La grâce mise à l’épreuve

Chapitre 2

Recherche de 1888 à l'intérieur de l'adventisme

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Les jeunes adventistes du 7ème jour, s'ils sont réfléchis, ne peuvent pas être indolents au sujet de leur religion. Si elle signifie quelque chose pour eux, leur dévouement sera total. Sinon, ils auront tendance à rejeter toute piété religieuse.

Dans d'autres Églises, les jeunes gardent souvent leur profession religieuse à cause de la vitesse acquise dans la tradition familiale. Le fait d'être membre d'église catholique ou protestante est respectable. Mais le jeune adventiste « traditionnel » vivant dans la société impie d'aujourd'hui a de la difficulté à faire face aux exigences uniques des règles de son Église. Les pressions de la vie dans un monde séculier sont assez dures, mais quand d'autres chrétiens aussi dénigrent leurs convictions adventistes, beaucoup de nos jeunes se demandent si être adventiste du 7ème jour mérite tous ces efforts.

Il y a trop d'ex-adventistes. Des estimations prudentes indiquent que l'Église est un lien vital avec plus de la moitié de notre jeunesse quand elle atteint 18 ans. Certains vont à la dérive sans couper formellement les ponts, mais un article de 1973 dans « Insight » révèle qu'environ 50% rejettent l'Église si résolument qu'ils coupent vraiment leurs relations avec elle. Dans le reste qui garde toujours un lien ténu avec l'Église, seuls quelques-uns semblent avides d'imiter le zèle des générations passées des missionnaires volontaires. Presque tous les conseils d'église peuvent observer directement combien cette hémorragie de la loyauté de nos jeunes est grave.

Une étude de Charles Martin, en 1963, révèle que seulement environ la moitié avouait que « les doctrines sont claires pour moi et je les crois. » Une étude de 1971 indiqua même une nouvelle « érosion » des convictions religieuses. En 1973, un échantillonnage similaire montra que le pourcentage était tombé à environ un tiers.

Un éducateur d'expérience, et bien informé, dit en 1978 : « Un courant significatif de jeunes adventistes tourne le dos aux valeurs qui nous sont si chères. » Presque tous les adultes réfléchis s'inquiètent des faux pas chez les membres adolescents. Le remords est courant. Il est habituel d'entendre des remarques telles que : « On dépense de fortes sommes pour évangéliser et faire entrer des convertis par la porte de devant, alors que nos jeunes sortent à flots par la porte de derrière ».

La solution habituelle et juste suggérée pour ces problèmes est que nous avons besoin d'envoyer davantage de nos jeunes dans les écoles adventistes. Mais on fit des statistiques sur les jeunes de nos écoles.

Un nouveau développement

De franches recherches sont même plus troublantes. Quatre articles de l'Adventist Review de Juin 1986, intitulés « To catch a star » révèlent que le problème est embarrassant pour nous. On voit des nombres inquiétants de jeunes adventistes entrer dans d'autres Églises. « Pas stimulants, pas positif, pas assez brand et pas en rapport avec la vie ». Voici les insuffisances spécifiques qu'ils voient dans l'Adventisme actuel. Aussi ils entrent dans les églises baptistes, presbytérienne, luthérienne, épiscopale et catholique, dit la série de Review de 1986. Ces ex-adventistes, jeunes, pensent que « l'aspect distinctif de la dénomination ... est moins important qu'une croyance générale en un Être suprême ».

Louons Dieu de ce que certains de nos jeunes sont contents de leur religion et expriment leur engagement total à l'égard de l'Église et de son message unique. Mais pour chacun d'eux, il y en a trois autres, ou plus qui se sont égarés depuis l'école primaire. L'Adventist Review (2-6-1988) dit nettement : « l'Église perd ses jeunes ».

Même parmi ceux qui restent dans l'Église, le dévouement et le sacrifice de soi ne sont pas communs. Les appels pour envoyer des professionnels expérimentés dans des champs difficiles n'obtiennent pas de réponses faciles. Ceux qui sont employés dans l'organisation de l'église professeront naturellement l'adventisme; d'autres peuvent garder leurs relations parce que la vie sociale tourne autour de l'Église. Mais cette présence physique dans l'Église peut souvent masquer un profond vide spirituel. Pour reproduire le dévouement dévorant des pionniers, nous avons besoin d'un aliment qui manque dans notre menu spirituel adventiste courant. Le problème n'est pas que notre jeunesse soit pire que celle des générations précédentes, il y a malnutrition spirituelle.

Les attitudes typiques de beaucoup indiquent qu'entre l'école et le collège, ils ont absorbé une déformation motivée par la peur du message du troisième ange, une telle peur ne les soutient pas quand la tentation vient. On juge qu'un plaisir présent en vaut deux dans l'avenir de la nouvelle terre, et la peur de perdre les joies de ce monde éclipse la peur de perdre le monde à venir. La peur de l'enfer et l'espoir d'une récompense au ciel doivent toujours échouer en tant que motivations efficaces.

Voici quelques remarques de nos jeunes. Il serait impossible de dire ceci s'ils comprenaient « l'Évangile éternel » du Nouveau Testament qui est le « message du troisième ange en vérité ».

« Terne, un obstacle. »
« Adventisme, juste un tas de fais et ne fais pas. »
« Je n'éprouve aucun intérêt à son égard. »
« Rien d'amusant le samedi avant le coucher du soleil. »
« Adventisme, ritualisme. »
« Des hauts et des bas émotionnels. »
Chez ceux qui essayent de tenir bon, il y a souvent une profonde frustration spirituelle. Les signes des temps indiquent comment la prophétie s'accomplit, et pour eux, cela signifie un avenir horrible. Ils se demandent comment ils pourront jamais être prêts pour le temps de détresse. C'est trop difficile d'être valable. Être un chrétien adventiste engagé dans une société moderne semble être une lutte à contre courant; peu de gens ont le courage de la supporter. Voici des remarques typiques citées par R. Dudley : « Je crois cela. Je le comprends, mais je ne veux pas savoir si je serai capable de rester debout pendant le temps de trouble qui vient ! Je suis effrayé par ce temps. »

Les jeunes ont des cauchemars au sujet du temps de détresse et du retour du Christ s'ils ne sont pas prêts.

« J'ai beaucoup à faire si je veux être sauvé. »

« Je désire pouvoir être vraiment bon, mais ce n'est pas toujours aisé. »

« Je veux servir Dieu, mais je trouve cela très dur. »

« Je ne pourrai pas vivre avec tous ces fais et ne fais pas, mais je crois devoir le faire si je veux aller au ciel. »

Les attitudes des jeunes sont souvent les attitudes réalistes et véritables sans les masques des adultes. Ceux-ci voient d'habitude leur propre degré de dévotion reflété dans leurs enfants.

La jeunesse n'est pas le seul problème

On s'inquiète du taux général d'érosion des effectifs de l'Église pour les jeunes et les adultes. En Amérique du Nord, de 1981 à 1985, il y eut un gain de 177 485, mais une perte de 27 980 par décès, et 71 519 par apostasie ou absence. La perte est de 56,1% des gains. Pour deux nouveaux membres, on en perd plus d'un. Le travail est plus que doublement difficile. Pourquoi, pour beaucoup, l'Adventisme « n'est-il pas passionnant », « pas positif », « pas en rapport avec la vie » ? Pourquoi plus on est prêt du retour du Christ, moins on est motivé pour cette bonne nouvelle ? Pourquoi ne peut-on pas saisir la vision de l'étoile qui brilla alors que les pionniers juvéniles créèrent l'Église adventiste du septième jour ? Il y a 2 déformations de l'Adventisme qui nous sont venues durant cent ans par la voie de notre histoire de la dénomination.

a) L'une est le culte de la conformité à des règles et à des principes extérieurs élevés, culte extrêmement rigide, autoritaire, en marche au pas. On entend qu'une vie de qualité supérieure est exigée sous peine de rejet au jugement investigatif. Les conservateurs par excellence sont souvent les premiers à citer de longs extraits des écrits d'E. White produisant dans l'esprit des jeunes une impression de force de marteau de forgeron. Ils découvrent que les autres Églises n'ont pas ce niveau élevé et sévère.

L'opinion presque générale de l'adventisme est « qu'il est virtuellement impossible d'obéir à la loi de Dieu, donc dur d'être sauvé et aisé d'être perdu »; il semble que Dieu ne se souciera pas si l'on échoue au grand Examen final. Il a joué son rôle il y a longtemps, et maintenant, c'est à chacun de jouer le sien pour s'en sortir. Pour beaucoup, voilà l'Évangile adventiste traditionnel. On pense souvent qu'on ne peut pas s'en sortir, que le fardeau est trop lourd. Que cette impression soit juste ou non, n'est pas notre sujet, voilà ce que nous avons permis que l'on apprenne, et c'est ce qui importe.

b) L'extrême contraire est devenu populaire, surtout dans les milieux adventistes de l'éducation, une attitude détendue de libéralisme du laisser-faire. Ceci atténue la nécessité ou même la fausse possibilité d'une véritable obéissance à la loi de Dieu. Il sait qu'il est impossible à n'importe qui de la garder bel et bien; donc il n'attend pas qu'on le fasse. « Essaie d'être bien si tu le peux, mais ce n'est pas facile : crois à sa douceur indulgente d'un grand-père. » D'occasionnelles défaillances dues à l'échec moral sont normales en chemin. Puisque Jésus est notre substitut, sa parfaite obéissance doit être toujours un substitut pour une obéissance mythique qui n'a jamais été possible. L'atmosphère plus détendue des Églises non adventistes depuis 1844 existe d'une façon continue, et les adventistes ont été assez naïfs d'être si stricts. Ainsi parle cet Évangile adventiste de remplacement.

Ces deux extrêmes sont thèse et antithèse, chacun protestant contre l'autre, ce qui crée la confusion dans les esprits et les coeurs. La philosophie traditionnelle conservatrice par excellence créé soit le ressentiment l'aliénation et la rébellion, ou l'orgueil si l'on imagine qu'on est à la hauteur. La philosophie libérale crée l'indifférence, car elle ridiculise les principes élevés traditionnels, et insiste sur l'idée que Dieu est trop bon pour condamner des chrétiens de profession qui voient qu'ils ne peuvent pas les respecter dans leur vie.

La jeunesse prise sur un terrain neutre de feux croisés

Pathétiquement, les conservateurs sincères semblent compétents pour citer « un témoignage inspiré » qui insiste sur la difficulté et la quasi impossibilité du chemin vers le ciel. Ces déclarations (hors du contexte bien sûr) peuvent être présentées de façon à donner l'impression que Dieu est un maître sévère qui distribue le contenu de son cours et laisse l'élève couler ou nager quand l'examen arrive. La jeunesse le dépeint montrant le sentier à pic du salut. « Tu veux aller au ciel ? Le chemin est rude, rocailleux, épineux. J'espère que tu réussiras. Beaucoup n'y arrivent pas. Je ne serai pas surpris si tu échoues. Si tu échoues, j'ai quelqu'un qui attend pour saisir ta couronne. » Beaucoup pensent qu'on ne regretterait pas leur absence au ciel. Pourquoi se tracasser pour faire des efforts ? Pourquoi perdre les deux mondes ?

L'hérésie opposée est un abandon inconscient, une espèce d'antinomianisme adventiste qui avec arrogance fait étalage de mondanité et de sensualité en face des avertissements divins. Mais aussi sûrement que le traditionalisme rigide fait sortir les gens de l'Église, de même cette « nouvelle théologie » les attire en dehors.

L'histoire de 1888 apporte une bonne nouvelle rafraîchissante, rappelant puisque « la malédiction sans cause n'arrivera pas » (Proverbes 26:2), que Dieu n'a jamais voulu que l'on perde nos jeunes. Le mal peut se corriger « avec une armée telle que celle de nos jeunes » quand ils sont informés et incités par le message en vérité du troisième ange, le monde peut en effet être éclairé de la gloire de l'Évangile.

Le long retard n'a pas été voulu de Dieu. Si l'on est malade, avec un mal peut-être fatal, apprendre ce qui l'a causé et comment guérir est possible; c'est une bonne nouvelle.

Notre malaise général de tiédeur de l'Église, notre légalisme et notre impuissance spirituelle ne sont pas inhérents à nos doctrines ni à l'identité de notre dénomination. Ils sont la conséquence du rejet du message de 1888 « dans une grande mesure ». La bonne nouvelle est qu'on peut faire quelque chose de positif à ce sujet.

Le fait de ne pas arriver durant cent ans à croire et à recevoir le message de 1888 de la justice de Christ, créa le vide dans lequel sont vite entrées ces deux hérésies du traditionalisme rigide, et du libéralisme relâché; les deux renient l'essentiel du message de 1888, et sont privés de ses éléments nutritifs uniques. Aucun des deux ne pourrait germer dans l'Église, ni sûrement fleurir, ni fructifier, si ce n'était la famine « en grande mesure » concernant ce « très précieux message » que Dieu nous envoya il y a cent ans. Les deux extrêmes peuvent lutter durant des décennies, aucun ne pourra gagner, et le flot des âmes rachetées sortant de l'église, coulera sans cesse.

Il est sidérant que notre jeunesse considère l'adventisme comme « pas enthousiasmant, pas positif, pas assez grand, et pas relié à la vie ». Le message de 1888 présenta un Christ intensément intéressant comme le vrai Chef de l'Église, enthousiasmant, assez grand et en rapport avec la vie. La Jeunesse de 1889 qui entendit ce message éprouva une sympathie et une communion totales avec Christ. Le problème est qu'il y a quelque chose que l'église et les jeunes n'ont pas vu. Ce n'est pas leur faute si la vision qui brilla si vivement avec le message de 1888, leur a été « dans une grande mesure » refusée. On ne peut blâmer des gens impuissants d'être affamés et mal nourris. Réprimander continuellement l'Église parce qu'elle est tiède, mondaine, léthargique, ne règle pas les problème. Il est temps pour nous d'entendre une bonne Nouvelle authentique qui fournit la motivation manquante qui agit. Le péché plus abondant a exigé une grâce beaucoup plus abondante.

La solution au problème

1- Il coupe le noeud gordien de la motivation centrée sur le moi qui produit la tiédeur de blasé qui inspire du dégoût à tant de jeunes. Il rétablit la motivation pure, biblique, selon laquelle le coeur apprécie l'amour de Christ révélé à la croix. Par la simplicité du message de la croix avec ses exigences et ses impératifs qui donnent de la force, il abolit la peur qui décourage les jeunes et l'ennui qui les lasse aujourd'hui.

2- Il révèle Dieu comme celui dont l'amour est actif et non passif. On vit en Christ le Bon Berger qui cherche ses brebis perdues plutôt que ce soit les brebis perdues réduites à chercher leur Berger. Le salut ne dépend pas du fait que je me cramponne à la main de Dieu, mais le fait que je crois qu'il se cramponne à ma main. D'une façon très pratique qui dépasse les discussions théologique subtiles, l'Évangile devint un message de salut par la foi seule, une foi qui agit, et non pas foi et oeuvres.

3 - Christ fut montré comme un Sauveur « à la portée de la main », pas « lointain ». Ceci était rafraîchissant et différent des idées communes des Évangéliques du moment. L'idée commune que Christ prit seulement la nature non déchue et sans péché d'Adam avant la chute fut présentée, comme un héritage du catholicisme. La vérité de son intimité dépassa de beaucoup une discussion théologique : c'était la « piété pratique » admirable. Comme on le verra au chapitre 8, le concept de la justice de Christ n'a pas de sens, privé de la vérité unique de 1888 que Christ a pris notre nature déchue et pécheresse.

4- La justification par la foi fut élevée au-dessus des subtilités doctrinales et devint un message vital et vibrant d'union avec Christ. La justice par la foi fournit la motivation qui permet au pécheur croyant et repentant de devenir obéissant joyeux à la loi de Dieu. Le dévouement à l'égard de Christ manifesté par les apôtres devient non seulement possible mais certain, si ce message est compris.

5- Les deux alliances, doctrine souvent considérée comme un sujet théologique ennuyeux, devint un message émouvant, d'un intérêt palpitant. Le concept de Jones et Waggoner clair comme le jour, atteint bien des coins obscurs de la compréhension.

6- La vérité unique qui fut la cause de l'existence adventiste du 7ème jour naquit aussi du message de 1888 comme les os secs ressuscités de la vision d'Ézéchiel — la vérité de la purification du sanctuaire céleste. Une image floue finalement se précise vivement en rapport avec la justice par la foi, en transformant l'expérience du croyant. Ceci fut considéré comme le coeur du message du troisième ange : la doctrine dépassa la théologie et devint de la piété pratique.

7- La plupart d'entre nous trouve qu'il est impossible de lire les 100 000 pages d'E. White. Mais un chant de J. G. Crabbe exprime une partie de l'émotion due au message de 1888 de la grâce plus abondante, en quelques lignes :

« Je chante l'amour de Christ, mon Sauveur
Qui souffrit sur le bois
Afin que dans le secret de sa présence,
Mon esclavage devienne liberté.
Il vient guérir le coeur brisé.
Il vient réjouir l'âme défaillante.
Il change mon deuil en un parfum de joie
et la cendre de mon malheur en une vie de bonheur.

» Je chante la beauté de l'Évangile
Qui répand non des épines, mais des fleurs,
Qui me dit de répandre des sourires et des rayons de soleil
Là où règne la solitude.
Il donne la robe de sa louange
À la place du sombre abattement de l'esprit,
Il me donne le soleil à la place des ténèbres
Et change la cendre de mon malheur en vie de bonheur. »
La jeunesse d'il y a cent ans qui eut le privilège d'entendre ce message fut captivée. La jeunesse d'aujourd'hui qui a l'occasion de l'entendre éprouve la même motivation phénoménale qui étreint son coeur. La peur mordante du temps de détresse créée par le traditionalisme fond parce que le message reprend l'attrait pour la signification profonde de la croix. Il parvient à reproduire l'Évangile mieux que le message des réformateurs du XVIe siècle, quelque merveilleux qu'il fût. D'autre part, les séductions de la sensualité, de l'appétit, de la richesse, l'amour des loisirs et du plaisir, l'égoïsme, les attraits de l'âge électronique perdent leur charme pour l'âme qui a reçu le message de la justice de Christ. Le fanatisme ne peut pas survivre dans sa lumière éclatante, ni la tiédeur du conservatisme.

Ce n'est pas que ceux qui croient à la bonne nouvelle soient plus rigoureux ni meilleurs que les autres. Ils ont simplement vu quelque chose que les autres n'ont pas vu. Explorons le contenu unique de ce message. La vérité de son histoire et de son contenu inspire l'espoir et le courage comme rien d'autre ne peut le faire.