du père et le fils ne fit qu'y répondre favorablement.

La Bible enseigne que ce n'est pas notre rôle de faire naître une « relation » avec Christ, car c’est lui qui a commencé cette relation avec nous. Notre rôle est d'y croire, de la chérir et d'y attacher du prix. Beaucoup d'enseignement qui professe être la justification par la foi est en réalité un subtil programme d'œuvres qui encourage la tiédeur, car son fondement est la préoccupation du moi. Il est douteux que la sagesse humaine puisse inventer une justification par la foi plus proche de la Bible que celle qu'E. White décrivit comme la plus précieuse que le Seigneur nous envoya « dans sa grande miséricorde ».

Il n'est pas non plus strictement vrai de dire que notre salut dépend de la continuation de notre relation avec le Seigneur. Le Bon Berger continue à chercher sa brebis « jusqu'à ce qu'il la trouve ». (Luc 15:4) Autrement dit, il veut que nous soyons sauvé plus que nous ne voulons être sauvés. Il ne se fatigue ni ne se décourage comme nous le faisons à cause de notre incrédulité.

Notre salut dépend du fait que nous croyions qu'il nous aime tant qu'il maintiendra cette relation à moins que nous le repoussions. Cessons de résister aux directives et aux suggestions du Saint-Esprit. Son rôle est celui de l'Époux, son peuple devient l'Épouse. Son dévouement est toujours une réponse à son amour entreprenant, initial et constant. Autrement dit, pour parler très simplement, le salut dépend de la foi. Notre rôle n'est pas de chercher Jésus comme s'il se cachait, mais de reconnaître qu'il nous a trouvés grâce « à la parole de la foi que nous prêchons ». (Romains 10:6-8) On ne peut que dire « Merci » quand on saisit que le Bon Berger nous a sauvés des horreurs de l'enfer ici-bas et de la deuxième mort finale.

Quand nous posons la question : « que dois-je faire pour être sauvé » ?, la réponse n'est pas : fais ceci ou fait cela, lève-toi plus tôt, étudie et prie plus fort, témoigne plus, sacrifie-toi plus, réalise plus d'objectifs, maîtrise plus de techniques, va à plus de séminaires. La vraie réponse est : « Crois au Seigneur Jésus-Christ et tu seras sauvé avec les tiens ». (Actes 16:30,31) La Bible n'enseigne pas une hérésie. La clef de nos difficultés est de comprendre ce que signifie « croire ». « Babylone » ne le sait pas. C'est folie de permettre à Satan de prendre possession de ce mot authentique « foi » par ses contrefaçons de sorte que nous nous détournions de la vraie justification par la foi et revenions à un subtil programme d'œuvres.

Les gens ont toujours des problèmes concernant la Bonne Nouvelle

La Bible ne nous dit-elle pas que c'est notre rôle de « chercher le Seigneur » ? Les textes « Chercher le Seigneur » de l'Ancien Testament contredisent-ils la parabole de Jésus, du Bon Berger nous cherchant?

C'est une faute de déformer des textes de l'Ancien Testament pour leur faire contredire les paroles claires de Jésus. C'était le péché des Juifs du passé. Jésus vint révéler une « grâce (qui) abondait beaucoup plus ». (Exode 21:24; Matthieu 5:38-42; Romains 5:20) Nous devons le comprendre, ou à jamais nous nous traînerons dans une forme subtile de légalisme, paralysant notre message au monde, de sorte que nous gagnerons seulement quelques-uns de ceux que nous pourrions gagner autrement.

Il n'y a rien dans l'Évangile qui implique que le Sauveur attend dans l'indifférence que la brebis perdue, en quelque sorte, cherche la voie du retour. Si cela était vrai, la brebis n'aurait-elle pas le droit de se vanter? Même les textes de l'Ancien Testament qui semblent donner cette impression ne le font que d'après le contexte. « Cherchez Dieu tandis qu'il est proche ». (Ésaïe 55:6) Le mot (darash) traduit « chercher » ne signifie pas essentiellement cherchez, mais « faites attention à », ou « conformez-vous » comme dans 1 Samuel 28:7. Le roi Saül demande à ses serviteurs de lui « chercher » ou de lui « trouver une femme qui soit un médium ». C'est le mot commun qui signifie « chercher ». Ce n'est pas « darash ». Puis il dit « pour que je puisse aller à elle et m'informer ». Là c'est « darash » qui est traduit par « chercher » dans Ésaïe 55:6. Ésaïe dit : Faites attention au Seigneur « tandis qu'il est proche ». Il insiste sur sa proximité, non pas sur son éloignement (grande distance). Il n'y a pas d'affirmation de la Bible révélant que Dieu attend dans l'indifférence que nous le réveillons d'une léthargie. Notre « recherche » est toujours présentée comme une « réponse » (réaction) du cœur à son initiative de nous chercher.

Le véritable Évangile offre une belle et forte raison de servir Christ. « Il mourut pour tous, de sorte que ceux qui vivent dès lors ne vivent pas pour eux-mêmes, mais pour celui qui mourut pour eux, et ressuscita. » (2 Corinthiens 5:14)

Les apôtres proclamèrent un message rafraîchissant et différent de beaucoup de ce qu'on appelle d'habitude « évangile » aujourd'hui. Leur appel primordial ne se basait pas sur l'espoir de récompense au ciel ou la peur de la perdition en enfer. La peur basée sur l'égo était détruite. Leurs auditeurs étaient « contraints » dès lors, sans pensée d'intérêt pour le moi, à consacrer tout ce qu'ils avaient à celui qui était mort pour eux. La langue originale implique que ceux qui ressentent l'amour agapè de Christ trouvent qu'il est impossible « dès lors » de continuer à vivre pour soi :

Ce n'est pas la peur de la punition ou l'espoir d'une récompense éternelle, qui conduit les disciples de Christ à le suivre. Ils considèrent l'amour unique du Sauveur, et la contemplation de Christ attire, adoucit et subjugue l'âme.

Le pur Évangile relancé par le message de 1888 procure une paix profonde qui augmente dans un cœur qui a été délivré de la peur dans le subconscient, nous couvrant de son ombre du berceau à la tombe.

Parfois des poussées de colère ou d'amertume font irruption des sombres profondeurs de notre moi inconnu, comme d'un volcan que nous croyions éteint, comme de la lave en fusion qui se déverse des profondeurs souterraines de nos feux émotionnels.

Souvent, ils ont couvé depuis notre enfance, oui, peut-être même depuis que nous avons été conçus, comme par exemple l'enfant qui réalise qu'il ou elle n'a été que le produit du plaisir et d'une grossesse non désirée. Est-ce qu'un fœtus peut d'une certaine manière partager l'amertume de sa mère enceinte? Après la naissance, l'enfant non souhaité peut se demander : « Où était Dieu quand cela est arrivé ? »

Ou bien encore cet enfant dont les parents ne réalisaient pas qu'ils détruisaient le sens d'un sain respect de soi-même de leur fille ou de leur garçon en exerçant sur lui un chantage affectif. Beaucoup parmi nous portent un grand poids de culpabilité qui provient des traumatismes de l'enfance qui ne sont pas du tout de notre faute. L'alcoolisme, l'usage de la drogue, la dépression, l'avilissement sexuel, l'homosexualité peuvent souvent provenir de l'enfance.

Il y a des traumatismes de rejet qui peuvent ravager notre vie d'adulte, comme un veuvage ou un divorce.

Or, l'Évangile nous apporte une bonne nouvelle : la justification par la foi! Elle nous donne la paix avec Dieu, comme si nous n'avions jamais péché et comme si personne n'avait jamais péché contre nous. Il nous rend capable de pardonner aux autres parce que nous sentons que leur culpabilité est aussi bien la nôtre. La justification par la foi est la guérison pratique pour les blessures du cœur sensible pénétrant plus profondément et produisant ensuite la sanctification. Et elle est donnée par un Souverain Sacrificateur qui est « touché par le sentiment de nos infirmités », de nos faiblesses. La meilleure traduction moderne de Souverain Sacrificateur est Divin Psychiatre. Il exerce vingt-quatre heures par jour, et pendant toute l'année sans s'arrêter; et il est si parfait dans son infinité qu'il nous accorde toute son attention. Nous pouvons avoir la certitude que nous sommes son unique patient.