La grâce mise à l’épreuve

Chapitre 1

1888 - Quand le ciel nous surprit non préparé

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1888 : Quelle force mystérieuse attire nos regards vers cette date vieille d'un siècle ? Pourquoi ne pouvons-nous pas nous en défaire et oublier ? Pourquoi rivalise-t-elle avec 1844 dans notre conscience ?

Pourquoi célébrer le centenaire d'une toute petite session de la Conférence Générale où il y eut moins de 90 délégués ? Pourquoi 1888 persuade les Adventistes du 7ème Jour, décennie après décennie, de considérer à nouveau sa signification ? Aucune autre session de la conférence Générale de notre histoire n'a obtenu autant d'attention.

Depuis cent ans cette réunion dans la modeste église de Minnéapolis en automne 1888 est le centre de convergence des projecteurs de l'intérêts de notre dénomination. À la session de la Conférence Générale de 1893, ce sujet suprême de discussion surgit au-dessus de tous les autres problèmes. La tension de l'excitation de Minnéapolis envahit la conférence.

Cette réunion constitue la toile de fond de la grande session de 1901, attirant fortement à nouveau l'intérêt des orateurs et des délégués. Jusqu'à sa mort, en 1915, E. White continua à plaider pour que l'on récupère l'expérience spirituelle qui, dit-elle souvent, nous échappa en 1888.

Durant les années 1920, cette réunion apparut souvent dans la conscience de l'Église, étant le sujet d'articles de la Review and Herald, d'études de semaines de prières et de réunions de pasteurs. On recueillit des récits de témoins oculaires, de vétérans âgés de la session de 1888.

Durant les années 1950, l'intérêt alla crescendo. À la conférence biblique de 1952, dans l'église de Sligo, on affirma que le message de 1888 était le sujet suprême de pratiquement tous les orateurs depuis le premier jour, ... spontanément.

Depuis, nous avons édité plus de 4000 pages de livres sur 1888 pour satisfaire la curiosité du monde adventiste concernant cette étrange conférence. Pourquoi l'histoire de 1888 surpasse-t-elle en intérêt celle de 1844 ?

Un mystère

Durant cent ans, Dieu lui-même qui a doté 1888 d'un intérêt mystérieux et fort maintiendra vivant par son Esprit, le souvenir de 1888 pour une raison capitale : 1888 est l'histoire d'une confrontation divine avec notre peuple.

Il y avait la menace d'une crise eschatologique surgissant par delà les ombres de cet évènement qui est une augure étrange. Il nous attire car nous sentons peut-être que la clef de la solution à notre tiédeur dans l'Église se trouverait là. Les interminables controverses, mêmes autour de l'histoire de 1888 sont fascinantes.

Les historiens adventistes ont décrit la conférence de 1888 comme « faisant époque... (se détachant) comme un pic montagneux » « la plus décisive de toutes nos conférences générales » « notable point de repère de l'histoire adventiste du 7ème jour... comme la traversée d'une frontière continentale pour entrer dans un pays nouveau » « un fait providentiel conçu pour amener le début d'une ère nouvelle » « un nouveau portrait de Christ dessiné par de nouveaux dessinateurs ». « Minnéapolis » et « 1888 » vont de paire dans notre histoire comme « mari et femme ».

Les délégués à cette session des dirigeants, inopinément furent face à face avec Christ sans être préparés. C'était en accord avec la prophétie. « Le Dieu que vous cherchez viendra soudain dans son temple. » (Malachie 4:1)

Bien sûr, ce ne fut pas une 2ème venue littérale; ce fut une apparition test. Jésus se révéla dans un message spécial et par des « messagers délégués » spéciaux. Il aime trop son peuple pour apparaître littéralement une 2ème fois avant qu'il soit prêt à l'accueillir. Il doit expérimenter une préparation spéciale du coeur pour supporter sa sainte présence. Avec pitié Jésus doit d'abord se révéler dans un message de sainteté. Sa réaction à ce message déterminerait ce que serait sa réaction s'il devait revenir littéralement.

Dans de nombreuses réactions nettes, E. G. White a révélé qu'un rare accomplissement de la prophétie survint à cette réunion sans prétention de 1888. La plupart des délégués ignoraient ce qui arrivait, comme le peuple de Bethlehem ignorait l'évènement de l'étable où Christ naquit.

Selon la vision prophétique d'E. White, Dieu vint en 1888, offrir une bénédiction unique depuis la Pentecôte. 1888 est le « début » de la pluie de l'arrière-saison.

La première pluie initiale du Saint-Esprit fit débuter la bonne nouvelle de l'Évangile. Selon E. White, 1888 marque le « début » de la pluie finale du même Saint-Esprit. Ainsi la Pentecôte et 1888 sont reliés par un dessein commun. Dieu voulait que la conférence de Minnéapolis fasse débuter la dernière phase de l'Évangile mondial décrit dans Apocalypse 18, éclairant la terre de la gloire du message du 4ème ange.

Comment un évènement aussi prodigieux pouvait-il avoir lieu dans une humble réunion de moins de cent pasteurs délégués ? Sûrement quelque chose d'une aussi grande portée qu'un complément de la Pentecôte méritait-il un début plus propice ? Pourquoi mérita-t-il un début plus propice ? Pourquoi Dieu n'attendit-il pas que nous ayons l'un de nos brillants panoramas sur une scène illuminée dans un vaste arène de cent mille places ? Une splendide session moderne de la Conférence Générale dans l'une des plus grandes cités du monde aurait offert au message de grand cri un départ splendide.

Pourquoi les circonstances de 1888 furent-elles humbles ?

Dieu ne pouvait pas attendre. Jésus tenait à revenir chercher son épouse. Son amour était réel. Il avait promis, concernant ceux qui verraient les premiers signes des derniers jours que « cette génération ne passera pas jusqu'à ce que toutes ces choses soient accomplies ». (Matthieu 24:34) Le temps était venu de l'achèvement glorieux de l'oeuvre de Dieu et il le désirait ardemment.

Les évènements mondiaux montraient comment l'agitation de l'esprit humain exigeait que le message de grâce final du ciel retentisse vite. Le Congrès des USA n'a jamais autant failli voter une loi nationale du dimanche qu'à l'époque de 1888 avec le Sénateur Blair et sa proposition de législation religieuse.

La fin était plus près en 1888 que beaucoup pensent qu'elle l'est aujourd'hui. Les 2 jeunes messagers qui présentèrent le message à la conférence de Minnéapolis, A.T. Jones et E.J. Waggoner, se sont aussi opposés à la législation religieuse intolérante que le Congrès et le Sénat des USA étaient sur le point de voter. Le clergé avait soif de maîtriser le gouvernement et de violer les principes du premier amendement en exigeant que le Congrès vote une loi du dimanche nationale.

Le Congrès ne fut jamais plus prêt à le faire qu'alors. Les USA doivent à ces humbles et obscurs Messagers de 1888 ce nouveau siècle de liberté religieuse, car une loi du dimanche violant la Constitution des USA aurait créé un flot de persécution et l'échec du rêve de liberté et de prospérité des USA.

Dieu a confié aux adventistes du 7ème jour son dernier message de grâce surabondante pour le monde, devant fournir le remède final pour le problème du péché si enraciné. Ce message doit produire un grand changement chez les croyants et ainsi prouver la valeur du sacrifice de Christ. Le « très précieux message » que Dieu nous envoya en 1888 ne fut pas une dénonciation tonitruante du péché qui abonde; il fut le message encourageant de la grâce qui surabonde.

Comment ce message est aisément incompris aujourd'hui

Il est aisé de penser que l'on comprend ce message quand, en réalité, on est embourbé dans un programme d'oeuvres personnelles qui est essentiellement légaliste, alors qu'il professe être la justice par la foi. On peut être obsédé par l'idée que « je dois faire ceci, je dois être plus fidèle, je dois être victorieux, je dois étudier plus, je dois prier plus, je dois témoigner davantage » à l'infini.

Comme il y a cent ans, beaucoup comme les juifs demandent : « Que ferons-nous pour pouvoir faire les oeuvres de Dieu ? » Ils n'écoutent pas la réponse divine : « Voici l'oeuvre de Dieu, c'est que vous croyez... » Il y a une peur latente du salut par la foi de crainte que notre programme d'oeuvres en souffre. La peur d'être perdu est le ressort fondamental, car on ne comprend pas la foi comme l'appréciation par le coeur de l'amour céleste qui bannit la peur. (1 Jean 4:17-19)

Mais une justice par la foi, déformée ne peut produire que la tiédeur, et la tiédeur répandue témoigne de cette déformation dominante.

La raison de la joie d'E. White devant le message de 1888 est qu'il révéla une foi qui agit. Pour la première fois depuis des siècles, ce message qui surpassait la peur et la bannissait vraiment, aurait permis d'achever le mandat évangélique, car il remplaçait les impératifs légalistes par les capacités de l'Évangile.

Dieu voulait que le dernier message aille triomphant dans le monde au moyen d'une révélation de Sa grâce contenue dans « le message du troisième ange en vérité », la justice par la foi. Il devait éclairer la terre de gloire avant les horreurs de la première et de la deuxième guerres mondiales, avant que les murs et les rideaux de fer empêchent des milliards d'êtres de l'entendre, et avant la désintégration tragique de l'édifice social qui a tant corrompu le monde occidental depuis cent ans. À cause des drogues, de la débauche et de la maladie, des foules aujourd'hui semblent incapables même d'entendre ni de comprendre « l'Évangile éternel », des derniers jours.

La deuxième raison de la soudaineté du choc de 1888 est que la façon de faire de Dieu nous surprend toujours. Il a un sens démesuré de l'humour. Son Messie est né à Bethléhem, dans une étable sale avec des animaux, et non dans le palais de César, ou au moins du grand prêtre. Rarement, ou jamais, une autre nouvelle intervention du ciel n'a été reconnue ni acclamée à son apparition. Les messagers de Dieu ont été souvent forcés de prophétiser revêtus d'un sac.

Notre histoire de 1888 est la même histoire générale, avec une innovation significative profonde : cette fois beaucoup de pasteurs et de dirigeants adventistes du septième jour s'unirent aux chefs de famille et aubergistes de Bethléhem pour dire à Jésus : « Pas de place ici ».

Selon E. White, qui discerna les motivations que d'autres ne purent pas percevoir facilement, la vérité étonnante est que nos frères firent pire. En méprisant les messagers spéciaux que Dieu envoya en 1888, E. White dit qu'ils rivalisèrent avec les chefs Juifs qui traitèrent honteusement Christ. Elle ajoute que la masse des délégués en fait insulta le Saint-Esprit. Incroyable !

Alors que les apôtres acceptèrent et accueillirent avec ardeur la première pluie du Saint-Esprit débutant à la Pentecôte, la plupart de nos chers frères ne furent pas heureux d'accueillir le début de la pluie de l'arrière-saison amenant le même Saint-Esprit.

Le ciel fut frappé d'étonnement

Ceci surprit les anges et déçut le Seigneur Jésus. Plus loin, on verra ce qu'E. White a à dire avec ses textes. Notons deux phénomènes complémentaires, mais contrastés, concernant 1888 :

a) le message de grâce présenté était unique dans sa pureté néo-testamentaire virginale, rétablissement de la vérité sans précédent depuis le temps des apôtres, message qui porta la Réforme du 16ème siècle plus haut que Luther et même les Wesley pouvaient prévoir.

b) La réaction de nos frères devant le message fut de même unique par la nature de l'opposition. Jamais auparavant les pasteurs et les dirigeants adventistes du 7ème jour n'avaient formé une phalange de résistance à la vérité. E. White dit à l'époque : « Nous avons connu la plus dure et la plus incompréhensible lutte guerrière que nous ayons jamais eue parmi notre peuple. Mon témoignage a fait une impression moindre sur beaucoup d'esprits qu'à n'importe quelle période antérieure de mon histoire. » « Je ne fus jamais plus alarmée qu'aujourd'hui. »

Certains disent que ceci importe peu, car aussi longtemps que le péché et Satan existeront, il devra y avoir conflit entre les ténèbres et la lumière, l'erreur et la vérité. Il est vrai que depuis son début, tôt au 19ème siècle, le mouvement adventiste a accompli la prophétie de l'Apocalypse, « le dragon fut irrité contre la femme, et alla faire la guerre au reste de sa postérité qui garde les commandements de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ. » (Apocalypse 12:17) Nos pionniers devaient rencontrer cette opposition de l'extérieur et de l'intérieur de l'Église. Ainsi, quoi de nouveau ?

Quelque chose de très significatif : l'opposition du dragon prit un nouveau tour à la Conférence de Minnéapolis car pasteurs et dirigeants pour la première fois se placèrent du mauvais côté.

C'est pourquoi l'histoire de 1888 est saisissante et grave. Comme l'ancienne Bethléhem qui était « petite parmi les milliers de Juda », l'Église adventiste du 7ème jour est une petite famille parmi les nombreux millions de membres d'Église chrétienne dans des centaines de dénominations. Il n'y a qu'une façon de comprendre pourquoi Dieu honore une humble réunion de dirigeants adventistes, en lui accordant le début de la pluie de l'arrière-saison, longtemps attendue, la « Pentecôte » finale. Ce n'est pas parce que cette Église est un peu plus digne que les autres. C'est l'histoire de l'ancien Israël. Dieu lui fut fidèle, non parce qu'il le méritait plus que les autres nations, mais à cause de son honneur mis en jeu par l'élection divine des descendants d'Abraham. Dieu est mêlé à une crise semblable aujourd'hui.

L'église adventiste du 7ème jour naquit pour accomplir la prophétie et ainsi a reçu un mandat divin spécial. Mais à cause de ce singulier honneur, Dieu a le droit de placer devant cette Église un appel solennel pour qu'elle s'acquitte de sa responsabilité, et de lui donner les grâces lui permettant de réussir dans sa vaste tâche mondiale. On voit ici la signification fondamentale de ce que Dieu fit en 1888.

Cette divine confrontation constitue une crise continue depuis maintenant cent ans. L'histoire de 1888 est étroitement liée au dernier message de Christ à l'ange de l'église de Laodicée, et donne sa valeur à sa signification présente. Avec une profonde révérence, on peut se demander si maintenant Christ peut être tenté de s'impatienter. Sûrement les anges attendent impatiemment; l'amour de Dieu pour un monde qui périt doit être plus fort que son acceptation de notre léthargie spirituelle.

Peut-on être sûr que Dieu se contente de laisser continuer beaucoup plus longtemps « les affaires comme d'habitude » ?